Tranchée ouverte

Par | 27 août 2014|Catégories : Chroniques|

A Jean Mai­son, ser­gent au troisième rég­i­ment de Zouaves, tué le vingt-cinq sep­tem­bre mille neuf cent quinze près de Mas­siges lors de l’offensive française de Champagne.

 
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Tranchée ouverte

Par | 27 août 2014|Catégories : Blog|
 
Tranchée ouverte a été édité par Jean-Michel Pon­ty  en 1990 et  illus­tré par Ramon. Cet ouvrage salu­ait  la mémoire de mon grand-oncle Jean Mai­son, mort  héroïque­ment  lors de l’offensive de Cham­pagne  du 25 sep­tem­bre 1915.
Il cher­chait égale­ment à saluer sept  jeunes hommes de ma famille tués au com­bat durant la guerre 1914- 1918.
Jean Mai­son – Août 2014
 
 

 

 

Jean Mai­son
Lith­o­gra­phies  de Ramon

 

A Jean Mai­son, ser­gent au troisième rég­i­ment de Zouaves, tué le vingt-cinq sep­tem­bre mille neuf cent quinze près de Mas­siges lors de l’offensive française de Champagne.

 

 

 

 

 

Pro­fils blancs

 

 

Le maître s’est couché
Livre clos
La souf­france con­voite la mémoire
La nuit venue
L’enfant dérobera le pain dans la maie

 

 

 

 

 

 

A l’aube du bois sabot

 

 

Les graveurs de timbales
nous ont lais­sés en deuil.
Leur souf­fle rouge
mêlé au sang des por­teurs d’eau
s’est dis­per­sé sur la colline.
Mains agrip­pées aux entrailles
Pieds arrachés
Per­chés sur les arbres morts.

 

 

 

 

 

 

Garance

 

Le jour s’apprête sur les baraques
La pluie par les boy­aux défunts
ruis­selle sur les barbes,
détrempe les capotes de laine rêches,
glace les os ren­dus visibles.

 

 

 

 

 

 

Torse nu

 

Les iris manquent.
Le site anxieux
déporté de son logis
erre dans les ombres.

 

Des blocs entiers d’éther
séparés de leurs socles
sont mis à mort
dans le claque­ment d’une porte.

 

 

 

 

 

 

Le front

 

 

 

La plaine saigne
de son flanc de craie.

 

Ses chevaux éventré
bor­nent les alentours.

 

La marge silencieuse
s’accorde un pont de roseaux pâles.

 

 

 

 

 

 

Le feu

 

A quelle résis­tance fau­dra-t-il nous convaincre
si jamais le soleil venait à disparaître
qu’au réveil du dernier
tu viennes à manquer ?

 

 

 

 

 

 

Trans­parence

 

Tor­rent noir
soulevé
emporté par la braise
sous la brûlure son­nante des galets.

 

L’un vien­dra
échap­pé du sillage
La friche de son front
cogn­era à ta porte

 

L’heure nue de sa main
tendue
en un delta fragile.

 

 

 

 

 

 

 

L’hôte

 

La révolte livra au sort des pier­res à feu
les cœurs chargés de la joie des accolades.

 

Ceux qui n’avaient pas reçu
le choc d’amers naufrages
déchirèrent leurs mains garrottées
à l’écharde du poteau.

 

Tra­ver­sés de fers dressés
leurs sangs unanimes
livrés aux ténèbres.

 

 

 

 

 

 

 

L’as-tu vue

 

Il n’y a pas de fleurs
dans l’heure qui vient
mais l’étole sanglante de la faux.

Sur le sol lourd des marnes
des brassiers sont tombés
les mains sur le visage
tâché de sang.

 

 

 

 

 

 

Grives

 

Les champs glanés ailleurs se sont cou­verts de broussailles
con­trepar­tie du jour où le joug fut posé
la houe et le gibier furent liés davantage.

 

 

 

 

 

 

La ter­ra niveja

 

Tu vivais par­mi les accrocs de lumière
où se jetaient les tor­rents de la montagne.
tous les enfants por­taient aux veines de leurs sabots
l’aile frêle de la gaieté.

 

Des maisons sans fenêtre, aux ver­sants boisés des collines,
l’écho de ta voix dévalait les cours­es de la lande,
soule­vait les herbes, les moulins, les bories entourées de genêts.

 

La terre verse ses blés,
l’eau court par les rigoles tranchées au pique-pré
dans le coud­ert, l’ébauche d’un copeau
les murets élevés et les pas­sages au vent
où secrète­ment tu dis­ais des éloges.

 

 

 

 

 

 

Musique

 

Deux gouttes de sang
tombées sur l’ongle rose
identiques
portées
par le chant mort
sous la glycine.

 

 

 

 

Exem­ple de lith­o­gra­phie de RAMON repro­duite depuis l’ouvrage

 

 

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