Après l’or­age, tel est le thème cen­tral de cette revue ani­mée par Jean-Christophe Belle­veaux, Jean-Marc Flapp et Côme Fredaigue. Les belles pho­tos de Cédric Mer­land appor­tent le som­bre puis­sant à ces pages sou­vent dénonçant les tra­vers du monde actuel et l’ex­plo­sion qui pour­rait s’ensuivre. 

Une telle thé­ma­tique est for­cé­ment source de poésie et cette revue en mul­ti­plie les formes en une dis­so­nance de formes agréables entre pros­es, poèmes (courts ou longs), cal­ligra­phies, et pho­togra­phies bien sûr. 

Beau­coup des auteurs de ce numéro s’in­ter­ro­gent comme Math­ieu Le Mor­van : “quelle couleur aura le monde après l’or­age ?”

Dans le “Tic Tac Tic Tac Tic Tac” qui rap­proche de la mort,  Joseph Lantier essaye de “tenir l’équili­bre autant que pos­si­ble. Tenir” Philippe Mal­one lui, voit “Au fond des gorges / un min­erai de cri”. Thibault Mar­thouret fait le décompte de ce qui restera “si on se fait la guerre” et pour lui “seuls les œufs durs résis­teront” à la chute. Dans le même ordre d’idée, Lau­rence Fritsch liste les con­séquences de la guerre 14–18 “Après les orages d’acier”.

Après l’or­age, le temps n’ex­iste plus. Il tourne en boucle, plonge, rep­longe, tou­jours dans la même eau qui n’en finit pas de cracher rouge.” (Élise Feltgen)

La solu­tion trou­vée par Benoit Toc­ca­cieli est de “Baiss­er les yeux. S’ef­fac­er. Inex­is­ter. Mais ça suf­fit rarement à éviter l’orage.”

DISSONANCES #47 APRÈS L’ORAGE, octo­bre 2024, 64 pages, 8 euros.

Chris­tine Gui­chou imag­ine dans sa “rêver­ie post-apoc­a­lyp­tique” que “tout est devenu forêt depuis”. Le mythe du déluge est égale­ment très présent. Anne-Marie Jorge Pra­long-Val­our voit que “La mous­son dégueule des jar­res jouf­flues / Alignées en  nurs­es-sol­dats”. Idem chez Mar­i­on Maig­nan :“il avait plu, pen­dant des jours et des jours. jours-gris jours-plats jours-crasse jours-froids, jours bouff­is, demi-jours, nuits-jours.”

Mais l’or­age peut égale­ment être intérieur  “ce matin / j’avale une tor­nade par la bouche / et ma gorge habite / des car­gaisons entières de cris”  (Rachel Boyer)

A not­er égale­ment dans cette revue, la rubrique dis­tinc­tions — nos auteur.e.s ont aimé, avec pour chacun.e des auteurices au som­maire : un livre, un film, un disque pour mieux cern­er ces personnalités

Corinne Le Lep­vri­er, poète fin­istéri­enne, répond à un ques­tion­naire en vingt-qua­tre points et nous livre sa déf­i­ni­tion de la poésie : “où la parole est déséquili­brée, une sincère néces­saire déc­la­ra­tion.”

Dis­so­nances est une revue dense et riche qui offre un panora­ma intéres­sant sur ce que peut être la poésie actuelle.

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