Shizue Ogawa

 

Présen­ta­tion

par

Alice-Cather­ine Carls

 

 

            Shizue Ogawa est née en 1947 sur l’île d’Hokkaido au Japon. Elle est spé­cial­iste du poète roman­tique anglais John Keats, a enseigné la lit­téra­ture bri­tan­nique à l’université du Kan­sai et la cul­ture inter­na­tionale à l’université péd­a­gogique d’Osaka. Depuis de longues années, elle est l’invitée de fes­ti­vals inter­na­tionaux de poésie en Bel­gique, France, Cana­da et Fin­lande, et elle est une habituée fidèle du fes­ti­val inter­na­tion­al Ger­ard Man­ley Hop­kins en Irlande. Elle a pub­lié dix-sept recueils poé­tiques. Ses poèmes sont traduits en dix langues étrangères. En 1963, elle reçut le Grand Prix de l’Exposition Nationale Saku­ra pour ses œuvres d’art au cray­on pas­tel et, en 2011, le Prix Inter­na­tion­al de Poésie Anto­nio Vic­caro au Fes­ti­val des Trois Riv­ières au Québec.

 

            Shizue Ogawa écoute la rela­tion de l’eau, du vent et du feu à la terre, ses ani­maux, insectes, plantes et êtres humains. Cette rela­tion apporte sérénité, respect et douceur, un sens de la juste place de cha­cun ; cet équili­bre tire son pou­voir de la méta­physique Tendai, Zen, et Shin­to grâce à une écri­t­ure en con­tre­point. La tristesse féconde alterne avec la pléni­tude exul­tante, un sim­ple objet avec son reflet cosmique:

 

Le bol sereinement

tourné vers le ciel

hum­ble­ment  reçoit les étoiles

les présente

sa courbe est la même que le ciel

 

Lorsque les insectes s’enfoncent dans la terre pour hibern­er, leurs sen­sa­tions con­duisent le lecteur au sein de la mémoire de la nature. Les épines des ros­es vien­nent-elles d’un excès de joie ? Pourquoi les frais­es sont-elles rouges si leurs graines sont noires ? Ain­si Shizue Ogawa ouvre-t-elle au lecteur un vaste espace-temps, celui de l’animisme et du vital­isme cos­mique. Un espace de douceur car­ac­térise son oeu­vre poétique : 

 

Les voix du poète sont celles du vent

qui effleure l’eau.

 

Cet univers bucol­ique emprunte son inspi­ra­tion aux Géorgiques de Vir­gile, inspi­ra­tion vis­i­ble dans la suite des sept vol­umes cités ci-dessous, aux­quels Shizue Ogawa a l’intention d’ajouter qua­tre autres. Tous ensem­ble for­meront un chant inin­ter­rompu de la nature. Leurs titres bougent au rythme des océans comme une âme qui joue. Un élé­ment de la tra­di­tion vir­gili­enne en évi­dence dans sa poésie est l’exquise pré­ci­sion et les détails de ses descrip­tions dont plusieurs doivent leur acuité à l’observation sci­en­tifique qu’en fait la poète.

 

            Dans cet univers la paix ne règne toute­fois pas tou­jours et la vio­lence sen­sorielle ou physique trans­forme le réel en une vision sur­réal­iste angois­sée. La ville fait de l’être humain un moule en fer, les yeux de la soli­tude sont injec­tés de sang. / Ils ne cil­lent pas, / ils regar­dent fix­e­ment / d’un regard saoûl. La poète devient un triste bal­lon pub­lic­i­taire / un bal­lon per­du, un oeil jaune qui regarde dans le passé. Un vio­lon crache son poi­son,  un ser­pent habite le corps en bril­lant à tra­vers ma peau comme une bougie, puis appa­rais­sent d’autres ser­pents qui glis­sent jusqu’au bout de mes doigts. Le temps mon­tre sa traîtrise :

 

Le temps est liquide. 

Il épouse ma forme et m’enserre.

Quand je tente de le repousser,

il m’aborde avec une ami­cale méchanceté.

 

Inscrite dans le quo­ti­di­en, la mort se man­i­feste par la phénoménolo­gie de la cré­ma­tion, par le sou­venir du grand-père brûlant tous les kimonos ayant appartenu à son épouse morte ou tout sim­ple­ment par une mélan­col­ie sans objet pré­cis. Com­pagnon de la mort, le feu est à la fois purifi­ca­teur et destructeur.

 

            Écrivant la plu­part du temps à la pre­mière per­son­ne, Shizue Ogawa assume plusieurs rôles : fille, poète, épouse, amie, fac­teur, rose, sœur, inspecteur, insecte : mul­ti­ples méta­mor­phoses d’une poète qui a vécu de nom­breux voy­ages à l’intérieur comme à l’extérieur de son âme qui joue. Ce jeu ne lui fait pas oubli­er un fort sens d’équilibre qui fait d’elle un miroir du monde, une matrice de vecteurs opposés dont le vecteur cul­turel ori­ent-occi­dent qu’elle par­court comme un ruban de Möbius, tis­sant les saisons de sa vie l’une dans l’autre et unis­sant les vari­a­tions mul­ti­ples de ses expéri­ences poé­tiques dans une récolte inces­sante de beauté. Sa poésie pour­rait se com­par­er à un beau drap, solide, uni, avec de déli­cats motifs ton sur ton.

 

            La dimen­sion ludique de sa démarche poé­tique est impor­tante. Shizue Ogawa en donne tout le crédit à son pro­fesseur, Jos­aburo Ogi­no, qui l’encouragea à dévelop­per qua­tre méth­odes. En pre­mier, l’esprit joueur, les sub­tiles taquiner­ies des amies, l’amitié entre insectes et arbres, un pic-vert qui se dépêche de faire ses devoirs le soir. Triste, un arbre en hiv­er cache des pho­togra­phies dans son tronc ou bien un inspecteur envoyé par la ville / véri­fie le croasse­ment des grenouilles… / véri­fie le chant des insectes… pour déter­min­er si la récolte de riz sera bonne. En deux­ième, le pas­sage du réel à l’imaginaire et au mer­veilleux : des elfes souter­rains infusent de couleur les racines d’un arc-en-ciel dont la poète peint le ciel, un orchestre de pois­sons joue, danse et chante dans une riv­ière illu­minée par la lune, un escalier devient:

 

un ressort en acier,

une liane se bal­ançant dans le vent.

L’escalier en spi­rale était sus­pendu entre ciel et terre.

 

En troisième, la libéra­tion de la matière par la créa­tion d’un sup­port poé­tique libre tel la tex­ture changeante et immatérielle de l’air, de l’eau, ou du vent :

 

À côté de la pleine lune d’août

une mon­tagne trem­blait comme un reflet sur l’eau.

 

Le sup­port poé­tique peut égale­ment être un morceau de toile éten­du sur un buis­son entre la poète qui la brode pour en faire cadeau à sa sœur :

 

Les four­mis s’approchent des fils

et se frot­tent les yeux en cher­chant leurs couleurs préférées.

Les abeilles pren­nent la broderie pour de vraies frais­es des bois.

Elles s’arrêtent, sec­ouent la tête, et repren­nent leur vol…

 

… Les fleurs d’abélia

se sont cousues dans les fils à broder.

Regarde.  Il y a des motifs de fleurs au revers de l’étoffe !

 

En qua­trième, la mise en scène. Le poème “Son”,  par exem­ple, mon­tre l’imbrication en abîme de dif­férentes scènes. Le poète con­tem­ple un tableau à la tem­pera représen­tant des tis­serands ; con­tre un des murs de ce pre­mier grand tableau, est accroché un tableau représen­tant des musi­ciens. Les tableaux pren­nent vie quand les sons devi­en­nent des fils et les couleurs des sons, reliant les deux tableaux. La poète puis le lecteur sont attirés dans ce nou­veau tableau. Leur inter­pré­ta­tion de ce qu’ils voient com­plète la mise en scène.

 

            La spon­tanéité des poèmes de Shizue Ogawa, qui sem­blent être écrits sous l’emprise du vécu, leur apparence éphémère, et la sim­plic­ité de leurs vers, ne doivent pas tromper. Sous cette apparence se cache un for­mi­da­ble ate­lier poé­tique qui s’apparente à la tra­di­tion japon­aise haikai dans laque­lle la pré­ci­sion accom­pa­gne le min­i­mal­isme comme dans l’esthétique des jardins japon­ais. L’ouverture cul­turelle de Shizue Ogawa et son éru­di­tion ren­dent sa poésie immé­di­ate­ment acces­si­ble au lecteur occi­den­tal qui apprend à voir dif­férem­ment les vio­lons, Tchaïkovs­ki, les son­nets de Shake­speare, les cam­panel­las, les paysages d’Irlande, de Bel­gique, et de France, les cha­connes de Bach, les trèfles, et les sara­ban­des. Toute­fois, par l’évocation de plantes et d’arbres, de nour­ri­t­ures et d’habits, d’éléments archi­tec­turaux et déco­rat­ifs, le lecteur est tout naturelle­ment intro­duit à la cul­ture japonaise.

 

            Sous le vis­age du quo­ti­di­en, Shizue Ogawa regarde l’obscurité tel­luri­enne de l’âme humaine, trans­for­mant des événe­ments ordi­naires en extra­or­di­naires expéri­ences poé­tiques. Le poème inti­t­ulé “Ma mai­son” fait ain­si d’une mai­son un lieu mul­ti­ple, un refuge, une prison, un lieu où l’absence est ressen­tie de façon poignante:

 

Ma mai­son est dans la mer.

Un rocher pointu émerge du fond marin,

et ma mai­son est assise sur sa pointe…

 

Si pro­fonde est la mer qu’aucune vague ne s’élève

et nul vent ne souffle…

Puis un jour / ma mai­son a cédé à l’eau tourbillonnante

et s’est mise à osciller lentement…

 

Bien­tôt ma maison

sur le rocher pointu

va bas­culer…

 

L’eau de la mer, froide et brune, va m’enlacer.

Alors seule­ment je pour­rai calme­ment appel­er les noms de ma famille.

 

La réal­ité en apparence si présente, est en fait légère comme l’air et glisse imper­cep­ti­ble­ment vers le monde des apparences, le monde des ombres et de l’imagination qui sont per­ma­nents, mais inac­ces­si­bles. La vie est trans­for­mée en art, l’art est trans­for­mé en vie: cette dou­ble opéra­tion élim­ine les fron­tières du rationnel et per­met à Shizue Ogawa de créer des par­al­lèles, des cor­re­spon­dances, qui human­isent l’art et élèvent la vie jusqu’à la permanence.

 

Bib­li­ogra­phie

 

Water – A Soul at Play I (Konan City, Japon: Ishibe-higashi, 1999). 158 pages. Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Don­na Tama­ki et Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑944229–76‑5. CD sous le même titre avec les poèmes lus par Shizue Ogawa et Don­na Tamaki.

 

Flames – A Soul at Play II (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2005). 194 pages. Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Don­na Tama­ki et Shizue Ogawa. ISBN 4–944229-53–4. CD sous le même titre avec les poèmes lus par Shizue Ogawa et Don­na Tamaki.

 

Sound – A Soul at Play III (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2007). 180 pages. Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Don­na Tama­ki et Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑944229–71‑0.         

 

Wind – A Soul at Play IV (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2009). 198 pages. Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Don­na Tama­ki et Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–00‑2.         

 

Sea – A Soul at Play V (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2011). 180 pages. Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Soraya Ume­wa­ka et Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–01‑9.

 

Land – A Soul at Play VI (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, At press). Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Soraya Ume­wa­ka et Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–05‑7.

 

Clouds – A Soul at Play VII (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, At press). Édi­tion bilingue japon­ais-anglais ; tra­duc­tion par Soraya Ume­wa­ka et Shizue Ogawa.

 

En français

 

Une âme qui joue. Choix de poèmes. (Bel­gique: Édi­tions À bouche per­due, Col­lec­tion Pangée, 2010 et 2011).  177 pages. ISBN 978–2‑9600953–1‑9. Édi­tion bilingue japon­ais-français ; tra­duc­tion de l’anglais par Michèle Duc­los et Jacque­line Starer.

 

Une âme qui joue. Le cer­cle. (France: Édi­tions Car­ac­tères, 2012) 111 pages. ISBN 978–4‑904625–03‑3. Édi­tion bilingue japon­ais-français ; tra­duc­tion du japon­ais par Véronique Brindeau.

 

Une âme qui joue. L’embarras, la tran­quil­lité, l’amour. (Konan City, Japon: Edi­tions Iwana­mi Pub­lish­ing Ser­vice Cen­ter, 2012). 105 pages. ISBN 978–4‑904625–03‑3. Édi­tion bilingue  japon­ais-français ; tra­duc­tion de l’anglais par Michèle Duc­los et Jacque­line Star­er et du japon­ais par Véronique Brindeau. Intro­duc­tion de Michèle Duc­los. Dessins de l’auteur.

 

 

 

Shizue Ogawa

 

Pre­sen­ta­tion

by

Alice-Cather­ine Carls

 

 

            Shizue Ogawa was born in 1947 on Hokkai­do island in Japon. She is a spe­cial­ist of the Roman­tic British poet John Keats and taught British lit­er­a­ture at the Uni­ver­si­ty of Kan­sai, and inter­na­tion­al cul­ture at Osa­ka Uni­ver­si­ty of Edu­ca­tion. For many years, she has been invit­ed to inter­na­tion­al poet­ry fes­ti­vals in Bel­gium, France, Cana­da, and Fin­land, and she is a reg­u­lar at the Ger­ard Man­ley Hop­kins inter­na­tion­al fes­ti­val in Ire­land. She has pub­lished sev­en­teen poet­ic vol­umes, and her poet­ry has been trans­lat­ed in ten for­eign lan­guages. In 1963, she received the Grand Prize of the Saku­ra Nation­al Exhib­it for her pas­tel art works, and in 2011, the Prix Inter­na­tion­al de Poésie Anto­nio Vic­caro at the Trois Riv­ières fes­ti­val in Québec.

 

            Shizue Ogawa is attuned to the rela­tion­ship between water, wind, fire, and the earth, its fau­na, flo­ra, and human beings. This rela­tion­ship imbued with seren­i­ty, respect, and kind­ness, gives every­body and every­thing a sense of place; this bal­ance draws its strength from the meta­phys­i­cal beliefs of the Tendai, Zen, and Shin­to reli­gions, and it stress­es coun­ter­points. Preg­nant sad­ness alter­nates with jubi­lant plen­i­tude, a sim­ple object with its cos­mic reflection:

 

The bowl quietly

looks up at the heavens.

Humbly it receives the stars

and serves them up. Curved like the sky,

this rice bowl.

 

When insects bur­row into the ground to hiber­nate, their sen­sa­tions lead the read­er into the heart of nature’s mem­o­ry. Did ros­es get their thorns from an excess of joy? “Why Are Straw­ber­ries Red If Their Seeds Are Black?” Thus Shizue Ogawa opens for the read­er the vast space-time of ani­mism and cos­mic vital­i­ty. Such space is marked by the soft­ness that char­ac­ter­izes her poet­ic work:

 

The voic­es of a poet are the voic­es of the wind

dif­fus­ing small rip­ples in the water.

 

This bucol­ic uni­verse bor­rows from Vergil’s Geor­gics tra­di­tion. This tra­di­tion is vis­i­ble in the sequence of the sev­en vol­umes of poet­ry list­ed below, to which Shizue Ogawa plans to add four more, all form­ing a seam­less song of nature. Their titles move with the oceans in the uni­verse like a soul at play. One ele­ment of Vergil’s tra­di­tion that is evi­dent in her poet­ry is the exquis­ite­ly detailed pre­ci­sion of her descrip­tions, many of which owe their sharp­ness to her sci­en­tif­ic obser­va­tion of the world around her.

 

            Peace does not always pre­vail in this uni­verse, how­ev­er, and sen­so­r­i­al or phys­i­cal vio­lence trans­forms real­i­ty into an anguished, sur­re­al­is­tic vision. The city turns the poet into an iron mold, solitude’s eyes are blood­shot. / They do not blink, / just stare. / Drunk­en look­ing.The poet becomes a sad adver­tis­ing bal­loon / a bal­loon torn loose, a yel­low eye star­ing into the past. A vio­lin spits out poi­son,a ser­pent inhab­its the poet’s body, glow­ing through my skin like a can­dle, then more ser­pents appear and slith­er to the tips of my fin­gers. Time shows him­self as a deceit­ful being:

 

Time is liquid.

It takes my form and press­es in.

When I try to thrust it away,

it approach­es me with friend­ly malice.

 

Inscribed with­in every­day mat­ters is death, seen through the phe­nom­e­nol­o­gy of cre­ma­tion, the mem­o­ry of her grand­fa­ther burn­ing all the kimonos belong­ing to his dead wife, or sim­ply an unde­fined melan­choly. Death’s com­pan­ion, fire puri­fies and destroys at the same time.

 

            Writ­ing most­ly in the first per­son, Shizue Ogawa takes on sev­er­al roles: daugh­ter, poet, wife, friend, mailper­son, rose, sis­ter, inspec­tor, insect: such are the mul­ti­ples meta­mor­phoses of a poet who has trav­eled wide­ly inside as well as out­side of her soul at play. This play­ful­ness does not dimin­ish the strong sense of bal­ance that appoints her into a mir­ror of the world, the matrix of oppo­site vec­tors, includ­ing the East-West cul­tur­al vec­tor that she trav­els as a Möbius strip, weav­ing the sea­sons of her life togeth­er and unit­ing the mul­ti­ple vari­a­tions of her poet­ic expe­ri­ences into a cease­less har­vest of beau­ty. One might com­pare her poet­ry to a hand­some piece of cloth on which she embroi­dered del­i­cate motives in match­ing shades.

 

            The play­ful dimen­sion of her poet­ic method is impor­tant. Shizue Ogawa cred­its one of her pro­fes­sors, Jos­aburo Ogi­no, who encour­aged her to devel­op four meth­ods. First, a play­ful mind, the sub­tle teas­ing of friends, friend­ships between insects and trees, a wood­peck­er is in a hur­ry at night because he is doing his home­work, a sad win­ter tree is con­ceal­ing pic­tures inside, or an inspec­tor sent from the town office / to check how the frogs are croak­ing today… to check how the insects are singing today… in order to mea­sure whether the rice har­vest will be good. Sec­ond, the tran­si­tion from the world of real­i­ty to the world of imag­i­na­tion and mar­vel: under­ground elves pour col­ors into the roots of a rain­bow that the poet drags across the sky, a fish orches­tra plays a sym­pho­ny in the riv­er under the sil­ver moon, a stair­case becomes

 

… a steel spring,

a vine swing­ing in the wind.

The spi­ral stair­case hung in midair.

 

Third, the free­ing of objects from their mate­r­i­al sup­port through the cre­ation of a free poet­ic sup­port such as the imma­te­r­i­al and chang­ing tex­ture of air, water, or wind:

 

Besides the full moon of August

a moun­tain swayed flim­si­ly like a reflec­tion on the water.

 

The poet­ic sup­port can also be a piece of cloth stretched on a bush between the poet who embroi­ders it as a spe­cial present for her sister:

 

Ants come near the threads

and rub their eyes as they look for their favorite colors.

Bees mis­take the embroi­dery for real wild strawberries.

They pause, nod their heads and fly away again…

 

… The abelia flowers

were sewn into the embroi­dery threads.

Look? There are flower pat­terns under cloth, too!

 

Fourth, the stag­ing. The poem “Sound,” for exam­ple, shows the en abîme com­po­si­tion of dif­fer­ent scenes. The poet con­tem­plates a tem­pera paint­ing rep­re­sent­ing weavers; against one of the walls of this larg­er tableau, hangs a paint­ing rep­re­sent­ing musi­cians. The paint­ings come to life as sounds become threads and col­ors become sounds, link­ing both tableaux. The poet, then the read­er, are drawn in this new tableau. Their inter­pre­ta­tion of the tableau com­pletes its staging.

 

            The spon­tane­ity of Shizue Ogawa’s poems which seem to be writ­ten under the influ­ence of the moment, their ephemer­al appear­ance, and the sim­plic­i­ty of their verse, should not mis­lead the read­er. This appear­ance hides a for­mi­da­ble poet­ic work­shop that is relat­ed to the Japan­ese tra­di­tion of haikai in which pre­ci­sion accom­pa­nies min­i­mal­ism as in the aes­thet­ic of Japan­ese gar­dens. Shizue Ogawa’s cul­tur­al open­ness and eru­di­tion ren­der her poet­ry imme­di­ate­ly acces­si­ble to the West­ern read­er who learns to see dif­fer­ent­ly ele­ments such as vio­lins, Tchaikovsky, Shakespeare’s son­nets, cam­panel­las, Irish, Bel­gian, and French land­scapes, JS Bach’s cha­connes, four-leaf clovers, and sara­bands. Still, through the evo­ca­tion of plants and trees, food and dress, archi­tec­tur­al and dec­o­ra­tive ele­ments, the read­er is quite nat­u­ral­ly intro­duced to Japan­ese culture.

 

            Shizue Ogawa peers under the dai­ly world’s appear­ance, into the tel­luri­an dark­ness of the human soul, thus trans­form­ing ordi­nary events into extra­or­di­nary poet­ic expe­ri­ences. Thus the house embod­ies a refuge, a prison, a lone­ly place of long­ing, and the locus of reuni­fi­ca­tion with loved ones:

 

My house is in the sea.

A sharp boul­der pro­trudes from the seabed,

and my house sits on the tip…

 

… So deep is the sea that no waves rise up,

and no wind blows…

 

… Then one day

my house yield­ed to the swirling water

and began to sway slowly…

 

Soon my house will tilt over

on the sharp boulder…

 

… The cold, brown sea­wa­ter will embrace me.

Only then can I calm­ly call out the names of my family.

 

Real­i­ty, seem­ing­ly so present in the poem, is in fact as light as air and shifts imper­cep­ti­bly towards the world of appear­ances, of shad­ows, and of imag­i­na­tion that are per­ma­nent, yet inac­ces­si­ble. Life is trans­formed into art, art is trans­formed into life: this dou­ble oper­a­tion eras­es the bor­ders of ratio­nal­i­ty and allows Shizue Ogawa to cre­ate par­al­lels and cor­re­spon­dences that human­ize art and ele­vate life into permanence.

 

Bib­li­og­ra­phy

 

Water – A Soul at Play I (Konan City, Japon: Ishibe-higashi, 1999). 158 pages. Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Don­na Tama­ki and Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑944229–76‑5.

CD avail­able, under the same title. Poems read by Shizue Ogawa and Don­na Tamaki.

 

Flames – A Soul at Play II (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2005). 194 pages. Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Don­na Tama­ki and Shizue Ogawa. ISBN 4–944229-53–4. CD avail­able, under the same title. Poems read by Shizue Ogawa and Don­na Tamaki.

 

Sound – A Soul at Play III (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2007). 180 pages. Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Don­na Tama­ki and Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑944229–71‑0.       

 

Wind – A Soul at Play IV (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2009). 198 pages. Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Don­na Tama­ki and Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–00‑2.       

 

Sea – A Soul at Play V (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, 2011). 180 pages. Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Soraya Ume­wa­ka and Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–01‑9.

 

Land – A Soul at Play VI (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, At press). Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Soraya Ume­wa­ka and Shizue Ogawa. ISBN 978–4‑904625–05‑7.

 

Clouds – A Soul at Play VII (Konan City, Japan: Ishibe-higashi, At press). Bilin­gual edi­tion Japan­ese-Eng­lish, trans­lat­ed by Soraya Ume­wa­ka and Shizue Ogawa.

 

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Martine Morillon-Carreau

Mar­tine Moril­lon-Car­reau est née à Nantes en 1948. Après des études de droit elle part vivre aux Antilles pen­dant 8 ans. Rev­enue à Nantes en 1978, elle y a enseigné en tant qu’a­grégée de let­tres jusqu’en 2008. Elle est prési­dente de Poésie sur tout et rédac­trice de la revue 7 à dire et col­lab­o­ra­trice des édi­tions Sac à mots.