Chantal Couliou, Instants nomades

Par |2023-04-06T12:42:10+02:00 6 avril 2023|Catégories : Chantal Couliou, Critiques|

Ses recueils sont comme de petits cail­loux semés sur un chemin de poésie qui a démar­ré il y a déjà près de quar­ante ans, Chan­tal Couliou, partagée entre les cieux brestois et mor­bi­han­nais, a la con­ci­sion comme ter­rain de jeu. Elle pra­tique avant tout le poème court et le haïku. Ses textes nous la mon­trent le plus sou­vent immergée dans la nature mais tou­jours à l’écoute des rumeurs de la ville quand elle y réside. Son nou­veau petit recueil (illus­tré par Yves Bar­ré) est là, à nou­veau, pour en témoigner.

Ces Instants nomades, titre à la fois du pre­mier chapitre et du recueil lui-même, nous font penser à cette Voie nomade évo­quée par  Anne Per­ri­er (1922–2017) dans son livre édité en 1986 à La Dogana. « Ne me retenez pas si/Au détour du chemin/Tout à coup/Emportée vers les sources du jour/J’escalade le chant du mer­le », écrivait la poétesse suisse. Il  y a aus­si des mer­les dans le petit livre de Chan­tal Couliou. Elle racon­te ain­si, dans un de ses instants nomades, avoir eu « pour toute compagnie/le chant d’un mer­le soli­taire ». Et si ce n’est pas un mer­le, c’est un rouge-gorge qui la suit « pas à pas ».

Vivre ces instants nomades, dit-elle, c’est « c’est se délester de ce trop-plein de gris entre terre et mer ». C’est « résis­ter au vent et effac­er ses traces »  (ce n’est pas le « bleu du vent » dont par­le Anne Per­ri­er). Le vent, ici, est obsé­dant et Chan­tal Couliou l’évoque dans d’autres chapitres de son recueil. C’est une « voix », un « souf­fle ». Et ce vent peut être « glacial ». Il « nous convie/à une longue tra­ver­sée de la nuit ». De toute façon (et l’on pense à Brest), il « gou­verne l’horizon ».

Chan­tal Couliou, Instants nomades, Gros textes, 70 pages, 8 euros.

A l’écoute du vent sur sa pro­pre voie nomade, Chan­tal Couliou nous révèle la sen­si­bil­ité qui est la sienne à tout ce qui vit puis dis­paraît (cette notion d’impermanence chère à la sen­si­bil­ité extrême-ori­en­tale). Ain­si évoque-t-elle, dans ses courts poèmes, aus­si bien les pas qui dis­parais­sent dans la neige que la mémoire qui s’effiloche ou encore, en emprun­tant un trot­toir, ce dessin à la craie que la pluie efface. 

Pour Chan­tal Couliou il importe avant tout de « rester à l’écoute », savoir que l’on peut « marcher sans fin / et ne jamais arriver/à bon port ». Elle prône la lenteur, une forme de vie « à l’écart du monde » (qui n’est pas une fuite). « Pren­dre temps, dit-elle, de se pencher / sur la primevère sauvage/qui court sur le talus ». Et elle cite la grande poétesse russe Mari­na Tsve­taïe­va pour qui « la plus belle vic­toire » était de « pass­er sans laiss­er d’ombre ».

Présentation de l’auteur

Chantal Couliou

Chan­tal Couliou est née le à Vannes. Elle est pro­fesseur des écoles à Brest, et a pub­lié une trentaine de recueils de poésie. Elle est mem­bre de la Charte des auteurs et Illus­tra­teurs pour la jeunesse.

  • Bib­li­ogra­phie

 

  • Hori­zons hori­zons, SGDP, 1984
  • Désor­dre, Mai­son Rho­dani­enne de poésie, 1988
  • De l’algue à la pierre, Encres vives, 1997
  • Le chu­chote­ment des jours ordi­naires, l’Épi de sei­gles, 1997, Prix Press-Stances 1997
  • Mémoire de pierre, Encre vives, 1998
  • Petite suite pour un été, Fer de Chances, 1998
  • Les petites blessures de la nuit, Cahiers Frois­sart, 1998
  • Petits bon­heurs, Illus­tra­tions Claire Gar­ralon, Dé bleu, 1999
  • Des chemins de silence, Blanc Silex, 2000
  • Il y a des jours, Fer de Chances, 2001
  • Point d’attache, illus­tra­tions Dany Lecuy­er, Gros textes, 2003
  • Saint Denis, fenêtres ouvertes, pho­togra­phies Pierre Douzenel, PSD, 2003
  • Let­tres à Yvan, La Porte, 2003
  • Jours de pluie, Club Zéro, 2003
  • L’Avancée des jours, Éclats d’Encre, 2004
  • Car­net de petits bleus à l’âme, Les car­nets du dessert de lune, 2004
  • A fleur de silence, SOC & FOC, 2007 — Liste de référence “Lec­tures pour les col­légiens”, 2012, Min­istère de l’E­d­u­ca­tion Nationale
  • Au cœur du silence, Édi­tions La porte, 2008
  • Pour apprivois­er le vent, S’Édi­tions, 2008
  • Ciel de traîne, Édi­tions Clarisse,2008
  • La rumeur de l’hiv­er, Édi­tions Encres Vives, 2008
  • Le soleil est dans la lune, Édi­tions Corps Puce, 2008
  • Géo­gra­phie de l’eau, Édi­tions Corps Puce, Coll. Le Poémi­er, 2009
  • A cloche pied, Ter­tium édi­tions (jeunesse), 2009
  • Une poignée de mots et un peu de vent, Les Car­nets du Dessert de Lune, coll. Dessert, 2009
  • Le vieux vélo de Jules, édi­tions La Renarde Rouge , 2010
  • Rapa Nui, édi­tions Rafaël de Sur­tis, 2012
  • Au creux des îles, édi­tions Soc et Foc, 2012, Prix Camille Le Merci­er d’Erm décerné par l’As­so­ci­a­tion des Ecrivains Bretons
  • Vari­a­tions autour d’une île, édi­tions Encres Vives, Col­lec­tion Lieu, 2012
  • Cro­qués sur le vif, édi­tions Les Car­nets du Dessert de Lune, Col­lec­tion la luneestlà, 2012
  • Le temps est à la pluie, La Porte, 2014
  • Frag­ments d’al­pha­bet, Édi­tions Encres Vives, Col­lec­tion Blanche, 2016
  • Le chu­cho­tis des mots, Edi­tions Les Car­nets du Dessert de Lune, Col­lec­tion la luneestlà, 2016, Prix Joël Sadel­er — Ville de Bal­lon Saint Mars
  • Dans le silence de la mai­son, Edi­tions du Petit Pois, coll. Prime Abord, 2016
  • Le temps en miettes, Edi­tions Soc et Foc, 2017
  • Sans préavis, Edi­tions La Porte, 2017
  • Sens dessus dessous, haïkus en col­lab­o­ra­tion avec Régine Bobée et Choupie Moysan, édi­tions Envol­ume, 2018
  • Sur les ailes du poème, col­lec­tion AAA, édi­tions Voix Tis­sées, 2019
  • Légers fris­sons, col­lec­tion Tan­go, édi­tions Don­ner à Voir, 2019
  • Insu­laires (haïkus), col­lec­tion Dessert, édi­tions Les Car­nets du dessert de Lune, 2020
  • Dans les couliss­es du jardin, col­lec­tion AAA, édi­tions Voix Tis­sées, 2020
  • Du soleil plein les yeux (haïkus), édi­tions Unic­ité, 2020
  • Livre d’artiste
  • Grand large : encres et pas­tel, avec Mar­guerite Rol­land, CMJN édi­tions, 2013
  • Pluie sur les rochers, avec la plas­ti­ci­enne Choupie Moysan, L3V,mt-galerie, 2014
  • Seul le bleu demeure, avec Lydia Padel­lec ( acryliques) , édi­tions de la Lune bleue, 2017
  • Infi­ni et Un reste de lumière avec la plas­ti­ci­enne Maria Desmée, 2019, chez l’artiste
  • Papil­lotes, Ate­lier de Grou­tel, 2019
  • Mac­ules, illus­tra­tions de FIL, Les Ate­liers Mién­née de Lanouée édi­tions, 2019
  • Nou­velles
  • Une petite pluie : nou­velles, Les Décou­vertes de la Luci­ole, 2006
  • Péd­a­gogie et Poésie
  • La clé des mots, édi­tions Buis­son­nières, 2012
  • Pub­li­ca­tions de fich­es péd­a­gogiques (poésie et arts plas­tiques) dans la revue La Classe.

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Pierre Tanguy

Pierre Tan­guy est orig­i­naire de Lesn­even dans le Nord-Fin­istère. Ecrivain et jour­nal­iste, il partage sa vie entre Quim­per et Rennes. En 2012, il a obtenu, pour l’ensemble de son œuvre, le prix de poésie attribué par l’Académie lit­téraire de Bre­tagne et des Pays de la Loire. Ses recueils ont, pour la plu­part, été pub­liés aux édi­tions ren­nais­es La Part com­mune. Citons notam­ment “Haïku du chemin en Bre­tagne intérieure” (2002, réédi­tion 2008), “Let­tre à une moni­ale” (2005), “Que la terre te soit légère” (2008), “Fou de Marie” (2009). Dernière paru­tion : “Les heures lentes” (2012), Silence hôpi­tal, Edi­tions La Part com­mune (2017). Ter­res natales (La Part Com­mune, 2022) Voir la fiche d’auteur
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