Patrick Pécherot, Lettre à B

Par |2019-09-25T08:05:05+02:00 1 septembre 2019|Catégories : Patrick Pécherot|

On con­nais­sait cet auteur ver­sé dans le polar aux braque­urs loosers (Soleil Noir), aux cam­bri­oleurs décou­vreurs de macch­a­bée (Les brouil­lards de la Butte) ou aux rôdeurs du Boule­vard des Bran­ques.

Or Patrick Pécherot  ne recherche plus des coupables en des aven­tures plus ou moins bran­quig­no­lesques, mais il pour­suit une toute autre quête : celle de la Bar­bara errant simul­tané­ment dans Brest et dans le poème de Jacques Prévert  (in Paroles) ! Quit­tant son errance détec­tive des meilleures mar­gin­al­ités, il fouaille désor­mais tous  les vers de ce poème d’où émer­gent des « fleurs de bitume ».

Avec une vraie nos­tal­gie, sa longue mis­sive suit cette femme – « B. » dans Brest, cette ville ou « tout est bal­ance­ment » (dont les hanch­es des pros­ti­tuées). Il  chem­ine « rue de Siam » et la croise même dans le film Quai des Brumes. Cette Bar­bara si proche de « bar­bare » « que la guerre arrache à la vie ». Il décou­vre cette pluie mar­tiale « de fer de feu d’acier de sang ». Il recense enfin les prénoms des années 40 (il n’y a que 100 Barbara).

Patrick Pécherot, Let­tre à B., illustrations 
Michel Jul­liard, Edi­tions du Petit Ecart, 2018

Sur la cou­ver­ture, les illus­tra­tions de cou­ple au tracé argen­tique de Michel Jul­liard (marin en goguette, accordéon­iste à béret, femmes en robe sim­ple avec  mégot au bec) s’intègre à cette tristesse du recueil dédié par l’auteur à son « étoile » Christiane.

Ce « poète-poète » se mue et s’invente en por­teur d’irréel : « Les poètes maquil­lent la vérité, sans même s’en ren­dre compte.  C’est leur plus grand défaut. » Oserai-je avouer que c‘est, pour moi, lec­trice, leur plus belle qual­ité ! Au demeu­rant, Pécherot estime que « la lec­ture est un voy­age » : elle l’est autant pour lui en tant que lecteur de Jacques Prévert que pour la lec­trice par­ti­c­ulière de ce lecteur là (à savoir moi). Quel voy­age, donc ? Quel irréel ? Voilà qui nous ren­voie à Pes­soa : « Fein­dre est le pro­pre du poète/Il feint si complètement/ qu’il en arrive à fein­dre qu’est douleur/la douleur qu’il ressent vraiment».

 

Présentation de l’auteur

Patrick Pécherot

Patrick Pécherot est un jour­nal­iste, écrivain et scé­nar­iste de ban­des dess­inées français.
 
 
 
 
 

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Jane Hervé

Jour­nal­iste aux Nou­velles Lit­téraires, auteure de La femme de lune (édi­tions Gal­li­mard), Née du chaos, et Le soleil ivre  (édi­tions du Guet­teur). Co-auteure de  La femme tatouée et de Neige d’amour avec le pein­tre Michel Jul­liard et co-auteure de pièces de théâtre : La légende de Guritha, femme viking et de Guritha, le retour avec Danièle Saint-Bois. janeherve@free.fr — voir aus­si : http://leguedelange.over-blog.com/
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