Avis de faits et de méfaits… titre sur­prenant, puisque l’o­rig­i­nal est 14000 facts & Oth­er facts. Mais ne cher­chons pas ce que nous ne pour­rons trou­ver ; il ne faut pas imag­in­er d’arrange­ments du tra­duc­teur avec l’œuvre orig­i­nale, mais de ten­ta­tive habile d’in­ter­pré­ta­tion, tant la langue de Nor­ma Cole a cela de fort qu’elle cite une plage en ne nom­mant qu’un grain de sable, qu’elle ne fait pour­tant que suggérer.

La langue, car il s’ag­it bien de cela, non d’un ersatz de lan­gage déjà lu mille fois, est hachée, sèche, par­fois expédi­tive. Il s’ag­it d’ ”Abaiss­er le pont levis / que des gens ont soulevé”, pour forcer une route, la sienne, a advenir.

Pour­tant, jamais de vio­lence ou d’a­gres­siv­ité. Les mots cherchent, ten­tent de hap­per l’essence même de l’ex­is­tence avec ces ques­tion­nements, inélucta­bles, sur la posi­tion qu’on occupe — un temps, vague­ment :“Mais ne sommes-nous que des éclats d’é­toiles ? (…) éclats de pen­sée / alignés

La poète cisèle les instants du vivre, des corps à corps, de l’e­spoir, de l’amour — de celui qui nous lie à l’autre, tel celui qui nous lie nous-même “nous sommes ce que nous aimons

Ou bien, retenue dans une quête qui la dépasse, s’en remet-elle à un autre auteur, celui sup­posé­ment de tous “Davan­tage l’har­monie / venant du ciel” ; avec cette idée latente que “Les lim­ites de la / langue ne sont pas / les lim­ites de ce // monde dévasté” ; que l’être humain, mal­gré ses lim­ites se doit de com­pren­dre, d’ad­met­tre, qu’il n’est “(…) pas tou­jours // en prison / n’im­porte où”, puisque la géor­ga­phie de nos vies est “cette zone qui brûle / bouge sans cesse”, au point que “même l’e­space ne / se répète

Il s’ag­it alors de savoir son poids, sa force, face à ce qui nous est théorique­ment imposé par la vie, le monde, les autres ; ce choix qui est nôtre d’ “obéis­sance ou bien révolte”, alors que “à ce jour /  80% des gens / se sont man­qués”, parce que la “parole / à peine / pos­si­ble” nous retient de “nag­er / d’un / monde // à l’autre

 

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Vincent Motard-Avargues

Vin­cent Motard-Avar­gues, né le 15 juin 1975, à Bor­deaux ; pho­tographe & musi­cien, a pub­lié quelques livres. Poésie : — “Car­nets d’un plongeur sec”, édi­tions Gros Textes, 2019 — “La chair de la pierre”, édi­tions Incli­nai­son, 2018 — “(im)permanence”, édi­tions Encres Vives, 2015 — “Je de l’Ego”, édi­tions du Cygne, 2015 — “Recul du trait de côte”, édi­tions de la Crypte, 2014 — “À ce qui est de ce qui n’a”, édi­tions Encres Vives, 2013 — “Leurs mains gan­tées de ciels”, édi­tions Encres Vives, 2012 — “Le vil­lage retrou­vé”, édi­tions Encres Vives, 2012 — “Si peu, tout”, Éclats d’en­cre édi­teur, 2012 — “l’Al­pha est l’Omé­ga”, ‑36° édi­tions, 2011 — “Un écho de nuit”, édi­tions du Cygne, 2011 Pho­to : — “Radi­celles”, duo poèmes/ pho­tos avec Murièle Mod­é­ly, édi­tions Tar­mac, 2019 — cou­ver­ture du livre « Je te vois », de Murièle Mod­é­ly, édi­tons du Cygne, 2017”