Entretien avec Pascal Boulanger — La philosophie, on devrait, pour bien faire, ne l’écrire qu’en poème. Ludwig Wittgenstein

Par |2024-01-06T14:58:51+01:00 6 janvier 2024|Catégories : Essais & Chroniques, Pascal Boulanger|

La philoso­phie, on devrait, pour bien faire, ne l’écrire qu’en poème. Lud­wig Wittgenstein

Poète, penseur, philosophe, essay­iste, Pas­cal Boulanger est avant tout un homme à la recherche de justesse, du point d’équili­bre entre le silence et la parole, et de moyens de se tenir debout et agis­sant dans un monde qui se perd dans des haines sécu­laires. Il incar­ne la con­science dis­crète et effi­ciente, l’hu­mil­ité de ceux qui savent. Com­ment énonce-t-il les liens dens­es qui exis­tent entre poésie et philoso­phie, c’est ce qu’il a accep­té de nous confier. 

Pas­cal Boulanger, quel lien existe entre la poésie et la philoso­phie ? Ces deux dis­ci­plines sont-elles éloignées, ou bien proches, se sont-elles croisées, enrichies ? 
Peut-être faut-il, d’emblée, pour déjouer les clas­si­fi­ca­tions arbi­traires, pour élargir le champ et offrir une vision panoramique plus dynamique, rem­plac­er le mot « philosophe » par le mot «penseur». Le lien, du coup, s’établit dif­férem­ment si la pre­mière exi­gence con­siste à penser sa pro­pre dépense, dans un monde à la fois exces­sive­ment ouvert et exces­sive­ment fermé.
Dans ma bib­lio­thèque, et ce n’est pas qu’un détail, mes livres sont classés par ordre alphabé­tique d’auteurs. Autrement dit, ce sont les sin­gu­lar­ités qui m’importent, et non pas les dis­ci­plines et les reg­istres d’écriture. Si je fais cette remar­que, c’est sans doute parce que ma généra­tion a été influ­encée par la notion de « texte », qui refu­sait d’opposer la forme-poésie à la prose.
Avant même de penser, je suis pen­sé, par un appel – celui du monde et de son jeu para­dox­al – et par une foule de penseurs que l’on classe dans les domaines de la théolo­gie, de la philoso­phie, des sci­ences humaines. Pour moi, ces clas­si­fi­ca­tions ne sont guère per­ti­nentes.  A l’inverse, si je prends très au sérieux la fameuse let­tre de Rim­baud à son pro­fesseur G. Izam­bard : Il est faux de dire : je pense. On devrait dire : on me pense (…).  Je suis obligé de ques­tion­ner le statut de la vérité et de son habi­ta­tion. Rim­baud a lu Descartes et il sait que le Je pense donc je suis n’est qu’une ras­sur­ante assur­ance nar­cis­sique d’un miroir ne mirant jamais qu’un autre miroir, dans un vide répété qui car­ac­térise d’ailleurs une poésie envis­agée comme sim­ple sup­plé­ment d’âme.

Arts Réso­nances ani­me au Fes­ti­val “Voix Vives” de Sète une scène où les poètes invités sont traduits en LSF, ou créés en LSF et traduits en français. Ici, un poème de Pas­cal Boulanger, lu par l’au­teur, traduit en LSF par Lau­re David, artiste sourde.

Quelle dynamique unit alors la poésie et la philosophie ?
Penser et écrire, penser en écrivant et écrire en pen­sant, c’est tou­jours faire un pas de côté. C’est échap­per au désir mimé­tique et aux rival­ités qui en résul­tent, c’est demeur­er inactuel et c’est aus­si le con­traire d’une déser­tion. On écrit donc « avec » et « con­tre ». Le lien entre poésie et philoso­phie est à la fois proche et loin­tain. Proche, car quelque chose déjà vient buter et échouer (une insat­is­fac­tion dis­ait G. Bataille) qui néces­site un dévoile­ment. Qu’importe que ce dévoile­ment se fasse en con­cept ou en épiphanie puisque le con­cept se nour­rit d’épiphanies et l’épiphanie de sym­bol­es. Il s’agit tou­jours de com­pren­dre la vie fausse à la lumière de la vraie (G. Debord), et pour cela philosophes et poètes doivent s’armer de leur pro­pre sen­su­al­ité, autrement dit, de leur pro­pre langue.
Un rap­port loin­tain, car j’ai tou­jours pen­sé qu’il y avait une supéri­or­ité intu­itive des poètes sur les philosophes spécu­lat­ifs. Pour un poète, en effet, il ne s’agit pas de s’abandonner à la pen­sée, mais au temps lui-même et au sen­si­ble immé­di­at. Le corps et l’incarnation sont en jeu, en expo­si­tion et en représen­ta­tion. En ce sens, je me sens proche du temps kierkegaar­di­en, celui des dis­con­ti­nu­ités et des rup­tures. L’ouvert devient le nom poéti­co-philosophique de l’Eden, celui de l’écoulement et du fleurisse­ment du temps infi­ni et muet. Il y a enfin, une méta­physique de l’exil dans la poésie, une sans-patrie du temps.
Un rap­port proche, car un philosophe tra­vaille lui aus­si l’écriture et l’étymologie et il pense en pro­fondeur le poème (Hei­deg­ger et ses approches d’Hölderlin, de Trakl, de Rilke en est un exem­ple). Il s’appuie sur une méta­physique des sen­sa­tions qui éclaire son pro­pre rap­port au lan­gage et au monde. Avec rai­son, Alain Badiou explique que la philoso­phie pense la pen­sée et que la poésie est une pen­sée en acte.

Print­emps des poètes 2018, Uni­ver­sité de Caen, lec­ture de Pas­cal Boulanger. Les poètes sont réu­nis autour de la fresque de Sophie Bras­sart. Vidéo Eve de Laudec.

Est-ce que la philoso­phie sous-tend de manière plus générale ton écri­t­ure, tes actes ? Est-ce qu’écrire est un acte ?
Auto­di­dacte, j’ai com­mencé à lire tar­di­ve­ment. Avant, c’étaient les ter­rains vagues de la ban­lieue parisi­enne, le refus bru­tal et sauvage du monde famil­ial et sco­laire. Je quitte le lycée sans même pass­er le bac. Il a bien fal­lu trou­ver une méth­ode, cette sci­ence du sin­guli­er ! Je lisais, je lis tou­jours, je me nour­ris dans le plus ordon­né des désor­dres. J’envisage tout et tout m’envisage. J’ai la bib­lio­thèque et le musée pour moi, je ne m’en prive pas. Je refuse surtout la chute dans l’utilité, dans la marchan­di­s­a­tion, dans le chan­tage per­ma­nent, dans les pas­sions tristes. Je con­teste les principes d’autorité et les fauss­es valeurs. Libre par essence, je cherche encore à me libér­er, à entr­er dans une autre grav­i­ta­tion. Je sais, en lisant Niet­zsche, que j’ai l’art pour que la vérité ne me fasse pas périr. Je me tiens près de l’actualité événe­men­tielle car elle m’informe sur sa pro­pre dés­in­for­ma­tion, sur la pen­sée déjà pen­sée. Je com­prends très vite que la pen­sée blo­quée (celle qui s’exprime dans l’incessant bavardage), prend la fausse fig­ure de la fin de la pen­sée. Or, des pré­socra­tiques à aujourd’hui, ça pense encore, autrement dit il ne faut rien espér­er du dés­espoir (Lacan). Depuis mon ado­les­cence, ma seule préoc­cu­pa­tion a été d’habiter poé­tique­ment ce monde et pour cela de rester a‑collectif, a‑hypnotisable. Un poète ne peut pas, en effet, être dans la jouis­sance nécrophile de la marchan­dise et du déchet.
J’ai appris et j’ai con­stru­it avec des penseurs refu­sant la clô­ture général­isée et sa novlangue. Ma poésie trace un chemin de pen­sées et de sen­sa­tions qui con­voque et même dia­logue avec une foule de penseurs qui tous refusent le babil endor­mi du monde sur le monde. Mes poèmes jouent sou­vent avec l’intertextualité, en les lisant bien, on trou­vera des cita­tions lit­térales ou détournées de pré­socra­tiques, de Saint Augustin, de Niet­zsche, d’Heidegger, de Fer­nand Braudel, de Pierre Legendre… car tout livre est la con­tin­u­a­tion d’un même livre. Plus pré­cisé­ment, je n’aurais pas écrit Tacite (Flam­mar­i­on), Au com­mence­ment des douleurs (Cor­levour) sans avoir lu et médité les livres de René Girard. Mar­tin­gale doit beau­coup aux philosophes Clé­ment Ros­set et Niet­zsche. J’ai beau­coup appris de Pierre Boutang et notam­ment dans son Ontolo­gie du secret, livre pro­fond dans lequel il déconstruit/construit les notions de « sur­veiller » et « veiller-sur ». Notre monde est, en effet, encom­bré de sur­veil­lants, à l’inverse de la poésie qui con­voque des anges bien­veil­lants (ou ter­ri­bles), qui ne sont autres que des paroles épiphaniques, des traits lumineux sur la nuit du monde.
Je me suis surtout nour­ri sans apri­ori, sans restric­tion, me sen­tant libre d’attaches idéologiques et insti­tu­tion­nelles. Il faut, plus que jamais, résis­ter aux oukas­es, aux dogmes, aux divers ter­ror­ismes et s’interroger sur sa pro­pre actu­al­ité en inter­ro­geant l’actualité. La poésie peut met­tre en place un dis­posi­tif d’intégration mêlant les gloires et les débâ­cles intimes et col­lec­tives. Surtout au moment même où le tran­shu­main et le post-humain, toute cette quin­cail­lerie matérielle du télécharge­ment et du télé­verse­ment annon­cent l’enfer d’une cor­po­ral­ité tech­nol­o­gisée. Nous sommes bien engagés dans une obscu­rité d’ignorance et pire encore, d’insensibilité. Mais on peut rêver à une sorte de col­lec­tif para­dox­al de soli­taires et de sol­idaires dont le seul pro­jet sera de ten­ter d’habiter poé­tique­ment (et non économique­ment) ce monde.

Fes­ti­val Voix Vives 2017. Lec­ture à l’aube : Pas­cal Boulanger. Images et mon­tage : Thibault Gras­set — ITC Production.

Pho­to de Une Wittgen­stein en 1930 par Moritz Nähr.

Présentation de l’auteur

Pascal Boulanger

Pas­cal Boulanger, poète et cri­tique lit­téraire né en 1957, père de deux filles, vit près de Com­bourg, en Ile et Vilaine depuis son départ à la retraite. Il a été bib­lio­thé­caire en ban­lieue parisi­enne, d’abord à Bezons (Val d’Oise) puis à Mon­treuil (Seine Saint Denis). Il a mené des ate­liers d’écriture et a été à l’initiative de nom­breuses actions cul­turelles dans le cadre de ses fonc­tions pro­fes­sion­nelles. Il a pub­lié des arti­cles et des chroniques dans des revues, par­mi lesquelles « Action poé­tique », « art­press », « Europe »,  « Triages », « Poési­bao », « Sitaud­is », « Recours au poème »…

Depuis 1991, date de la paru­tion de son pre­mier livre « Sep­tem­bre, déjà » (Europe-Poésie), il a pub­lié des recueils poé­tiques (chez Flam­mar­i­on, Tara­buste, Cor­levour…) des antholo­gies cri­tiques et des car­nets. En 2018, Guil­laume Basquin des édi­tions Tin­bad, pub­lie une copieuse antholo­gie de ses poèmes, sous le titre : « Trame : antholo­gie 1991–2018, suiv­ie de L’amour là ». En 2020 et 2022, les édi­tons du Cygne pub­lient ses recueils « L’intime dense » et « Si la poésie doit tout dire… ». Il est l’auteur, avec Solveig Con­rad-Bouch­er, d’une étude sur Chateaubriand (Edi­tions Arfuyen). En 2023, les édi­tons Tin­bad pub­lient le troisième vol­ume de ses car­nets : « En bleu adorable ».

Bibliographie 

  • Sep­tem­bre, déjà, éd. Mes­si­dor, 1991
  • Mar­tin­gale, éd. Flam­mar­i­on, 1995.
  • Une action poé­tiquede 1950 à aujourd’hui, éd. Flam­mar­i­on, 1998.
  • Le bel aujourd’hui, éd. Tara­buste, 1999.
  • Tacite, éd. Flam­mar­i­on, 2001
  • Le corps cer­tain, éd. Com­p’Act, 2001.
  • L’émotion l’émeute, éd. Tara­buste, 2003Jon­gleur, éd. Com­p’Act, 2005.
  • Jon­gleur, éd. Comp’act, 2005
  • Sus­pendu au réc­it… la ques­tion du nihilisme, éd. Com­p’Act, 2006.
  • Fusées et pap­er­olesL’Act Mem, 2008.
  • Jamais ne dorsle cor­ri­dor bleu, 2008.
  • Cher­chant ce que je sais déjàÉdi­tions de l’Amandier], 2009.
  • L’échappée belle, Wig­wam, 2009.
  • Un ciel ouvert en toute sai­sonLe cor­ri­dor bleu, 2010.
  • Le lierre la foudre, éd. de Cor­levour, 2011.
  • Faire la vie : entre­tien avec Jacques Hen­ric, éd. de Cor­levour, 2013.
  • Au com­mence­ment des douleurs, éd. de Cor­levour, 2013.
  • Dans les fleurs du souci, éd. du Petit Flou, 2014
  • Essai, éd. Tit­uli, mars 2015
  • Guerre per­due, éd. Pas­sage d’en­cre, coll. “Trait court”, 2015.
  • Mourir ne me suf­fit pas, pré­face de Jean-Pierre Lemaire, éd. de Cor­levour,  2016.
  • Trame : antholo­gie, 1991–2018, suivi de L’amour là, Tin­bad, 2018.
  • Jusqu’à présent, je suis en chemin — Car­nets : 2016–2018, éd. Tit­uli, 2019
  • L’intime dense, éd. du Cygne, 2021
  • Si la poésie doit tout dire, éd. du Cygne, 2022
  • Ain­si par­lait Chateaubriand, avec Solveig Con­rad Bouch­er (Arfuyen), 2023
  • En bleu adorable, Tin­bad, 2023

Autres lec­tures

Pascal Boulanger, L’Intime dense

Un recueil qui sonne comme un Angelus, et sig­nale un départ, ou une arrivée, vers une nou­velle exis­tence. Tout entier dans la con­tem­pla­tion, Pas­cal Boulanger a trou­vé l’essence de toute chose, et cette […]

Pascal Boulanger, L’intime dense

Dédié à Hölder­lin, L’intime dense, nous offre des poèmes en retrait du temps et de l’espace, par­cou­rus par le sou­venir de Diotima1 (dou­ble de la femme aimée et absente), des poèmes où « le […]

Pascal Boulanger, En bleu adorable

Qu’est-ce qui pousse Pas­cal Boulanger à livr­er ses Car­nets de l’année 2019 à 2022 ? Que nous appren­­nent-ils après Jusqu’à présent je suis en chemin (2016–2018) et Con­fi­te­or (2012–2013) ? De quoi trait­ent-ils en convoquant […]

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.

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