Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après 31 ans, L’In­cer­ti­tude ne peut être qu’un paramètre qui ne con­cerne en rien cette belle revue Spered Gouez, qui peut se pencher sur le con­cept ain­si qu’elle a abor­dé une pléi­ade d’autres thé­ma­tiques, en toute altérité.

A l’o­rig­ine de Spered Gouez, il y a surtout un besoin d’ex­plor­er tout ce qui con­stitue notre Bre­tagne intérieure, d’af­firmer sa géo­gra­phie, ses élé­ments, son imag­i­naire et sa mémoire comme univers men­tal. Nous voulons puis­er notre source sous le signe d’Ar­mand Robin dans cette Bre­tagne uni­verselle, non local­is­able, à la fois enracin­e­ment et errance, reli­er l’acte d’écrire à notre appar­te­nance au monde, à la terre, revendi­quer la Bre­tagne comme port d’at­tache per­me­t­tant de larguer les amar­res, en refu­sant l’en­fer­me­ment, le repli sur soi.”

Depuis 31 année, Marie-Josée Christien mène la route de cette revue qui dénom­bre 325 auteurs pub­liés en 28 numéros et 3 ouvrages hors-séries, et insuf­fle cet Esprit Sauvage, qui,  “s’il a un rap­port évi­dent avec Armand Robin, l’e­sprit sauvage est égale­ment une référence à l’oeil sauvage d’An­dré Bre­ton,  une par­en­té avec le son sourd, mat et  puis­sant   de la Bre­tagne sauvage et prim­i­tive dont par­lait Gau­guin, lui qui se définis­sait comme sauvage. C’est aus­si, par déri­sion, un clin d’oeil humoris­tique, car nous sommes encore traités de sauvages et de bar­bares par un cer­tain micro­cosme politi­co-intel­lectuel. Spered Gouez a le souci con­stant de ne pas être une sim­ple addi­tion de textes, mais de faire un oeu­vre col­lec­tive qui ait du rythme et du souf­fle, de créer une syn­ergie pour que vive dans nos pages cet esprit sauvage qui se réfère à l’e­sprit et à l’imag­i­naire, qui parte du sol et de la terre nourricière.”

 

Spered Gouez, L’E­sprit sauvage, n°28, sous la direc­tion de Marie-Josée Christien, Brest, 2022, 145 pages, 16 €.

Fon­da­trice, Respon­s­able de rédac­tion et maque­t­tiste, Marie-Josée Christien porte et tran­scrit sa Bre­tagne natale, et promeut sa langue ver­nac­u­laire, et sa lit­téra­ture, à l’i­den­tité flam­boy­ante, image des paysages de cette région unique et magnifique. 

Mais la Bre­tagne est un point de départ, un lieu d’où l’équipe regarde et accueille le monde, ain­si qu’en témoignent le som­maire de ce numéro qui affiche en cou­ver­ture des pho­tos de Aïcha Dupoy de Gui­tard, une Escale qui nous offre un dossier de Louis Bertholom sur Djamile Mama Gao, poète du Bénin, un Points de vue, Sève noire pour voix blanch­es de Jean-Louis Bernard (édi­tions Alcy­one), lu par Jacque­line Saint-Jean, Marie-Josée Christien et Valérie Canat de Chizy, un Avis de tem­pête / Taol kurun qui décline une carte blanche à Monique W. Labidoire pour un bil­let d’humeur.

D’autres points de ren­dez-vous ryth­ment la revue : Mémoire / Koun : François-René de Chateaubriand (Saint-Malo, 1768 — Paris, 1848) par Yan­nick Pel­leti­er, des Chroniques sauvages : Nuits d’en­cre , chronique de Marie-Josée Christien : sous réserves des arti­cles sur des livres de Fabi­en Clou­ette, Jean-Luc Le Cléac’h, Salah Al Ham­dani, Patrick Picornot, Alain Lacouch­ie, Anna Jouy, Tahar Bekri, Hervé Mar­tin, Cécile Auri­mont, Béa­trice Mar­chal, Christophe Dauphin, Lydia Padel­lec, Chris­t­ian Bult­ing, Pierre Tan­guy, Claire Fouri­er, Pierre Louarn, Patri­cia Godard, Marie-Hélène Prouteau, Jean-Claude Touzeil & Yvon kervinio, Pas­sages , chronique de Guy Allix : arti­cles sur des livres de Gérard Cléry, Gilles Baudry, Bruno Sour­din, Jean-Pierre Siméon ; des Vagabondages : notes de lec­ture par Claude Ser­reau, Jacque­line Saint-Jean, Eve Lern­er, Pierre Tan­guy, Louis Bertholom, Bruno Gen­este, Patrice Perron.Sur des livres de Lydia Padel­lec, Chan­tal Couil­iou, Gérard Le Gouic, Marie-Françoise Hachet de Salains, Jean-Paul Ker­mar­rec, Chris­tine Gué­nan­ten, Gué­nane, Jean Lavoué et un CD d’Eve Lern­er ;  un Épi­logue du cycle Armand Robin : Armand Robin, une his­toire famil­iale en creux, par Gilles Our­voie ; deux dossiers : Tamm-Kreiz, un focus sur Colette Klein, servi par un dossier  signé  Marie-Josée Christien, et la thé­ma­tique du numéro, L’in­cer­ti­tude pour principe, illus­trée par des poètes comme Guy Allix, Cécile Bel­leyme, Louis Bertholom, Jacques Bon­ne­fon, Marie-Claude Bour­jon, Chris­t­ian Bult­ing, Valérie Canat de Chizy, Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian, Marie-Josée Christien, Chan­tal Couliou, Loren­zo Foltran, Chris­tine Kervéadou, Jean-Luc Le Cléac’ h, Nel­ly Lecoq, Ghis­laine Le Dizès, Antoine Lep­rette, Pierre Louarn, Philippe Mathy, Lydia Padel­lec, Damien Paisant, Patrice Per­ron, Jacque­line Saint-Jean, Syd­ney Simon­neau, Murielle Vanderplanke.

Ces rubriques sont servies par une mise en page aérée, qui allie la légèreté d’un papi­er  crème et une typogra­phie claire à car­ac­tères de belle taille, ponc­tuées par  les pho­togra­phies des pages intérieures sont de Philippe Mathy et Cécile Belleyme.

Autant dire que Spered Gouez est un lieu où d’éd­i­fient, se croisent, se parta­gent, des voix et des poésies, du monde, accueil­lies par cette équipe, forte de ses années d’ex­is­tence et de l’i­den­tité mag­nifique de cette terre d’ob­ser­va­tion, de vie et de créa­tion qu’est la Bretagne. 

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.