Chronique du veilleur (52) : Gilles Baudry

Par |2023-11-06T09:49:25+01:00 1 novembre 2023|Catégories : Essais & Chroniques, Gilles Baudry|

Gilles Baudry nous invite à le rejoin­dre sur « l’île secrète ou le pays de l’être / pour se rap­a­tri­er / son enfance pérenne / inal­ién­able. »  C’est  un univers très proche, « enfance à venir », qu’il faut abor­der avec le silence recueil­li que per­met par­fois le « soir de toute vie. »

                  Source et Foyer
                  de l’in­stant éternel
                 au retour imminent
                  et tou­jours différé

Le poète, en son abbaye de Landéven­nec, peut dire avec O.V. De L. Milosz, qu’il a choisi de met­tre en exer­gue de ce livre : « Je suis éter­nelle­ment enfant du Bénédic­ité de l’aube. »  Ce sont des regards d’aube, en effet, qu’il recueille et nous trans­met, ces regards lavés d’une eau pure, ouverts sur les dons gra­tu­its et mer­veilleux de la grâce. 

Gilles Baudry, Cette enfance à venir, dessins de Nathalie Fréour, L’En­fance des Arbres, 2023, 80 pages, 15 €. 

Il les enserre sur la page blanche, accom­pa­g­né des dessins blancs sur papi­er noir de Nathalie Fréour, qui sont de véri­ta­bles médi­ta­tions graphiques, des aperçus de l’au-delà, des appels de l’Ange :

 

                  Ouvrez à l’ange
                  qui frappe à la fenêtre
                 et vous aurez cette intuition
                           native
                  d’un monde autre que ce qu’il est

L’essen­tiel nous appa­raît, dans ces brefs poèmes, nim­bé d’une pais­i­ble con­fi­ance, où la grâce divine est à l’oeu­vre. Chaque mot, chaque syl­labe pèse le poids insai­siss­able d’une nuée, d’une clarté.

 

                  Le fond de l’être
                  est tout amour 

                  Le feu limpi­de du silence
                           brûle le cœur

                           et tout se tait

 

Une leçon d’e­spérance et de patience nous est don­née, pas à pas, avec des mots que le  poète qual­i­fie de « titubants », écrits sur un car­net de veilles, sans doute,

 « en sou­veraine humil­ité ». Il suf­fit d’être « là seule­ment / inten­sé­ment ». On l’é­coute avec grat­i­tude et émo­tion,  comme la voix d’un par­ent ou d’un ami proche, revenu du Roy­aume invis­i­ble, nous révéler

                           le point nodal
                  où le vis­i­ble et l’invisible

                  le ciel et la pensée
                           se touchent

Présentation de l’auteur

Gilles Baudry

 

Gilles Baudry est moine et poète. Son œuvre est pub­liée aux édi­tions Rougerie et Ad Solem.

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Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né le 8 sep­tem­bre 1947 à Cler­mont-Fer­rand (France). Il a fait ses études sec­ondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la lit­téra­ture française et les let­tres clas­siques en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-com­tois par sa famille mater­nelle, à la fron­tière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage pater­nel de Mon­ton, au sud de Cler­mont-Fer­rand, que les poèmes en prose du Vil­lage et les ombresévo­quent avec ses habi­tants. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy lephare obscur,déter­mine en grande par­tie sa voca­tion de poète. En 1971, Mar­cel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étu­di­ant.  Son pre­mier grand livre, L’Ordre du silence, est pub­lié en 1975.  En 1976, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésieArpa, avec d’autres poètes auvergnats et bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres ren­con­tres éclairent sa route : celle de Jean Gros­jean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui con­fie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à par­tir des années 90, mais aus­si l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Per­ri­er, dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996. Son activ­ité de cri­tique de poésie ne cesse de se dévelop­per au fil des années, il col­la­bore  au fil des années à de nom­breuses revues, notam­ment à la Revue de Belles Let­tresde Genève, au Nou­veau Recueil, et surtout à Arpa,dont il assure la direc­tion dès 1984. Il donne actuelle­ment des poèmes à Thau­ma,Nunc,Le Jour­naldes poètes. Cer­tains de ses arti­cles sont réu­nis dans le vol­ume Les ombrages fab­uleux,en 2003. A par­tir de 2009, un an avant sa retraite, il se con­sacre prin­ci­pale­ment à l’écriture de psaumes, pub­liés par Ad Solem. Le pre­mier vol­ume est pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deux­ième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jac­cot­tet. Son essai Le poème exer­ci­ce spir­ituelexplique et illus­tre cette démarche. Il prend la respon­s­abil­ité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vieet tient une chronique de lec­tures, « Chronique du veilleur »,  à par­tir de 2012 sur le site inter­net :Recours aupoème. De nom­breux prix lui ont été attribués : Voron­ca (1978), Louis Guil­laume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Ver­laine  de la Mai­son de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Cop­pée pourPsaumes de l’espérance en 2013. Son jour­nal intime, Les nuages de l’âme, paraît en 2016, regroupant des frag­ments des années 1996 à 2016. Par­mi ses pub­li­ca­tions poé­tiques récentes : Abîmes cachés(2010) ; Psaumes du bel amour(2010) ; Belles saisons obscures(2012) ; Psaumes de l’espérance(2012) ; Le Vil­lageemporté (2013) ; Pas­sant (2014) ; Les Etreintes invis­i­bles (2016) ; Nuits (2016) ; Tisons(2018) ; Un chardon de bleu pur(2018) ; Depuis tou­jours le chant(2019) A paraître : Ain­si par­lait Georges Bernanos(Arfuyen) ; Psaumes de la Foi vive (Ad Solem) ; J’appelle depuis l’enfance (La Coopéra­tive). En 2019 parais­sent Ain­si par­lait G.Bernanos, Psaumes de la foi vive, Depuis tou­jours le chant ; en 2020 J’ap­pelle depuis l’en­fance (La Coopéra­tive) et Une brûlante usure (Le Silence qui roule), Vers le Vis­age (Le Silence qui roule, 2023) et Cette allée qui s’ef­face (Arfuyen, 2024)

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