Cather­ine Gil Alcala, La Foule div­ina­toire des rêves,

Il est une poétesse qui grandit avec ses rêves. Ceux-ci sont les lieux où se réfugient ses pen­sées, où tout peut arriv­er, où rien n’est impos­si­ble. Là, Cather­ine Gil Alcala s’évade à sa façon, déploy­ant et dévi­dant ses cœur et corps enchevêtrés.  Il arrive qu’ « un morceau d’arc-en-ciel tombe à ses pieds », qu’ « un nain chevauche un chien en pelure d’orange » , que « des mains d’arc-en ciel déroulent des rubans bar­i­olés »… 

Cather­ine Gil Alcala, La foule div­ina­toire des 
rêves, Edi­tions La mai­son brûlée, 2018, 15€.

Il arrive que « la dame d’un mirage joue au bil­bo­quet aztèque » ou qu’une autre dame « dévore le cœur épicé de l’amant ». L’auteure y ren­con­tre même l’homme d’un rêve qui « joue son pro­pre rôle » :  Lawrence et « sa parole déper­son­nal­isée dans les bruits de quin­cail­lerie de l’immensité » ou  Lear – sans doute le roi -  « allongé sur un lit pli­able ». Sa poésie flotte au-dessus du monde de poème en poème, à l’image de la vision qu’elle déploie d’elle-même : « Je marche sans touch­er le sol » (rêve 26), puis « Je marche vers le rivage/Je veux me noy­er dans la mer pour renaître » (rêve 30). Un tel « ver­tige au bord du vide/dans le miroir éter­nel d’âme folle » (rêve 35), racon­te ain­si l’histoire d’une femme dont la plongée dans le gouf­fre sous-marin aurait pu être noy­ade, mais qui revient vers le rivage où appa­raît un crabe jaune, « une étoile de mer » . La créa­trice accom­plit une sorte de ronde à tra­vers elle-même, où toute fin n’est qu’apparente mais recèle en secret un autre com­mence­ment. Se devin­er soi-même à tra­vers ses rêves-miroirs offre par­fois d’heureuses surprises.

Cette per­formeuse met ensuite sa poésie en dessins fugaces et som­bres, en mou­ve­ment et en gestes. Elle la pro­longe en une sorte d’offrande déli­cieuse­ment illogique devant les spec­ta­teurs de son théâtre de l’intériorité (La foule div­ina­toire des rêves, Dérélic­tion de l’Art, Miroir 10).

 

 

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Serge Pey, Math­é­ma­tique générale de l’infini

D’où vient l’envie soudaine de con­sul­ter cette Math­é­ma­tique générale de l’infini, de me jeter dans ces mots poé­tiques  – certes mon habi­tude – déchaînés sur qua­tre cen­taines  de pages ? Com­ment entr­er dans un tel univers  dis­posant de mul­ti­ples portes d’accès, évi­dentes ou secrètes, réelles  ou inven­tées, hall ou vestibule, cul-de-sac…  au risque d’être emportée par un courant d’air ou un ouragan.

L’auteur en soi excen­trique avait accep­té au Marché de la Poésie de me dédi­cac­er son livre sans que je ne le mette à sa dis­po­si­tion (l’opuscule était resté chez moi). Sur mon cahi­er de brouil­lons, j’ai eu néan­moins droit à la même estime que la sol­lici­teuse précé­dente qui ser­rait en main  le vrai pro­duit Gal­li­mard. A savoir une dédi­cace au sty­lo noir sur laque­lle se pose, en un sec­ond temps, un per­son­nage suc­cinct  esquis­sé au sty­lo rouge. Serge Pey s’exécuta avec une étin­celle fugace dans le regard, écrivant au noir : « A Jeanne, mon amie/Sur ce livre absent/En remon­tant l’échelle de tous les poèmes/En vous embras­sant». Puis au rouge, il traça d’emblée un per­son­nage  au corps  qua­si-rec­tan­gu­laire dans la lignée d’une dalle funéraire : la tête en bas avec deux yeux ronds, les deux pieds en haut et sans  mains (hormis deux gri­bouil­lis rouges).  

Serge Pey, Math­é­ma­tique générale de l’infini,
pré­face d’André Vel­ter, Gal­li­mard, févri­er 2018, 
432 pages, 8, 50 €.

Posi­tion incon­fort­able à la Doc­teur Knock ! L’énergie graphique de Pey pour la banale pas­sagère du Marché que j’étais, m’imposa un pen­sum d’été : essay­er de croire que je pou­vais cern­er une démarche poé­tique qui sem­blait faire  tout pour se ren­dre insai­siss­able. 

La pre­mière inter­ro­ga­tion  sur le titre de l’ouvrage,  inté­grale­ment répété dans plusieurs poèmes  (Le haut sac­ri­fice de midi, Mon­naie nou­velle  au 21ème « bâton »)  con­for­t­ait  déjà  mon goût secret de l’énigme.  Sem­blable inti­t­ulé révèle habituelle­ment un idéal philosophique :   la « math­é­ma­tique » (l’ordre et la quan­tité de quelque.s  chose.s)  de l’« infi­ni » (n’ayant de lim­ite ni en forme ni en taille) est néan­moins sus­cep­ti­ble d’être « générale » (en regroupant  la majorité ou tous les cas). Ni plus, ni moins ! Ouf. L’art math­é­ma­tique devrait donc se révéler plus ou moins sub­rep­tice­ment  au fil des pages — tan­tôt ici, tan­tôt là — de divers­es manières. 

Tout d’abord par les signes tra­di­tion­nels pro­pres aux opéra­tions math­é­ma­tiques. Ain­si en est-il de la mul­ti­pli­ca­tion : « Pour mul­ti­pli­er le chemin/l’homme a besoin de deux bâtons/qu’il croise comme un signe ». Puis de la sous­trac­tion : « Nous soustrayons le  Nombre/à son chiffre impar­fait ». Puis de l’addition : « Nous traçons la croix/d’une addition/quand un oiseau s’échappe du vent/pour s’ajouter à un arbre».  Puis de la néga­tion : «Nous jetons  des  oui/puis des clefs/pour entr­er dans les néga­tions ». Dans quel but ? Le poète ne sem­ble pas hésiter puisque « Nous organ­isons l’ordre/dans le désor­dre des boussoles » .

 Cet enchevêtrement inex­tri­ca­ble n’était  pas pour me déplaire, car la rai­son s’y per­dait. Alors pourquoi ne pas per­sis­ter à lui arracher un sens, ne serait-ce que pour jus­ti­fi­er cette note de lec­ture. L’aspect réduc­teur du pro­jet  parut évi­dent : l’insensé se con­tentant de lui-même !  Je choi­sis d’emprunter un chemin de Petite Poucette, d’abord ryth­mé par le repère/repaire des nom­bres, mes pier­res d’égarement très cal­culé ! 

Ah, sou­tient car­ré­ment le poète : « Nous sommes/le Nombre/C’est nous/Nous comptons/sans compter/Nous soustrayons le Nom­bre à son chiffre impar­fait » .  « Compter sans compter » ou « chiffre impar­fait »… Des aber­ra­tions logiques inscrites en une phrase poé­tique sac­cadée, hale­tante, hachée en petits morceaux.  Des miettes d’insensé encen­sé. D’un tel  con­stat  découle aisé­ment l’affirmation : «  le soleil est un zéro/au fond du puits » .  Le cer­cle solaire peut se tapir, telle la vérité, au fond d’une exca­va­tion. Pourquoi pas ? Pour­tant cha­cun sait que le zéro étant zéro, il est un rien sans lieu ou place ! Ou du moins n’a‑t-il de place qu’en poésie dans l’imaginaire ful­gu­rant du créa­teur. La meilleure, sans doute.

Rien ne nous étonne plus désor­mais.  Une telle inco­hérence*  peut muer  l’univers de Pey en un bûch­er stupé­fi­ant, intro­duc­teur d’un infi­ni imprévu qui n’est pas tout à fait lui-même : « Les photos/voient brûler leur halte/et salu­ent les chiffres/venus d’un infini/caché dans une marge ». Der­rière cet infi­ni mar­gin­al – dif­fi­cile à con­cevoir -  s’inscrit en out­re un sec­ond infi­ni (le même masqué ? le même devenu autre?). Or ce néo-infi­ni  peyien/peyesque ne sup­porte pas l’enfermement ou le con­fine­ment dans sa « marge » . « Je ferme la porte à clef/car elle prend/ l’habitude de l’infini/ de  son ouver­ture entre­bâil­lée».  Ici, on n’est pas dans la cham­bre close où Barbe Bleue case ses épous­es curieuses !

Tout se com­plique en décou­vrant que cet infi­ni ver­sion Pey  pos­sède de sur­croît  les car­ac­téris­tiques du fini qu’il n’est pas. Cet infi­ni là — para­dox­al  car fini -  se mesure pour don­ner un réel tour­nis au lecteur. Ain­si il est pos­si­ble de « compter les pieds/de l’infini »  et de les compter deux fois et  même d’« allonger l’infini/d’un pas plus grand que lui » .  Pour aller encore plus loin, l’infini se développe non seule­ment dans l’espace – trop facile — mais aus­si dans le temps du poète qui se cale sur celui de l’homme préhis­torique de Tau­tavel : « J’ai/quatre cent cinquante mille ans/plus ou moins l’infini/sans lui et con­tre lui/Je ne sais pas s’il est fini/ » . Tels sont les prémices ver­tig­ineux de  notre « human­ité du XXIe siè­cle » !  Cette tem­po­ral­ité immense est reprise en leit­mo­tiv : « J’ai/quatre cent cinquante mille ans/Je ne sais pas/un peu moins/un peu plus/que l’infini » . Pris dans le temps ce qui cesse d’être le temps chronologique en devenant l’éternité — le tou­jours temps, le encore-temp­s‑, le poète (ou  le lecteur/rice) revient au point de départ (le titre de l’ouvrage).  En effet, cette éter­nité sous­trait le paysage « dans la math­é­ma­tique générale de l’infini ». Un temps-espace qu’il n’est pas vain d’appréhender ou de détru­ire.  Une  « épi­taphe » porte cette alter­nance  fini-infi­ni,  telle une mar­que de la vie-mort : « Car mourir c’est voir/de tous les angles de la mai­son infinie/jusqu’à ne plus penser qu’on voit ». Vivre con­sis­tait, à l’opposé, à voir une mai­son finie en pen­sant tou­jours qu’on voit.  Vivre ou mourir, ont un point com­mun : « voir » . Reste qu’à un moment du déraison­nement poé­tique  le poète lui-même n’en peut plus : sa quête math­é­ma­tique d’infini devient : « un coup de fusil /tire vers l’Autre chose/qui bal­aie le champ/où l’idée d’un dieu mort… »

Que not­er encore dans ce dédale poé­tique pos­sé­dant  dif­férentes strates de lec­ture ? La préémi­nence d’un « nous » , por­teur d’engagement. Il hon­ore ce Pey qui dansa la sar­dane devant les fusils dans l’horrible camp de con­cen­tra­tion d’Argelés (comme Rim­baud  chan­tait dans les sup­plices).  Cet incar­céré est-il  l’un de  ses  ancêtres (ou s’il ne l’est il pour­rait l’être) auquel il s’identifie ? Le « Je » n’est qu’exception que le poète  Pey  s’autorise pour être celui  de cette femme « envoûtée » qui aban­don­na sa fil­lette sur une plage de Berck. Il exprime par­fois des moments inso­lites  :  « je te caresse avec un lézard de morphine/et je jouis à mort dans ta chèvre puante et tes cra­pauds » . Ou il s’inscrit dans une  con­ju­gai­son  per­son­nelle, don­nant un coup de pied à l’orthographe : « Je tu nous vous îles ailes » .

De fait, sa pen­sée  s’exprime sans ponc­tu­a­tion  tan­tôt par coup de butoir au réel (« Avor­teuse d’escargots/et de sar­dine » ,  « Nous por­tons des étoiles/dans un sac de pommes de terre/et d’oignons » , etc.,  tan­tôt par une propen­sion  à la déf­i­ni­tion orig­i­nale (la mort est un miroir, les mots sont les petits jou­ets cassés de la mort, la mer est mère des poupées, la lune est une roue de trop à la brou­ette, le vent est un oiseau, etc.). Une clef  de lec­ture pos­si­ble est don­né au hasard des pages : « Quand nous commençons/une définition/par un arti­cle indéfini/nous écoutons/ deux fois l’infi­ni/dans  tout ce qui a dis­paru** » 

Que voulez-vous, « Nous sommes là pour rire » ! Le poète  le sug­gère. A moins qu’il ne se mette, comme le Guig­nol lyon­nais,  à don­ner des coups de « bâton » pour les bêtis­es com­mis­es en ce com­men­taire. Ces bâtons sur lesquels il a déjà inscrit ses pro­pres poèmes, peu­vent accueil­lir de nou­velles colères,  cri­tiques ou des désac­cords avec le monde.

 

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* Le mot n’est pas péjo­ratif mais logique

** Le lecteur souligne la racine des mots, non le poète qui l’emploie.

 

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Olivi­er Domerg, La somme de ce que nous sommes

« La somme de ce que nous sommes », ce dont nous sommes la somme. Voila un titre qui tourne en boucle dans la tête et se retourne sur lui-même, tan­tôt comme un ser­pent Ouroboros se mor­dant la queue, tan­tôt en s’enrubannant en un Möbius du langage.

Nous sommes presque som­més de croire que nous sommes la somme de quelque chose, nous addi­tion­nant en quelque sorte à nous-mêmes. Pourquoi ne pas explor­er ce mot « somme » avant de se lancer dans la rédac­tion d’un com­men­taire ? Son et sens emmêlés. Le poète-enfant Olivi­er Domerg se glisse ain­si… dans un « demi-som­meil si léger, si sen­suel » qu’il en perd la notion du temps !  En une sorte de ver­tige, il décou­vre que « nous sommes faits de vieilles géolo­gies intérieures, de som­bres épais­seurs du temps ». Il est alors emporté vers « l’absence de som­meil » plus extrême, cette « insom­nie comme un scalp ; comme un rapt ». Il con­tin­ue néan­moins imper­turbable ses addi­tions sur le vif : « En somme », il tisse et « tresse » trois états du texte qu’il détecte et déploie à tra­vers ces lieux mag­iques d’enfance que sont le jardin, le ruis­seau, l’île. Cette tri­ade d’espaces sin­guliers prop­ices – ici ou là – engen­drent des sou­venirs et sen­ti­ments égale­ment sin­guliers. Autant de bases « de départ » en quelque sorte, tou­jours en con­nivence avec ce qui la suit tout en la … précédant.

Olivi­er Domerg, La somme de ce que nous sommes,
Edi­tions Lan­sk­ine, 2018, 112 pages, 14 €.

Nous n’échapperons pas à cette lec­ture-com­men­taire grâce à un « somme » apaisant ! Car nous réal­isons brusque­ment la présence – pour­tant évi­dente — de ce « nous » dans l’intitulé. « Nous », c’est qui ? Domerg et ses lecteurs ou ses copains d’enfance indis­tincte­ment, Domerg et les humains en général dont moi en par­ti­c­uli­er, Domerg qui se pense en être uni­versel. Rien n’est impos­si­ble.  Cha­cun de nous étant uni­versel à sa façon ! Tout prend peu à peu sens, d’autant que les qual­ités graphique et humaine de l’édition (*) inci­tent à poursuivre.

Offrons-nous d’abord un caprice de lec­trice, en entrant dans le « bleu » , un cer­tain bleu franc dont la présence est ressen­tie sous les mots de chaque poème ? Certes ce bleu Domerg occupe une place d’emblée recon­nue, celle du ciel. « Tou­jours bleu ? Bleu dans la chair de nos sou­venirs. Bleu dans la con­science aigüe que nous en avions ». Pourquoi ? Parce que l’enfance « est le lieu de la clarté la plus vive » , celle du com­mence­ment ou du point d’origine. « Si le ciel est tou­jours bleu, c’est que l’enfance est lumineuse ».  Les équiv­a­lences espace et bleu, temps et enfance con­stituent son évi­dence poétique.

Ce bleu – son bleu — se décline dif­férem­ment selon les lieux dans la nature :  il peut être le bleu « exta­tique » du parc du Mugel aux « con­fig­u­ra­tions pré­cis­es » dans le Sud (parc de la Cio­tat).  Un bleu en exten­sion qui va depuis « Saint-Jean jusqu’aux Crêtes, immense, trou­blant » . En Bre­tagne, il devient pour­tant celui de « l’ombre » des « block­haus éter­nelle­ment enlisés » . Plus cul­turel, il peut se muer en cette couleur peinte sur le « tableau de Jean » , dont l’eau est d’un « bleu soutenu ». 

Il advient que ce bleu croise le blanc : ici, la « fix­ité du bleu, blanc des roches » au bord du ruis­seau ; là, le sur­gisse­ment de la « nature » (de l’objet île, ce me sem­ble) « nette et blanche sur fond bleu » .  Cette con­tiguïté du blanc et du bleu est, d’une cer­taine façon, très méditer­ranéenne (à la grecque).

Choi­sis­sons l’île pour séjour de l’esprit, aboutisse­ment ou début de soi ? Ce lieu de fan­tas­magorie est tan­tôt un « jou­et » de l’imagination, tan­tôt au « com­mence­ment de l’écriture » , tan­tôt cette même île est « elle », tan­tôt elle est « il/lusion de sa présence ». Cette enfilade de sig­ni­fi­ca­tions insu­laires se développe du réel (jou­et) au conçu (écri­t­ure), au genre (il-elle) puis au pro­duit ludique d’un jeu de sonorités (il/lusion). Ain­si la pen­sée du poète revient autrement… au jeu du jouet !

Il appa­raît peu à peu que ce poète à la légèreté pro­fonde – oxy­more ! – cherche et vit selon une « géométrie du plaisir » . Ce goût du jouis­sif émerge dès que ce pre­mier mot pronon­cé devient « JEUométrique » en remuant nos trompes d’Eustache ! Il con­duit du ruis­seau « jusqu’à la mer », en suiv­ant une leçon tra­di­tion­nelle de géo­gra­phie. Après tant et tant de march­es de pier­res dévalées dans le jardin, les enfants enten­dent « la conque des songes » , la « cré­celle enrouée » d’un moulin sonore, décou­vrant d’autres cordes « con­tre les sœurs de la harpe » :  une musique secrète et sub­tile perce ain­si der­rière la prose.

Cepen­dant le lieu men­tal de l’enfance n’est pas dans ce passé où cha­cun croie qu’il est.… Notre enfance qui « grandit » reste « devant nous » . Au fil de sa crois­sance, elle  grandit en per­me­t­tant aux ancêtres d’émerger : ain­si grand-mère qui, « comme un roc chan­tourné (…) fixe la trame inces­sante des vagues » ; ain­si grand-père qui joue du vio­lon en gilet et  cos­tume som­bre, « debout devant la bib­lio­thèque en aca­jou » . Est-elle aus­si cette « forme dans la forme » (pas seule­ment celle de l’île) ? Nous retrou­vons ça et là « les iden­tités fluettes et lumineuses de ceux que nous sommes et que nous fûmes » . Nous sommes… Nous voici revenus au début de ce com­men­taire, et même avant lui puisqu’il est ques­tion de ce « que nous fûmes » ! Il ne manque plus désor­mais que la somme de ce que nous serons ! Elle sera peut-être dans le prochain ouvrage ?

 

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(*) L’édition dont le nom révèle l’histoire d’une grande ami­tié de M. Lan­sk­ine avec l’éditrice Cather­ine Tourné, base de sa  présente démarche éditoriale.

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Jane Hervé

Jour­nal­iste aux Nou­velles Lit­téraires, auteure de La femme de lune (édi­tions Gal­li­mard), Née du chaos, et Le soleil ivre  (édi­tions du Guet­teur). Co-auteure de  La femme tatouée et de Neige d’amour avec le pein­tre Michel Jul­liard et co-auteure de pièces de théâtre : La légende de Guritha, femme viking et de Guritha, le retour avec Danièle Saint-Bois. janeherve@free.fr — voir aus­si : http://leguedelange.over-blog.com/