Cécile Guivarch, Sa mémoire m’aime

Par |2023-09-06T21:39:11+02:00 5 septembre 2023|Catégories : Cécile Guivarch, Critiques|

Le livre, de totale empathie, eût pu s’intituler « Le livre de ma mère » car ici respire l’hommage d’une fille à sa mère, dont l’attachement pré­cieux a subi, en fin de par­cours, le tra­vail sournois d’Alzheimer.




En petites pros­es toutes gon­flées d’une émo­tion retenue, non feinte, le livre s’écoule des rives de l’enfance aux bor­ds de la vieil­lesse de la mère, par­tie en 2021.

Avec la mère, c’est l’Espagne quit­tée – la Gal­ice, ce sont les fleurs que la mère aimait tant (elle avait le jardin le plus fleuri du vil­lage). Ce sont les ancêtres car une fois de plus Cécile par­le des siens, avant c’était son « abue­lo », sa grand-mère, ses par­ents émi­grés. Ce tis­sage famil­ial donne aux textes leur pesant d’authentique ferveur.

On plonge dans toutes ces années où fille et mère se sont tenu la main – geste depuis l’enfance. Et dire, redire cet attache­ment de tou­jours avec les mots de la dérive, des fins de par­cours ter­ri­bles, et Cécile d’évoquer le temps où les syl­labes se mélangeront, où les prénoms seront oubliés.

« J’écris ma mère » : elle écrit sa mémoire vive, sa mémoire décli­nante, son jardin, ses fleurs, sa langue (elle a appris le français), son tra­vail (« toute sa vie les mains dans l’eau »). Que de vive émo­tion à lire ces textes, qui s’adressent à toutes les mères.

Guiv­arch, une fois de plus, nous donne une leçon de vie, dans une prose poé­tique, avec ses mou­ve­ments courts, ses phras­es hale­tantes, le souf­fle d’une vie liée aux autres – à l’aune de ce que fut sa mère pour les autres.








Cécile GUIVARCH, Sa mémoire m’aime, Les Car­nets du Dessert de Lune, 2023, 92 p. ; 15 euros. Illus­tra­tions de Pas­cale Marbot.

Présentation de l’auteur

Cécile Guivarch

Fran­­co-espag­nole, Cécile Guiv­arch est née en 1976 près de Rouen et vit depuis 2003 à Nantes.

Elle ani­me le site terre à ciel.

Publications

  • Terre à ciels, les car­nets du dessert de lune, 2006
  • Planche en bois, Con­tre-Allées, 2007
  • Coups portés, Publie.net, 2009, réédi­tion en 2012
  • Te vis­ite le monde, Les car­nets du dessert de lune, 2009
  • La petite qu’ils dis­aient, Con­tre-Allées, 2011
  • Le cri des mères, La Porte, 2012
  • Du soleil dans les orteils, La Porte, 2013.
  • Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour, L’ar­bre à paroles, 2013
  • Vous êtes mes aïeux, Édi­tions Hen­ry, 2013
  • Le bruit des abeilles, La Porte, 2014 (avec Valérie Canat de Chizy)
  • Regarde comme elle est belle, édi­tions du Petit flou, 2014
  • S’il existe des fleurs, édi­tions L’Arbre à Paroles, 2015
  • Renée, en elle, édi­tions Hen­ry, 2015
  • Sans Abue­lo Petite, les car­nets du dessert de lune, 2017
     

En revue

N4728, Décharge, Con­tre-Allées, Ver­so

 

Cécile Guivarch

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Philippe Leuckx

Né à Havay en 1955. Etudes de let­tres romanes.
Mem­bre de l’As­so­ci­a­tion des Ecrivains belges.
Cri­tique dans plusieurs revues et blogs (Jour­nal des poètes, Fran­coph­o­nie vivante, Bleu d’en­cre, poez­ibao, Les Belles Phras­es, revue Tex­ture…)

Prix Emma-Mar­tin 2011.

Auteur d’une trentaine de livres et pla­que­ttes de poésie : Une ombreuse soli­tude, Comme une épaule d’om­bres, Le fraudeur de poèmes, Le fleuve et le cha­grin, Touché cœur, Une espèce de tour­ment ?, Rome rumeurs nomades, Selon le fleuve et la lumière, Un pié­ton à Barcelone, Rome à la place de ton nom, D’enfances…

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