La revue Goéland éditée à Bordeaux par les éditions Nouvelles Traces, consacre son troisième numéro de 150 pages à Kenneth White, le père de la géopoétique, décédé en août 2023. Il s’agit d’un hommage de la part de celles et ceux qui l’ont connu, apprécié, qui ont été inspiré par lui.
Chacun des rédacteurs et rédactrices se souvient bien de l’instant de la rencontre avec celui qui à jamais marquera leur vie. Iels s’accordent toutes et tous pour décrire un auteur passionné, passeur pédagogue d’une grande intelligence, d’un caractère bien trempé d’Ecossais devenu Breton.
Mais sa vision de la géopoétique n’a rien d’un nationalisme ni même d’un régionalisme. Il s’agit pour lui d’approfondir la pensée de Hölderlin pour mieux habiter poétiquement la terre non pas autour du triptyque “Le moi, le mot, le monde” mais plutôt exclusivement orienter la pensée vers une poésie sur le monde. “Landscape / mindscape / wordscape” intitulait-il un de ses ouvrages. Ressentir les lieux, la puissance d’un paysage, selon le pouvoir des règnes minéral et organique.
Mais la encore, aucun message politicien, encore d’écologie politique. Le poétique considéré comme un dynamique de la pensée. Le géographique pour mieux s’arrimer à notre planète.
Kenneth White exprimait régulièrement ses points de vue dans divers colloques et conférences. S’y mêlaient géologie, philosophie, géographie, biologie, ethnologie, économie, etc. dans des débats au bouillonnement intellectuel très riche. Lui qui dénonçait “une civilisation dénuée de culture” s’efforçait à partager la sienne enrichie de multiples lectures.
Kenneth White n’est plus, mais sa pensée ne s’efface pas, elle se poursuit et s’approfondit au sein de l’Institut international de géopoétique présidé désormais par Régis Poulet.