Jacques Robinet, Clartés du soir

Par |2024-03-06T16:31:47+01:00 6 mars 2024|Catégories : Critiques, Jacques Robinet|

La nuit, c’est la “mort” qui vient, c’est l’heure où “la lumière décline”, alors, il faut pro­mou­voir au mieux cette clarté, annon­ci­atrice du jour.

Le poète oeu­vre dans le feu de l’autre et du silence, à force d’im­ages qui puis­sent nier l’ex­il, l’ab­sence, la perte :

Une rose à la fenêtre
le gel au fond du coeur

Le chemin est un élé­ment impor­tant de la poé­tique de Robi­net : il inau­gure “l’ou­vert”, engrange “l’es­tu­aire”, afin que la parole cir­cule et vienne “le bleu du ciel”.

Les poèmes, assez brefs, cir­con­scrivent un domaine de réflex­ion : la présence de l’autre (ce “tu” obsé­dant), les impérat­ifs dressés à soi (“reviens , n’é­coute pas l’appel/ du vent”), les “traces” atten­dues, req­ui­s­es ou négligées.

Per­du sur mon chemin
j’ai tres­sail­li à ton approche

Jacques ROBINET, Clartés du soir, unic­ité, 2022, 15 euros. Cou­ver­ture de Renaud Allirand.

Un aller-retour désir / présence creuse les enjeux de cet intimisme brûlant : “la nuit respire/ ton silence”.

On com­prend l’in­ten­sité qui s’y joue et l’é­ton­nement méta­physique “d’être là”, encore, et tou­jours, en quête du beau, de l’im­pos­si­ble, de ce réel qui nous joue des tours.

“Rôdeur”, témoin des “noc­turnes”, le poète sait “où règne la nuit/se tisse la lumière”.

Lyrisme vivace, explo­rant les fins fonds de l’être : voilà où le poète nous mène, signe après signe, sans triche, énumérant les “pas­sages incer­tains”, “frot­tant les mots jusqu’à l’usure”.

Le lex­ique, ain­si, ressasse les mêmes voca­bles, dans une volon­té dense de tout dire de ce désir de “clartés”.

Un beau livre.

Présentation de l’auteur

Jacques Robinet

Jacques Robi­net , né en 1937, vit à Paris. Il est psychanalyste.

Pub­li­ca­tions :  Veille le Silence (édi­tions St Ger­­main- des- Près, 1984 — épuisé)

En col­lab­o­ra­tion avec l’artiste pein­tre et graveur Renaud Alli­rand : Miroir d’om­bres (2000) et Traces (2013) —  Fron­tières de sable (2013) et Feux nomades (2015) ont été pub­liés par les Edi­tions la tête à l’en­vers à Méne­treuil ( 58330- Crux la Ville).

Poèmes choi­sis

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Philippe Leuckx

Né à Havay en 1955. Etudes de let­tres romanes.
Mem­bre de l’As­so­ci­a­tion des Ecrivains belges.
Cri­tique dans plusieurs revues et blogs (Jour­nal des poètes, Fran­coph­o­nie vivante, Bleu d’en­cre, poez­ibao, Les Belles Phras­es, revue Tex­ture…)

Prix Emma-Mar­tin 2011.

Auteur d’une trentaine de livres et pla­que­ttes de poésie : Une ombreuse soli­tude, Comme une épaule d’om­bres, Le fraudeur de poèmes, Le fleuve et le cha­grin, Touché cœur, Une espèce de tour­ment ?, Rome rumeurs nomades, Selon le fleuve et la lumière, Un pié­ton à Barcelone, Rome à la place de ton nom, D’enfances…

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