Chronique du veilleur (25) – Marc Baron, Dans le chemin qui s’ouvre

Par |2018-01-07T01:13:32+01:00 23 septembre 2016|Catégories : Essais & Chroniques, Marc Baron|Mots-clés : |

Des mir­a­cles se glis­sent la nuit
dans les poèmes

écrit Marc Baron dans son beau livre, empli de souf­fles et de lumières. C’est déjà tout dire : sa con­fi­ance dans ce qui lui vient d’une force invis­i­ble, les vis­i­ta­tions qu’il reçoit sans qu’il les ait cher­chées, leur entrée silen­cieuse dans une nuit où tout est pos­si­ble, l’écriture qui les imprime aus­si légère et sim­ple qu’il est pos­si­ble. Il s’agit pour le poète croy­ant d’être disponible, de laiss­er venir en lui les plus beaux mir­a­cles du jour et de la nuit, d’ouvrir la fenêtre à ces oiseaux mes­sagers pleins d’amour :

Naître ne suf­fit pas
ni le jour qui se lève

Ouvrir la fenêtre à l’inattendu

Au seul moment qui compte
quand l’oiseau se détache
de son poids d’amour sur la branche

Marc Baron, Dans le chemin qui s’ouvre, Editions Vagamundo, 18 euros

Marc Baron, Dans le chemin qui s’ouvre, Edi­tions Vaga­mun­do, 18 euros

Poèmes d’attente et d’espérance, les pages de Marc Baron sont autant de pas sur le chemin de grâce, chemin de pau­vreté qui peut devenir soudain route du ciel. Pau­vreté de l’oiseau et suprême richesse ! Le poète affirme sa par­en­té avec lui, sa voca­tion à s’élever comme lui vers le ciel, « avec la force douce de l’humilité. »  Cette humil­ité se mar­que dans la recherche de son moi pro­fond, dans la quête de sa vérité essentielle :

Je ne me con­nais pas
je suis feuille par­mi les feuilles

Feuille sur le chemin « qui s’ouvre », le poète se laisse saisir par le souf­fle. Ses poèmes brefs, aérés, pleins d’une pré­cau­tion sen­si­ble qui touche immé­di­ate­ment leur lecteur, dis­ent patiem­ment son itinéraire spir­ituel et secret : « chaque mot est un pas. » Ce chemin n’est jamais sûr, il est « incer­ti­tude » mais il donne accès pour­tant à la « vérité ».

La vérité de Marc Baron ne lui appar­tient pas, elle vaut pour tous les hommes en marche, elle porte le plus beau de tous les noms, elle suit la loi que Dieu par son fils a don­née au monde : l’amour. Ce livre n’est que cela : une « ques­tion d’amour », qui est déjà la seule réponse. C’est dire s’il est essentiel.

Aujourd’hui   qu’avons-nous fait de l’amour
pour adoucir les plaies cachées
et relever les ros­es battues par le vent

Qu’avons-nous fait du soleil rouge
qui peu­plait notre sang
et des larmes venues de partout dans le monde

Qu’avons-nous fait pour l’amour
nous qui sommes aimés ?

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Gérard Bocholier

Gérard Bocholi­er est né le 8 sep­tem­bre 1947 à Cler­mont-Fer­rand (France). Il a fait ses études sec­ondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la lit­téra­ture française et les let­tres clas­siques en classe de let­tres supérieures. Orig­i­naire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-com­tois par sa famille mater­nelle, à la fron­tière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le vil­lage pater­nel de Mon­ton, au sud de Cler­mont-Fer­rand, que les poèmes en prose du Vil­lage et les ombresévo­quent avec ses habi­tants. La lec­ture de Pierre Reverdy, à qui il con­sacre un essai en 1984, Pierre Reverdy lephare obscur,déter­mine en grande par­tie sa voca­tion de poète. En 1971, Mar­cel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étu­di­ant.  Son pre­mier grand livre, L’Ordre du silence, est pub­lié en 1975.  En 1976, il par­ticipe à la fon­da­tion de la revue de poésieArpa, avec d’autres poètes auvergnats et bour­bon­nais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres ren­con­tres éclairent sa route : celle de Jean Gros­jean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui con­fie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à par­tir des années 90, mais aus­si l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Per­ri­er, dont il pré­face les œuvres com­plètes en 1996. Son activ­ité de cri­tique de poésie ne cesse de se dévelop­per au fil des années, il col­la­bore  au fil des années à de nom­breuses revues, notam­ment à la Revue de Belles Let­tresde Genève, au Nou­veau Recueil, et surtout à Arpa,dont il assure la direc­tion dès 1984. Il donne actuelle­ment des poèmes à Thau­ma,Nunc,Le Jour­naldes poètes. Cer­tains de ses arti­cles sont réu­nis dans le vol­ume Les ombrages fab­uleux,en 2003. A par­tir de 2009, un an avant sa retraite, il se con­sacre prin­ci­pale­ment à l’écriture de psaumes, pub­liés par Ad Solem. Le pre­mier vol­ume est pré­facé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deux­ième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jac­cot­tet. Son essai Le poème exer­ci­ce spir­ituelexplique et illus­tre cette démarche. Il prend la respon­s­abil­ité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vieet tient une chronique de lec­tures, « Chronique du veilleur »,  à par­tir de 2012 sur le site inter­net :Recours aupoème. De nom­breux prix lui ont été attribués : Voron­ca (1978), Louis Guil­laume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Ver­laine  de la Mai­son de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Cop­pée pourPsaumes de l’espérance en 2013. Son jour­nal intime, Les nuages de l’âme, paraît en 2016, regroupant des frag­ments des années 1996 à 2016. Par­mi ses pub­li­ca­tions poé­tiques récentes : Abîmes cachés(2010) ; Psaumes du bel amour(2010) ; Belles saisons obscures(2012) ; Psaumes de l’espérance(2012) ; Le Vil­lageemporté (2013) ; Pas­sant (2014) ; Les Etreintes invis­i­bles (2016) ; Nuits (2016) ; Tisons(2018) ; Un chardon de bleu pur(2018) ; Depuis tou­jours le chant(2019) A paraître : Ain­si par­lait Georges Bernanos(Arfuyen) ; Psaumes de la Foi vive (Ad Solem) ; J’appelle depuis l’enfance (La Coopéra­tive). En 2019 parais­sent Ain­si par­lait G.Bernanos, Psaumes de la foi vive, Depuis tou­jours le chant ; en 2020 J’ap­pelle depuis l’en­fance (La Coopéra­tive) et Une brûlante usure (Le Silence qui roule).
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