Davide Napoli, Les Ombres du vide

Par |2022-03-05T17:04:59+01:00 6 février 2022|Catégories : Critiques, Davide Napoli|

L’en­cre. Les encres, les dessins, les poèmes, se croisent et s’en­tre­croisent dans les recueils de Davide Napoli, se dis­persent et se rassem­blent, se tra­cent et s’ef­facent, se trou­vent et s’an­ni­hi­lent, de manière itéra­tive. Mais surtout, tout cherche ce point de ren­con­tre où le trait sera la let­tre et où le tracé des fig­ures devien­dra le dis­cours témoignant de la pos­si­ble inven­tion d’un lan­gage global. 

C’est dans ce recueil que l’év­i­dence de cette démarche d’une cohérence absolue appa­rait. Dans Les Ombres du vide, les poèmes offrent un cadre aux encres, d’au­tant plus effi­cient que l’ensem­ble for­mé par la total­ité des poèmes opère grâce à la régu­lar­ité struc­turelle per­mise par le dis­posi­tif mis en œuvre. L’anaphore organ­ise le pas­sage d’un texte à l’autre  car  chaque poème com­mence par “Comme si de loin”,  et le nom­bre récur­rent de vers, qua­tre, ain­si que l’emploi des italiques sys­té­ma­tisé dans les deux derniers vers,  ryth­ment le recueil, et accom­pa­g­nent les dessins qui, eux aus­si, met­tent à jour cette pos­ture itéra­tive, celle de l’œu­vre, celle de l’artiste, qui appel­lent dans cette cir­cu­lar­ité celle du monde, dans ce bal­ance­ment celui d’a­vant la vie, lorsque le mou­ve­ment de la marche mater­nelle berçait le silence.

comme si de loin
la pous­sière des voix
entre les vibra­tions des anneaux
sym­phonie des branch­es d’eau

 

Davide Napoli, Les Ombres du vide, édi­tions unic­ité, col­lec­tion Le met­teur en signe, 2021, 56 pages, 13 €.

Les phras­es nom­i­nales qui clô­turent  les poèmes ouvrent sur les encres, dessins où appa­rais­sent l’ébauche d’un vis­age, tou­jours le même, présence fan­toma­tique redon­dante, per­due  dans ce mag­ma de traits qui encer­clent la représen­ta­tion inachevée de l’être.  Cette iso­topie graphique rejoint l’i­sométrie des poèmes et ancrent/encrent l’enchâsse­ment de ces deux polar­ités  artis­tiques dans un enchaîne­ment virtuelle­ment infi­ni. Tout recom­mence sans être ni pareil ni différent.

comme si de loin
un chemin de l’inimaginable
images sans voix
gestes sans langue.

Alors que se passe-t-il entre l’en­cre et les encres ? Il n’y a pas de dial­o­gisme, pas plus que de com­men­taire, il n’y a pas d’il­lus­tra­tion ni de reprise, pas de dis­cours et encore moins de désir d’établir un cadre référen­tiel. Le rythme est celui d’une glob­al­ité où le mots cherche le trait et où les tracés écrivent. L’ensem­ble s’in­ter­pénètre là où les mots ont cessé de vouloir dire et où la représen­ta­tion ouvre sur un espace inédit, celui d’une qua­trième dimen­sion séman­tique, qui serait celle d’un lan­gage glob­al qui au-delà du lan­gage et de la représen­ta­tion ouvri­rait à un espace sym­bol­ique. Davide Napoli n’écrit pas, et ne des­sine pas non plus, il fraie des pas­sages vers les uni­ver­saux que nous por­tons tous, vers la manne arché­typ­ale enfer­mée dans nos incon­scients, qui sait que nous sommes un. Un est le trait, signe unifié dans le tracé des let­tres comme dans l’e­space des représen­ta­tions, qui retrou­vent  dans le rythme incan­des­cent de ce recueil leur nature intrin­sèque de vecteur vers un syn­crétisme séman­tique, artis­tique, et humain.

comme si de loin
pour­suite d’un signe
une fois à man­quer pour la énième fois
le pas irréversible du silence

Présentation de l’auteur

Davide Napoli

Écrivain et plas­ti­cien, Davide Napoli explore les formes ful­gu­rantes de la pen­sée, à tra­vers les « in-ten­­sions » de l’encre de chine et de l’écriture. Sa recherche sur le geste du vide et sur le temps explore la chute et le ver­tige du chemin de l’intime.

Doc­teur en Philoso­phie et en Arts et Sci­ences de l’Art, il enseigne Arts plas­tiques à l’université Paris I, Pan­théon Sor­bonne et « Méthodolo­gies et tech­niques du con­tem­po­rain » à l’Ecole des Beaux Arts de Palerme, Ital­ie. Il est mem­bre de l’équipe de recherche « Art Sci­ences et Société » Insti­tut ACTE (Sor­bonne.)

TEXTES / PERFORMANCES / INSTALLATIONS 

2020

« Rési­dence d’artistes en Brenne » Chan­tons aux vach­es, « Humain non Humain. »

« Work­shop : Le jardin comme expo­si­tion et l’exposition comme jardin » à Mona­co, dans le cadre de « Art et Ecolo­gie les jardins exo­tiques » accord de recherche entre L’Ecole des Arts de la Sor­bonne, L’Ecole des Beaux Arts de Palerme et Le Pavil­lon Bosco Monaco.

« Efface­ment et Décon­struc­tion », per­for­mance avec Georges Banu et Car­ole Mes­ro­bian, texte de Georges Banu, et « Sym­phonie Plas­témique » per­for­mance par­tic­i­pa­tive,  à l’Ambassade de Roumanie à Paris, dans le cadre de « POETICA » événe­ment organ­isé par les Edi­tions Transignum.

« Médi­ta­tions de l’ombre » per­for­mance textes et encre de Chine, galerie Michel Jour­ni­ac, dans le cadre des « journée Jour­ni­ac », Uni­ver­sité Paris 1, Pan­théon Sorbonne.

« A part être » ,  texte Anne De Com­mines, dessins Davide Napoli, lec­ture et per­for­mance à la Galerie Espace Le Scribe L’Harmatan, Paris.

2019

« Rési­dence d’artistes en Brenne » Chan­tons aux vach­es, P/CAS#19, Paris Photo.

« Arts et Jalons » Colette Klein reçoit : présen­ta­tion du recueil «  Antholo­gie des ascen­dances » de Anne de Com­mines et Philippe Tancelin et ren­con­tre avec les dessins de Davide Napoli, lec­ture du  « Antholo­gie des Ascen­dances » Éd. Unic­ité, Paris.

« Europalia/art festival/Romania » Théâtre de Liège, per­for­mance « Sym­phonie Plas­témique »,Liège.

 « Chan­tons aux Vach­es », rési­dence per­for­ma­tive tran­scul­turelle, Châteauroux/Migné, « Time­less Résis­tance » avec l’installation et per­for­mance « L’île de la réso­nance »

« You liv­ing room me » per­for­mance immer­sive avec Elodie Lachaud à l’espace Cabaret de la per­for­mance », Paris.

« Seule­ment un lap­sus seul » per­for­mance, texte, dessin,vidéo, dans le cadre du cycle « Infra-Rup­­ture » à l’espace Cabaret de la per­for­mance, Paris.

Il s’agit de l’action de l’encre et de l’écriture qui s’infiltrent dans les mailles/ entrailles du son, du verbe, du sens, de leur vibra­tion et qui touchent un espace frag­ile, le temps d’une errance de la faille, en l’élargissant et en éti­rant sa voie à l’excès…

2018

Cabaret de la Per­for­mance a par­ticipé PARIS CONTEMPORARY ART SHOW BY YIA ART FAIR, LE CARREAU DU TEMPLE (PARIS), Octo­bre 18 — 21.

Une digres­sion dans l’e­space et le temps de qua­tre jours où la per­for­mance se donne à perte de vue et à perte des corps/présences tra­ver­sant l’autre côté de la ligne, du miroir, de l’hori­zon pour échap­per au con­trôle de la conscience …

Paroles/corps/images saute, bas­cu­lent de l’autre côté de l’his­toire d’un voy­age sans retour…

 « Mem­o­ry of the future » soirée per­for­ma­tive en duplex par skype avec WASP Bucarest.

« Noli me tan­gere » per­for­mance avec Isabelle Mau­rel et Cor­nelia Petroiu au Musée Nation­al de la Lit­téra­ture de Roumanie » à Bucarest, Roumanie.

Présen­ta­tion et per­for­mance au salon du livre, stand de la Roumanie, du livre « 101 livres ardois­es » Edi­tions Tran­signum, Paris.

« Efface­ment » per­for­mance avec Elodie Lachaud, dans le cadre du Print­emps des poètes, à la galerie du Buis­son, Paris.

DDD « Des­sein, Dessin, Design » Fab­rique médi­a­tique de l’histoire, Agnes Cal­lu dir., dis­cus­sion et per­for­mance sur « le dessin comme mem­brane sen­si­ble de nos mémoires oubliées » à la galerie du Buis­son avec l’artiste Françoise Per­rono, la galeriste Bar­bara Tan­nery, l’artiste et éditrice Wan­da Mihuleac et Agnes Cal­lu his­to­ri­enne d’art, Paris. http://www.hubtopia.org/2018/09/10/ddd

«Impres­sion, Tainan Artist in Res­i­den­cy, Tainan-Paris, cura­teur et respon­s­able M. Huang-Ti Lin pro­fesseur d’Art à La Nation­al Uni­ver­i­ty CHENG KUNG, Tainan Tai­wan, départe­ment d’architecture, per­for­mance et dessin avec Bon­nie Tchien et Elodie Lachaud/ per­for­mance inter­ac­tive avec Elodie Lachaud/ Per­for­mance « Sym­phonie Plas­témique n°10 avec les étu­di­ants d’Art de La Nation­al Uni­ver­i­ty CHENG KUNG, Tainan Tai­wan, départe­ment d’Architecture.

« Lie Down » per­for­mance texte, avec Elodie Lachaud, Bon­nie Tchien, Amelie Piron­neau, Aymer­ic Ebrard, à l’espace du Cabaret de la per­for­mance, Paris.

« Chan­tons aux Vach­es », rési­dence per­for­ma­tive transculturelle/ Per­for­mance « Les fan­tômes de la con­fu­sion » et instal­la­tion land art «Le pas­sage du rochet vert », à l’espace du cabaret de la per­for­mance, Paris.

« L’âme con­te lame » per­for­mance avec Bon­nie Tchien et Elodie Lachaud, au Cabaret de la per­for­mance, Paris

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PUBLICATIONS

Bib­li­ogra­phie

2021

Intragème, créa­tion écri­t­ure par­ti­tion musique de Jean-Yves Bosseur, Poème, créa­tion graphique et tra­duc­tion de Davide Napoli, Édi­tions Tran­signum, Paris. 2020

2020

« Le lap­sus de l’ombre » Édi­tions Unic­ité, Paris, févri­er 2020.  

2019

«  Paris lap­sus » à l’intérieur du « Un chant pour Paris , anti-guide poé­tique » José Much­nik et Philippe Tancelin, édi­tions Unic­ité, Paris.

2018
« Noli me tan­gere » texte en français, ital­ien, roumain et latin, édi­tions Tran­signum, Paris.

2017
« 101 livres ardois­es »
, livre de textes et de dessins, Édi­tions Tran­signum, Paris.

2016
« Errances Cristallines »
texte sur/avec Bon­nie Tchien Hwen-Ying, Édi­tions Tran­signum, 2016, Paris.

« À part être » dessins de Davide Napoli, textes Anne de Com­mines, Jacques Fla­ment Editions.

2015
« Eco al col­ore », Mono­gra­phie sur l’oeuvre de Alber­to Cont, textes de Yves Michaud et Davide Napoli.

2010–2014
« Videsse la vitesse du vide »
, Édi­tions Tran­signum, 2014, Paris.

« La pen­sée Plas­témique », Edi­tions Tran­signum, 2013, Paris.

  

Autres lec­tures

Davide Napoli, Le Lapsus de l’ombre

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.
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