Lon­don
(Bar­bi­can, 1991)

 

It is midnight
Lon­don is lost in sleep
the sky is a sea

of burn­ing lights,
I turn over in the
strange warmed bed

dream­ing of Africa
whose mid­night sky
is a sea of fireflies

I wake up to noises
of honk­ing horns
hum­ming machines

I recall the sweet music
of Africa’s mornings:
chirps, twit­ters, warbles

 

Lon­dres
(Au Bar­bi­can, 1991)

 

Minu­it à Londres
éper­due de sommeil
le ciel est une mer

de lumières en feu,
je tourne dans un lit
étranger, chauffé

en rêvant à l’Afrique
et à son ciel de minuit
qui est une mer de lucioles

je me réveille au son
des klax­ons au ronflement
des machines

je pense à la douce musique
des matins africains:
gazouil­lis, pépiements, trilles

 

Medellin, Oh Medellin!
(Medellin, Colom­bia, 8th July 2010)

 

Medellin, oh Medellin
The city of beau­ty and love
Where are gone your offspring
Lads and gals that streets fill
Medellin, Oh Medellin!

In the twist­ing dark alleys
They lie, reclined on street-walls
Drowned in smoke—marijuana!
Lost in life and death
Medellin, oh Medellin!

Medellin, the city of love
Bloom­ing girls, with grasp­ing colours
Paint­ing the city by day, night
Wake up those sleep­ing, wake them up
Medellin, oh Medellin!

The air is pun­gent, strong
Over­whelm­ing smoke of marijuana
Let them breathe it into wakefulness
Be the per­fume of life
Medellin, oh Medellin!

Wake them up with a song
A lul­la­by of wake­ful­ness, a lul­la­by of conscoiusness
Play your vio­lin, a sweet tune
Wake them up from deep slumber
Medellin, oh Medellin!

You are a brave city, Medellin
You have dri­ven through darkness
Through blood, flesh and sweat
To stand where you are
Medellin, oh Medellin!

 

Medellin, ô Medellin!
(Medellin, Colom­bie, 8 juil­let 2010)

 

Medellin, ô Medellin!
Ville de beauté et d’amour
Où sont allés tes enfants
Filles et garçons plein tes rues
Medellin, ô Medellin!

Dans les som­bres allées tordues
Ils gisent, appuyés con­tre les murets,
Noyés dans la fumée – marijuana!
Per­dus dans la vie et dans la mort
Medellin, ô Medellin!

Medellin, ville d’amour
Et de filles en fleurs qui jour et nuit
te peignent de couleurs tactiles
Réveille les dormeurs, réveille-les
Medellin, ô Medellin!

Acre est l’air, forte,
Etour­dis­sante la fumée de marijuana
Fais-la leur respir­er jusqu’à la lucidité
Sois le par­fum de vie
Medellin, ô Medellin!

Réveille-les avec un chant
Une berceuse de lucid­ité, de conscience
Joue sur ton vio­lon un doux air
Tire-les de leur pro­fond sommeil
Medellin, ô Medellin!

Courageuse Medellin
Tu as sur­mon­té l’obscurité
le sang la chair et la sueur
Pour te dress­er là où tu es
Medellin, ô Medellin!

 

At Ams­ter­dam Airport
(19th, July. 2010)

 

At Ams­ter­dam airport
A red-clad 4‑year old baby
Mounts unmov­ing carousel
Unno­ticed perch­es on the belt.
The carousel sets in motion
Sweep­ing, swirling her around
Smil­ing, unafraid
Wav­ing and fin­ger­ing at star­ing eyes.
Smiles at her dad­dy & mummy
On-look­ers, amused
Laugh and take interest
She waves and keeps smiling.
Until she becomes innovative
And desires variety
She attempts to walk on the belt
Whoops! Tem­ples are clutched
She trips and falls off the carousel
The moth­er runs to her rescue
A bruise on the berry-size nose
Chub­by cheeks suf­fused in tears.

 

A l’aéroport d’Amsterdam
(19 juil­let 2010)

 

A l’aéroport d’Amsterdam
Une enfant de qua­tre ans vêtue de rouge
Grimpe sur un car­rousel à l’arrêt
Et inaperçue se perche sur la courroie.
Le car­rousel se met en marche
L’entraine, la fait tourner
Souri­ant, sans peur
Elle agite bras et mains vers les spectateurs.
Sourires à papa & maman
Amusés, les badauds
Rient et répondent
Elle fait bon­jour et sourit de plus belle.
Puis, lassée, elle innove
Désire du nouveau
Et se met à marcher sur la courroie
Aïe! On se prend les tempes
Elle trébuche et tombe du carrousel
La mère accourt à son secours
Une con­tu­sion sur le petit nez rouge
Des joues potelées baignées de larmes.

 

 

Only the Trees Swaying
(Morn­ing in Liege, Bel­gium, Octo­ber 2012)

 

I look through the window
I don’t see the sun
Only the dark clouds shifting
Dark tall trees swaying
Noisy birds glid­ing on boughs

I don’t see the sun’s rays
pen­e­trat­ing thatched roofs
wood­en win­dows, cracked clay-walls
Only the mist cov­er the glasses
A tear of water-droplets
Glid­ing down the glass

I lis­ten — a gen­tle wind
Leaves flut­ter, boughs sway
Awak­en­ing mem­o­ries of Africa
The savan­nah grassland
The wet black woods

I lis­ten, and there is no noise
Of chil­dren, of women at the river
Of oxen at the farm
Of women sell­ing at the market
It is a grave­yard, no existence

I look yon­der to see the smoke
From thatched roofs
Only the tiled con­crete roofs
Touch the sky
Qui­et, still
It is as though no existence
Of life

Below the riv­er mean­ders, slowly
Down to the city of Liege
No one is mak­ing a swim
No one is fish­ing, tak­ing bath
It is as though life has nev­er been

I don’t see the cow-dunged fields
The mud­dy roads, wet paths
I don’t see the vil­lage oral poets
Pluck­ing at their obokano
Ekeng’iring’iri
I see the empti­ness of space

 

Seuls les arbres oscillent
(un matin à Liège, Bel­gique, en octo­bre 2012)

 

Je regarde par la fenêtre
Je ne vois pas le soleil
Seuls des nuages som­bres passent
De grands arbres noirs oscillent
Des oiseaux cri­ards glis­sent sur les branches

Je ne vois pas les rayons du soleil
Transpercer les toits de chaume
Les fenêtres en bois, les murs de glaise fendillée
Seule la buée cou­vre les vitres
Une larme rassem­ble les goutelettes d’eau
Et glisse sur le verre

J’écoute – une légère brise
Fait frémir les feuilles, les frondaisons oscillent
Réveil­lant des sou­venirs d’Afrique
Les hautes herbes de la savane
Les forêts noires mouillées

J’écoute et il n’y a pas de bruits
D’enfants ni de femmes à la rivière
De boeufs à la ferme
De femmes aux étals du marché
C’est un cimetière sans vie

Je regarde au loin pour voir la fumée
Des toits de chaume
Seuls des toits en ciment revê­tus de tuiles
Touchent le ciel
Silen­cieux, immobiles
C’est comme s’il n’y avait aucun signe
De vie

En bas le fleuve coule lentement
Jusqu’à la ville de Liège
Per­son­ne n’y nage
Nul n’y pêche ou ne s’y baigne
Comme si la vie n’avait jamais été

Je ne vois pas les champs cou­verts de bouses
Les routes boueuses, les sen­tiers mouillés
Je ne vois pas les poètes con­teurs du village
Pin­cer les cordes de leur obokano
Ekeng’ring‘iri
Je vois le vide de l’espace

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Martine Morillon-Carreau

Mar­tine Moril­lon-Car­reau est née à Nantes en 1948. Après des études de droit elle part vivre aux Antilles pen­dant 8 ans. Rev­enue à Nantes en 1978, elle y a enseigné en tant qu’a­grégée de let­tres jusqu’en 2008. Elle est prési­dente de Poésie sur tout et rédac­trice de la revue 7 à dire et col­lab­o­ra­trice des édi­tions Sac à mots.