Chronique du veilleur (16) – Marwan Hoss, La lumière du soir

Par |2018-01-07T11:26:29+01:00 13 octobre 2014|Catégories : Essais & Chroniques, Marwan Hoss|Mots-clés : |

Mar­wan Hoss est né à Bey­routh en 1948. Il a pub­lié son pre­mier recueil chez GLM en 1971, fondé à Paris dans les années 80 la célèbre galerie d’art Mar­wan Hoss qui, jusqu’en 2008, date de sa fer­me­ture pour des raisons de san­té, a été une des plus impor­tantes de la cap­i­tale. Mar­wan Hoss n’a cessé de cul­tiv­er la poésie, une poésie dense, laconique, brûlante. La lumière du soir est le qua­trième vol­ume de vers pub­lié par Arfuyen.

Les mots se cabrent
Quelques jours d’écriture
Pour des mois de silence.

Marwan Hoss, La lumière du soir , 82 pages, Arfuyen, 12 euros

Mar­wan Hoss, La lumière du soir, 82 pages, Arfuyen, 12 euros

C’est bien dans le silence qu’il faut laiss­er réson­ner longue­ment ces poèmes si brefs qu’on dirait des lames acérées, des pointes de feu, des jail­lisse­ments de sang. Mar­wan Hoss inscrit tous ses poèmes « dans le com­bat sans pitié / que se livrent la vie et la mort. » Il va au bout de ces deux forces apparem­ment con­traires, en sachant bien que « la mort est surhu­maine » et que « la vie l’est aus­si. » L’écriture poé­tique capte alors dans ses ful­gu­rances ces débor­de­ments, ces excès, qui font par­tie inté­grante de la con­di­tion humaine. Le recueil précé­dent s’intitulait Déchirures.  On y lisait :

D’une main la mort ouvre
La porte à une vie nouvelle
De l’autre
Elle la referme.

C’est dans ces deux gestes con­traires, comme les lèvres d’une plaie qui ne sont jamais cica­trisées, que l’on recon­naît Mar­wan Hoss, qui dit écrire « pour que les mots / ralen­tis­sent (sa) souf­france »  mais qui sem­ble ne jamais pou­voir goûter une véri­ta­ble paix dans cette « lumière du soir » qui est aus­si celle de la fin d’une existence.

Les visions qui l’assaillent ont une forme de pureté que le blanc de la page accentue remar­quable­ment. On décou­vre « une pous­sière d’or », « des rayons noirs », « la couleur de l’ambre ». On ressent surtout la force de cette parole poé­tique incom­pa­ra­ble qui use des mots comme de « lances ». Le lecteur s’en trou­ve atteint au plus pro­fond de lui-même.

 

Notre ami et col­lab­o­ra­teur Gérard Bocholi­er pub­lie un nou­veau recueil de poèmes inédits La Marche de l’aube ain­si qu’un choix de ses pre­miers poèmes, l’Ordre du silence

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Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né le 8 sep­tem­bre 1947 à Cler­mont-Fer­rand (France). Il a fait ses études sec­ondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la lit­téra­ture française et les let­tres clas­siques en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-com­tois par sa famille mater­nelle, à la fron­tière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage pater­nel de Mon­ton, au sud de Cler­mont-Fer­rand, que les poèmes en prose du Vil­lage et les ombresévo­quent avec ses habi­tants. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy lephare obscur,déter­mine en grande par­tie sa voca­tion de poète. En 1971, Mar­cel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étu­di­ant.  Son pre­mier grand livre, L’Ordre du silence, est pub­lié en 1975.  En 1976, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésieArpa, avec d’autres poètes auvergnats et bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres ren­con­tres éclairent sa route : celle de Jean Gros­jean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui con­fie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à par­tir des années 90, mais aus­si l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Per­ri­er, dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996. Son activ­ité de cri­tique de poésie ne cesse de se dévelop­per au fil des années, il col­la­bore  au fil des années à de nom­breuses revues, notam­ment à la Revue de Belles Let­tresde Genève, au Nou­veau Recueil, et surtout à Arpa,dont il assure la direc­tion dès 1984. Il donne actuelle­ment des poèmes à Thau­ma,Nunc,Le Jour­naldes poètes. Cer­tains de ses arti­cles sont réu­nis dans le vol­ume Les ombrages fab­uleux,en 2003. A par­tir de 2009, un an avant sa retraite, il se con­sacre prin­ci­pale­ment à l’écriture de psaumes, pub­liés par Ad Solem. Le pre­mier vol­ume est pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deux­ième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jac­cot­tet. Son essai Le poème exer­ci­ce spir­ituelexplique et illus­tre cette démarche. Il prend la respon­s­abil­ité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vieet tient une chronique de lec­tures, « Chronique du veilleur »,  à par­tir de 2012 sur le site inter­net :Recours aupoème. De nom­breux prix lui ont été attribués : Voron­ca (1978), Louis Guil­laume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Ver­laine  de la Mai­son de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Cop­pée pourPsaumes de l’espérance en 2013. Son jour­nal intime, Les nuages de l’âme, paraît en 2016, regroupant des frag­ments des années 1996 à 2016. Par­mi ses pub­li­ca­tions poé­tiques récentes : Abîmes cachés(2010) ; Psaumes du bel amour(2010) ; Belles saisons obscures(2012) ; Psaumes de l’espérance(2012) ; Le Vil­lageemporté (2013) ; Pas­sant (2014) ; Les Etreintes invis­i­bles (2016) ; Nuits (2016) ; Tisons(2018) ; Un chardon de bleu pur(2018) ; Depuis tou­jours le chant(2019) A paraître : Ain­si par­lait Georges Bernanos(Arfuyen) ; Psaumes de la Foi vive (Ad Solem) ; J’appelle depuis l’enfance (La Coopéra­tive). En 2019 parais­sent Ain­si par­lait G.Bernanos, Psaumes de la foi vive, Depuis tou­jours le chant ; en 2020 J’ap­pelle depuis l’en­fance (La Coopéra­tive) et Une brûlante usure (Le Silence qui roule).
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