Dix poètes et de larges extraits de leur œuvre, de belles notices biobibliographiques, un souffle, de modernité et de beauté : voilà l’ouvrage remarquable pour faire connaître la poésie hellène des dernières années.
Les textes parlent d’eux-mêmes, et la chronologie simplement facilite pour le lecteur béotien que je suis la découverte pas à pas d’un sous-continent européen en termes de culture et d’origines.
Kiki DIMOULA, doyenne du groupe, née en 1931 (chèvre, selon l’astrologie chinoise), est une poète que la collection Poésie /Gallimard a déjà publiée (« Le peu du monde »).
Mesures draconiennes
J’ai trois mères
l’une vit dans la vérité la plus noire
l’autre dans la photo en noir et blanc
et la troisième face à moi réfléchit
enfermée dans l’œil
glacial de mon miroir…
Michel VOLKOVITCH, Poètes grecs du 21e siècle, anthologie, Le miel des anges, volume 5, 2017. Textes choisis, traduits et présentés par l’auteur, 192p., 12€.
Màximos OSYROS, né en 1943 (autre chèvre), auteur de « La route de la soie », poèmes de l’ascèse, en quête de « lueurs » :
Chanson
Secoue le pollen de ton revers. Écoute la coquille de Diodote et le vin blanc. Baisse-toi vers le cuivre de la dorade. Tout ce que nous oublions nous tue.
Yorgos HOULIARAS, né en 1951, poète des mythes, avec la « tendresse pour les rêves »
Ulysse à la maison
Avec ma ruse connue de tous
j’ai laissé mon ombre sur les mers
et suis rentré tout de suite à Ithaque.
Pandelis BOUKALAS, né en 1957, traite de mort et d’amour, auteur de « Phrases » :
Prométhée
Jamais je n’ai beaucoup parlé
mais j’ai appris en temps voulu la langue du feu
quelle autre est plus directe
et brille en brûlant chaque chaîne
Je ne supporte pas tout ce vide en eux
Fabriquer des bonshommes ou plutôt des pantins
qui leur servent de jouets
foudroyer consumer submerger…
Thanassis HATZOPOULOS, né en 1961, analyse la Grèce « brûlante de l’actualité » :
Maisons de réfugiés I
Murs creusés par des balles
Trous non digérés par le temps
Crépis imprégnés de pluie
Temps qui n’ont pas vu le jour…
-
Trottoir
Ça empeste la pisse
Et l’angoisse du ciel parvient jusqu’ici
Réfractée dans les rues tortueuses
De toponymes…
Yeoryia TRIANDAFYLLIDOU, née en 1968, écrit entre douleur, humour et hommage à l’altérité. Elle a publié « Prêts à fonds perdus » (2016).
Ville amoureuse
III
Je veux unir ma destinée à celle d’un conducteur de bus. Non parce qu’il est devenu courant de tomber amoureux des maçons, des facteurs, des ferrailleurs, des marins, des vendeurs de billets de loterie, comme si l’amour s’était souvenu d’eux alors qu’avant ce qui évoquait l’amour c’était tout cela : la brique rouge, la salive sur l’enveloppe, le fer pointu, le bateau, le hasard…
Yorgos LILLIS, né en 1974, traite de solitude, d’homme comme « île », en fragments comme d’humbles appels :
Microcosme
Les arbres s’arrêtent pile au précipice.
Ils renferment l’endurance et la force
tels des phares naturels, ici, dans ce paysage aride…
-
Arlequin
Les étoiles peuvent tomber
sans que les pleure aucun cortège
un moineau peut mourir et les feuilles mortes
noter sur leurs pages vertes son absence…
Yorgos ALISANOGLOU, né en 1975, attentif à « l’immense rumeur du monde », signe « Aire de jeux » (2015) :
Guerre / Pest à Buda
Cette guerre a eu lieu
au bord d’une carte
les commandements
sans cesse plus confus
sans cesse plus menteurs
les embuscades en foule de la nuit
guettaient ta chute…
Haris PSARRAS, né en 1982, mêle mythes antiques et familiarité moderne, écrit « La gloire de l’insouciance » :
Nuit blanche
La neige a obstrué les routes cette nuit.
Elle a ses propres lois, la vie.
Nous les trouvons parfois cruelles
Et par moments justes et sages.
Elèni TZATZIMAKI, née en 1986, va d’elle au monde, en un questionnement censé éclairer la vie, auteur de « à qui appartient une histoire ? » (2015) :
A qui appartient une histoire ?
J’ai continué de frotter le sol plein de taches de pas.
Des pas dans la maison partout
De divers passants, vivants ou non…
De très belles découvertes, convenons-en.
Présentation de l’auteur
- Christine Guinard, Vous étiez un monde - 20 novembre 2024
- Mathias Lair, Quel est ce bonheur enfoui - 21 octobre 2024
- Cécile Guivarch, Si elles s’envolent - 6 septembre 2024
- Quatre revues poétiques - 7 juillet 2024
- Claudine Bohi, Un couteau dans la tête - 6 avril 2024
- Jacques Robinet, Clartés du soir - 6 mars 2024
- Georges Cathalo, Noms propres au singulier - 6 janvier 2024
- Philippe Longchamp, Dans la doublure - 21 décembre 2023
- Denis Emorine, Comme le vent dans les arbres - 6 décembre 2023
- Valérie Canat De Chizy, La langue des oiseaux - 20 octobre 2023
- Cécile Guivarch, Sa mémoire m’aime - 5 septembre 2023
- Danielle Fournier, Icis, je n’ai pas oublié le ciel - 6 juin 2023
- Denis Emorine, Foudroyer le soleil - 4 décembre 2022
- Angèle PAOLI, Marcher dans l’éphémère - 18 novembre 2022
- Amedeo Anelli, Vincent Motard-Avargues, Pierre Dhainaut - 21 octobre 2022
- Cécile OUMHANI, La ronde des nuages - 6 octobre 2022
- André Ughetto, Les Attractions inéluctables - 21 septembre 2022
- Anthologie de la poésie belge — 3 - 3 septembre 2022
- REVUE PHOENIX — NUMERO 35 - 6 juillet 2022
- Marianne van Hirtum, La vie fulgurante - 30 mai 2022
- Christophe Pineau-Thierry, Nos matins intérieurs - 20 mai 2022
- Anthologie de la poésie belge — 2 - 5 mai 2022
- Denis EMORINE, Vers l’est ou dans l’ornière du temps / Verso l’est o nel solco del tempo - 20 mars 2022
- Anthologie de la poésie belge — 1 - 6 mars 2022
- Sabine Péglion, Dans le vent de l’archipel - 28 décembre 2021
- Denis Emorine, Romance pour Olga - 21 décembre 2021
- Albertine BENEDETTO, Sous le signe des oiseaux - 19 octobre 2021
- Denis Emorine, Mots déserts, suite russe, Emmanuel Moses, Tout le monde est tout le temps en voyage - 6 septembre 2021
- Evelyne Deferr, Soudain sans retour - 5 juillet 2021
- REVUE PHOENIX — NUMERO 35 - 21 mai 2021
- Marie-Christine MASSET, L’oiseau rouge - 20 avril 2021
- La revue Mot à Maux - 21 février 2021
- Emmanuel Moses, Tout le monde est tout le temps en voyage - 6 février 2021
- Rémi Checchetto, Laissez-moi seul - 21 avril 2020
- Michel VOLKOVITCH, Poètes grecs du 21e siècle - 6 novembre 2019
- Anne-Lise Blanchard, épitomé du mort et du vif - 14 octobre 2019
- Michel Baglin, Un présent qui s’absente, Entre les lignes - 6 septembre 2019
- Autour de Jacques Vandenschrick, François Migeot, Anne Rothschild - 29 mars 2019
- Marc DUGARDIN, Notes sur le chantier de vivre - 6 avril 2018
- Yves Mabin Chennevière, Errance à l’os - 1 mars 2018
- Yves Mabin-Chenevière, Errance à l’os - 26 janvier 2018
- Véronique Wautier, Continuo - 26 janvier 2018
- PHOENIX 24, invité Titos PATRIKIOS - 2 septembre 2017
- Yves NAMUR, Les Lèvres et la soif - 21 avril 2017
- Marc DUGARDIN, Lettre en abyme - 21 mars 2017
- Etienne ORSINI, Répondre aux oiseaux - 17 février 2017
- Paolo UNIVERSO, Dans un lieu commun j’ai fini par te trouver, poésie - 25 janvier 2017
- Maurice CAREME, Sac au dos - 2 janvier 2017
- Quatre revues poétiques - 21 décembre 2016
- Trois poètes du divin – Bobin – Lemaire – Bocholier - 21 décembre 2016
- Christophe DAUPHIN, Un fanal pour le vivant - 30 novembre 2016
- Fil de lectures de Philippe Leuckx. Autour de Guillevic, Sesé et Damon. - 11 novembre 2015
- Fil de lecture de Philippe Leuckx : autour de Graveline, Zweig et Pasolini - 3 novembre 2015
- Guy ALLIX : “Le sang le soir” - 26 octobre 2015
- André Doms : “Entre-temps” - 14 octobre 2015
- François Bordes, Le logis des passants de peu de biens précédé de L’âge obscur - 14 juin 2015
- Georges Drano, Vent dominant - 23 mai 2015
- Monique Thomassettie, De Blancs Oiseaux boivent la Lumière - 17 avril 2015
- Christian Doumet, La donation du monde - 29 mars 2015
- Revue ARPA, n°110–111 - 1 février 2015
- Laurent Cennamo, Pierres que la mer a consumées - 8 octobre 2014
- Aksinia Mihaylova, Ciel à perdre - 22 septembre 2014
- L’épingle du jeu de Bruno Grégoire - 9 septembre 2014
- Mina Sünger, La trame de l’ordinaire - 25 août 2014
- Bashô, Seigneur ermite, L’intégrale des haïkus - 25 août 2014
- Les éperons d’Eden d’Alain Breton - 13 juin 2014
- Christophe Dauphin, Jean Rousselot, le poète qui n’a pas oublié d’être - 8 juin 2014