Le livre s’ouvre avec ce premier mot : TOUT. Que j’ai tendance à considérer comme un mot valise pour l’ensemble du poème, lequel nous décrirait une ouverture vers la liberté de s’inventer.
Car le poème entier est une manière de dialogue intérieur à nous adressé, où il s’agit de tracer les chemins de notre vie, comme de reconnaitre ceux que l’on a déjà empruntés.
Tu es dépositaire de tout l’univers
Il suffit d’entrer en toi pour l’explorer
Voyage silencieux
voyage lent au-delà des cieux
En deçà de la terre
par-delà ton apparence

Le poème nous inviterait donc à découvrir notre vérité, en ce sens il est écrit sous le signe de Sophia, il est philosophique. Ce qui est plutôt rare par les temps qui courent, et même galopent à l’aveugle…
On pense aux philosophes antiques chez qui la question-clé était de vivre, et comment. Avec les risques que comportent de partir à la découverte à partir de rien, une fois détruites les habituelles certitudes. Au risque de
Te perdre en tes explications incompréhensibles
Te noyer en ce flot d’illusions insaisissables
Je disais un dialogue, c’est aussi un journal de voyage intérieur où le poète, car c’en est un, rencontre désarmé, à nu, la part obscure de lui-même :
Dessous sans dessus vers l’envers des sens
Le dessus finit par s’abattre et tu reprends le dessous
Que te fait-il, que te fais-tu non plus ?
Ce voyage intérieur ne peut s’opérer qu’en s’immergeant dans le monde, sensuellement. Le poète, dit-il, s’abîme « en la pérennité des émotions de l’être ». Rien d’aride dans cette écriture, comme pourrait le laisser entendre le mot de philosophie. S’il s’agit de chercher une sagesse, ce serait par l’ouverture de tous les sens à ce qui vient de la terre et du ciel, toujours inattendu :
Un nouveau paysage se dévoile
Un nouveau décor s’écrit
Un nouveau, un différent, un autre, un mutant
Le livre se termine par une série de manières de haïkus qui lui donnent son titre, presque : « tremblement ». Il n’y a pas que la terre pour trembler, l’être aussi ; délicieusement.
Chaque nouveau pas porte son lot d’aventures
Fragile équilibre de soupirs
Et regard empli d’absences
Suspendu à la réponse du monde environnant
Suite à Impression vide devant en 2022 et Passage en 2023, Tout en tremble est le troisième titre de Gérard Leyzieux publié aux éditions Tarmac, soit cent trente pages en format à l’italienne, sur un beau papier vergé. On en salue l’originalité !
Présentation de l’auteur

- Gérard Leyzieux, Tout en tremble - 24 mai 2025
- La revue Triages, cuvée 36 - 5 février 2025
- Danielle Terrien, L’âge du regard, dessin de Marie Alloy - 6 septembre 2024
- Chantal Dupuy-Dunier, Parenthèses - 6 mars 2024
- Luce Guilbaud, La perte que j’habite - 6 février 2024
- spasp, Aphrodite Lamaï et Verkoff l’enjôleur - 6 décembre 2023
- Fulvio Caccia, Ti voglio bene - 21 novembre 2023
- Annie Dana, Le deuil du chagrin - 6 octobre 2023
- Germain Roesz, La collerette était rouge - 22 septembre 2023
- Denis Guillec, Au royaume de ON - 24 janvier 2023
- Pierre d’attente (élément d’un discord) - 29 décembre 2022
- Jean-Christophe Ribeyre, La Relève - 21 septembre 2022
- Didier Jourdren, Le chemin dans l’herbe - 19 juin 2022
- Cécile Guivarch, Cent ans au printemps - 5 juin 2022
- Brigitte Gyr, Partition tombée en poussière - 20 mai 2022
- Jean-Louis Rambour, 33 poèmes en forme de nouvelles (ou l’inverse) - 20 avril 2022
- Anne Malaprade, Parole, personne - 21 novembre 2021
- Denis Langlois, Le voyage de Nerval - 6 novembre 2021
- BERNARD DEMANDRE, revue DIERESE n°80 - 19 octobre 2021
- Adeline Baldacchino, Notre insatiable désir de magie - 21 septembre 2021
- Valéry Molet, Aucune ancre au fond de l’abîme - 1 septembre 2019