Jacques Robinet, Ce qui insiste

Par |2023-05-21T20:59:46+02:00 20 mai 2023|Catégories : Critiques, Jacques Robinet|

Dès le pre­mier poème de ce recueil, l’univers intime du poète s’offre aux lecteurs ; la com­mu­nion avec les élé­ments de la nature : l’arbre, l’oiseau, mais aus­si la nuit qui est une porte ouverte sur le monde des songes et un temps plus prop­ice aux prières. Ce poème en ouver­ture du recueil, est une réflex­ion sur la vie et la mort. La fig­ure d’un « Lazare ébloui » qui appa­raît dans le deux­ième poème est emblé­ma­tique de cette espérance voire de cette expéri­ence quand la vie tran­scende toute mort.

Pour Jacques Robi­net, la nuit n’est jamais obscure et le silence tou­jours habité par cette présence invis­i­ble qui habite sa vie et sa poésie.

En ce recueil aus­si, une réflex­ion sur la parole et la créa­tion poé­tique qui est verbe de vie. Le poète se con­fie à la feuille blanche et alors : «  le silence / se pré­pare à chanter », il sait se met­tre à l’écoute du moin­dre souf­fle, du moin­dre signe, il sait aus­si relever « les signes éparpil­lés » et rec­oller « les tes­sons de la cruche brisée. »
Jacques Robi­net se met à l’écoute de ce qu’il est de ce qu’il fut car «  rien ne s’égare » quand on a «  la cer­ti­tude d’avoir aimé », quand on sait avoir été « l’enfant/ qui con­fondait anges et lumière ( qui avait ) con­sen­ti aux caprices du ciel/ sans crain­dre ses outrances/ (avait) écouté sans (se) lasser/ les échanges du vent des arbres… ».

Alors…on peut le temps venu, le temps vécu, accepter «  sans trop de crainte d’entrer dans ton silence. », d’entrer ébloui dans le grand SILENCE.

Jacques Robi­net, ce qui insiste, Cahiers du Loup Bleu, Les Lieux-dits, 2022, 52 p., 7€.

La nuit est encore là
Nul oiseau ne chante

J’ouvre la fenêtre
laisse entr­er l’air frais
son par­fum d’arbres
sec­oués par le vent

C’est l’heure où les morts
plient bagage sans laisser
de traces sur la rosée

Le silence répand
ses prières et ses songes

Sur cette frange indécise
où tout s’inscrit
              où tout s’efface
la joie timide­ment s’invite

( p.5 )

Présentation de l’auteur

Jacques Robinet

Jacques Robi­net , né en 1937, vit à Paris. Il est psychanalyste.

Pub­li­ca­tions :  Veille le Silence (édi­tions St Ger­­main- des- Près, 1984 — épuisé)

En col­lab­o­ra­tion avec l’artiste pein­tre et graveur Renaud Alli­rand : Miroir d’om­bres (2000) et Traces (2013) —  Fron­tières de sable (2013) et Feux nomades (2015) ont été pub­liés par les Edi­tions la tête à l’en­vers à Méne­treuil ( 58330- Crux la Ville).

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Ghislaine Lejard

Ghis­laine Lejard a pub­lié plusieurs recueils de poésie, dernières paru­tions en 2015 : Si brève l’éclaircie (ed Hen­ry), en 2016 : Un mille à pas lents (ed La Porte), 2018 a col­laboré avec 25 textes au livre de Bruno Roti­val Silence et Partage (ed Medi­as­paul, 2019 Lam­beaux d’humanité en col­lab­o­ra­tion avec Pierre Rosin ( ed Zin­zo­line). . Ses poèmes sont présents dans des antholo­gies, dans de nom­breuses revues et sur des sites. Elle col­la­bore régulière­ment pour des notes de lec­ture ou des arti­cles à des revues papi­er et des revues numériques. Des plas­ti­ciens ont illus­tré de ses poèmes, des comé­di­ens les ont lus. Elle organ­ise des ren­con­tres poé­tiques. Elle a été élue mem­bre de l’Académie lit­téraire de Bre­tagne et des Pays de la Loire, en 2011. Elle est mem­bre de l’association des écrivains bre­tons ( AEB). Elle est aus­si plas­ti­ci­enne, elle réalise des col­lages. Elle a par­ticipé à des expo­si­tions col­lec­tives en France et à l’étranger et a réal­isé des expo­si­tions per­son­nelles. Ses col­lages illus­trent des recueils de poésie. Elle col­la­bore avec des poètes à la réal­i­sa­tion de livres d’artiste http://ghislainelejard.com/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Ghislaine_Lejard Elle ani­me des ate­liers de col­lage. Elle pra­tique l’art postal, a réal­isé à Nantes et en région nan­taise des expo­si­tions d’art postal ; elle a ini­tié le con­cept de « rich­es enveloppes », asso­ciant col­lage et poésie, de nom­breux poètes y ont déjà participé.
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