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Chronique du veilleur (44) : Max Alhau

Au soir de sa vie, Max Alhau sait que « l'absence n'est qu'un mot superflu », que « les mots demeurent même faussés / par la mémoire. » Cependant, « une lumière évadée de la nuit » brille encore, et le poète en saisit les fulgurances, les éclairs qui ne cessent de traverser son espace intérieur.

Des pas sous le sable, tel est le titre qu'il choisit pour nous dire combien son œuvre de guetteur, à l'écoute du plus secret, voire du plus étouffé, lui importe encore, malgré tout. Les interrogations le harcèlent, les réponses incertaines qu’il leur apporte sont déjà une forme de dépassement dans le doute et l'inquiétude :

Peut-être faut-il emprunter des chemins
loin des itinéraires, avancer à l'aveugle
pour y voir plus clair et retrouver enfin
les traces d'un passage sur ces mêmes lieux
que l'on décèle enfin avant leur reconquête.

Max Alhau, Des pas sous le sable,Voix d'encre, 10 euros.

Il écoute, il s'écoute, et parfois semble s'obstiner dans les mêmes questions, comme s'il voulait forcer une porte qui résiste. Les vers, les phrases de prose sont autant de coups frappés sur la paroi, contre un horizon qui se rapproche et menace. Il se dit à lui-même :

 

Reste les traces, les mots, les paroles
qui t'incitent à poursuivre ce voyage
aux haltes incertaines, aux départs différés,
tout ce que l'on croit posséder
et que le vent dissout.

 

 

Le poème est la trace la plus vraie et la plus profonde que l'homme puisse laisser ici, sur le chemin. Il est aussi le viatique le plus secourable possible, pour aller encore plus loin, vers cet inaccessible but qui a été, tout au long de l'existence, la raison d'écrire et, peut-être, d'espérer.

 

                                   Au terme du chemin, tu contemples la vallée:ce n'est pas le vertige qui te saisit mais le désir d'aller plus loin.

 

C'est une voix libre, assoiffée de paix, qui s'élève, d'étape en étape, dans cet itinéraire intérieur. Nous en mesurons la sincérité qui, souvent, mêlée à un tremblement pudique et maîtrisé, émeut le lecteur, jusqu'à ces dernières phrases qui résonnent enfin, presque comme un soulagement :

 

                                   Les neiges, les débâcles, tout n'est plus que souvenir. Maintenant, tu as cessé de t'attendre et tes mots n'ont de poids que celui du silence.

 

Heureux silence que celui que Max Alhau nous offre ici, animé par un appel irrésistible d'infini !

 

Poème de Max Alhau sur une musique de Jean-Christophe Rosaz pour voix et saxophone.

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