Un recueil au style roman, celui de Flo­rentin Benoit d’En­tre­vaux, Vers l’Autre. Ce qui émeut d’en­trée, c’est la sim­plic­ité nue, la pau­vreté pour­rait-on dire. Dans une époque à la log­or­rhée mal­adive, la parole du poète est vête­ment de pau­vreté con­sen­tie. Les mots de peu con­ti­en­nent les traces de la source pre­mière. Poésie empreinte d’hu­mid­ité, signe d’une eau anci­enne que la langue recèle ain­si qu’on pro­tège un tré­sor, comme son intel­li­gi­bil­ité ini­tiale. D’ailleurs, le mou­ve­ment même du recueil forme retour vers la source. Les poèmes les plus récents ouvrent le chant. 2010. Puis l’on remonte le fil du vers jusqu’en 2005. La nav­i­ga­tion s’est inver­sée. C’est celle du voy­age retour. Les titres des poèmes eux-mêmes vien­nent clore chaque poème et ce mou­ve­ment sem­ble être celui du film qu’on rem­bobine pour recou­vr­er la mémoire des images inau­gu­rales, celles qui ini­tièrent la langue. Cette poésie n’est pas osten­ta­toire. Elle est hum­ble et évi­dente comme la beauté de l’aube saluée par les trilles forestières. La ver­si­fi­ca­tion est courte, hale­tante, comme cher­chant son souf­fle dans une marche de longue haleine et cer­taine de son but à attein­dre. Chanter. Louer le sub­lime des choses vues, de celles pressen­ties. Une poésie du cœur qui bat, une parole de la con­fi­ance et de la joie offerte.

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Gwen Garnier-Duguy

Gwen Gar­nier-Duguy pub­lie ses pre­miers poèmes en 1995 dans la revue issue du sur­réal­isme, Supérieur Incon­nu, à laque­lle il col­la­bore jusqu’en 2005.
En 2003, il par­ticipe au col­loque con­sacré au poète Patrice de La Tour du Pin au col­lège de France, y par­lant de la poé­tique de l’ab­sence au cœur de La Quête de Joie.
Fasciné par la pein­ture de Rober­to Mangú, il signe un roman sur son œuvre, “Nox”, aux édi­tions le Grand Souffle.
2011 : “Danse sur le ter­ri­toire, amorce de la parole”, édi­tions de l’At­lan­tique, pré­face de Michel Host, prix Goncourt 1986.
2014 : “Le Corps du Monde”, édi­tions Cor­levour, pré­facé par Pas­cal Boulanger.
2015 : “La nuit phoenix”, Recours au Poème édi­teurs, post­face de Jean Maison.
2018 : ” Alphabé­tique d’au­jour­d’hui” édi­tions L’Ate­lier du Grand Tétras, dans la Col­lec­tion Glyphes, avec une cou­ver­ture de Rober­to Mangù (64 pages, 12 euros).
En mai 2012, il fonde avec Matthieu Bau­mi­er le mag­a­zine en ligne Recours au poème, exclu­sive­ment con­sacré à la poésie.
Il signe la pré­face à La Pierre Amour de Xavier Bor­des, édi­tions Gal­li­mard, col­lec­tion Poésie/Gallimard, 2015.