Si la poésie pou­vait se regarder il est cer­tain qu’on la ver­rait, là, dans ce parc du château de la vil­la Médi­cis tout entière dans les élé­ments de l’œuvre d’Italo Lanfredini !

Ita­lo Lan­fre­di­ni est né à Sab­bione­ta en 1948. Après des études d’art, il com­mence à enseign­er l’é­d­u­ca­tion plas­tique et visuelle à l’é­cole d’art Giulio Romano. La série d’œu­vres inti­t­ulée Incon­tri (Ren­con­tres) et Fonte di vita (Source de vie) remonte à ces années-là, suiv­ie de Dei (Dieux), Veneri (Vénus) et Colonne squar­ci­ate (Colonnes déchirées).

À par­tir du milieu des années soix­ante-dix, la sculp­ture d’I­ta­lo Lan­fre­di­ni acquiert une dimen­sion plus large, il ne s’ag­it plus d’œu­vres objec­tives, mais d’œu­vres qui dia­loguent avec le lieu et son aura. Des œuvres à tra­vers­er, à habiter, à vivre : les Seuils, les Labyrinthes, les Jardins. En 1987, le labyrinthe d’Ar­i­anne rem­porte le con­cours inter­na­tion­al de sculp­ture organ­isé par Anto­nio Presti. L’œu­vre est achevée en 1988–89 sur le haut promon­toire des Mon­ti Nebro­di à Cas­tel di Lucio (Mes­sine). En 1996–97, il a créé le Jardin des forces régénéra­tri­ces à Pradel­lo di Vil­limpen­ta. Dans les mêmes années, il ouvre la mai­son-ate­lier La Silen­ziosa, une sorte de musée per­ma­nent, où sont instal­lées des œuvres comme Il Grande Ray, Ter­ra del­la Ter­ra o gia­rdi­no del­l’an­i­ma, Orig­ine, I nidi, Grem­bo del Seme et bien d’autres. La Silen­ziosa est un lieu ouvert d’échange, de ren­con­tre et d’in­ter­ac­tion, à l’im­age des œuvres de ce sculp­teur, qui vivent et pren­nent toute leur dimen­sion  dans les inter­ac­tions avec le public. 

Vil­la Medici del Vas­cel­lo, inau­gu­ra­tion de l’ex­po­si­tion “Tra­ver­sa­men­ti” d’I­ta­lo Lan­fre­di­ni. Des vis­ites guidées de San Gio­van­ni in Croce sont pro­posées tous les dimanch­es pen­dant les heures d’ou­ver­ture de la rési­dence his­torique. Des ren­con­tres avec l’artiste sont égale­ment prévues le dimanche 8 mai et le dimanche 5 juin. Quo­tid­i­ano La Provin­cia di Cremona

Pas­sages tem­porels et portes vers une autre dimen­sion qui serait alors le lieu d’une fra­ter­nité retrou­vée dans et grâce à l’art, ces œuvres mon­u­men­tales par­fois, par­fois grandes par la puis­sance du con­cept mis en œuvre, racon­tent à la manière du poème ce que l’humanité a de riche, de grand, de promess­es empêchées par quelques-uns vecteurs de men­aces qui n’ont ici plus droit au chapitre. Car c’est un lan­gage entier et immense qui se déploie ici dans le dial­o­gisme avec les élé­ments naturels qui accueil­lent ces sculptures. 

Ita­lo Lan­fre­di­ni — Silen­ziosa — A‑tem­po­rale-2008 

Le labyrinthe d’Ar­i­ane en Sicile, une œuvre du sculp­teur Ita­lo Lan­fre­di­ni. Sus­pendue au-dessus des monts Nebro­di, elle fait par­tie inté­grante de la nature. Au cen­tre se trou­ve un petit olivi­er, sym­bole grec de la sagesse et de la con­nais­sance, métaphore sup­plé­men­taire du voy­age vers la connaissance. 

Dans ce partage entre ombre et lumière, entre struc­ture et espaces où se déploie le paysage alors inclu dans l’œuvre, par­tic­i­pant à l’élaboration séman­tique du tout, c’est une immer­sion dans nos arché­types humains que pro­pose Ita­lo Lan­fre­di­ni, qui appelle le spec­ta­teur à retrou­ver cette source limpi­de lorsque celui-ci regarde, juste, et épouse les traits pais­i­bles qui se découpent dans les jours de ses créa­tions. Il nous révèle à nous-mêmes, réveille notre regard, mais plus encore il illu­mine nos cœurs, le ranime, le touche profondément.

Car qui, de l’artiste ou du paysage, a tracé les courbes de cette sym­biose que for­ment l’union de ces sculp­tures avec le vent, les arbres, la lumière ? Aucun des deux, parce que tout par­ticipe de tout, tout comme nous sommes le vent, les arbres, la lumière. Cet artiste unique  nous le rap­pelle, au com­bi­en, ! Il s’adresse à l’Humain pri­mor­dial, celui qui tend la main à ses sem­blables plutôt qu’il ne l’assassine. Par­mi ces pro­duc­tions absol­u­ment incroy­ables, les poèmes d’au­teurs inter­na­tionaux rassem­blés dans une pièce de la vil­la Médi­cis, sus­pendus au dessus d’une pirogue. Comme une bouteille à la mer, accrochés au-dessus de ce véhicule dont on devine qu’il les portera aux qua­tre coins du monde, comme autant de bouteilles à la mer, et amèneront ce mes­sage de paix et cet espoir d’une terre apaisée. La langue com­mune est l’art, jamais on ne le ressen­ti­ra autant.

Vil­la Medici del Vas­cel­lo : dans la “mer” de Lan­fre­di­ni, l’art est vécu et expéri­men­té — Quo­tid­i­ano La Provin­cia di Cremona

On peut dire que les créa­tion d’Italo Lan­fre­di­ni sont plus que des sculp­tures. Plus, des arch­es où l’artistes nous invite à embra­quer pour éveiller nos exis­tences à la beauté et à la com­mu­nion avec l’horizon du paysage mais aus­si celui de l’avenir qui devra appartenir à ce dedans/dehors de ces œuvres ini­ti­a­tiques. Plus qu’un artiste un homme qui sait, en con­science, unir sa res­pi­ra­tion aux courbes de la matière, pour nous guider vers la sagesse, cette immense atten­due d’une vie, lorsque rire devient épouser les con­tours du silence. Mer­ci à lui pour ceci, haut lieu, où aller bercer le siè­cle naissant.

Page de présen­ta­tion  Piroghe — Mari, poe­sie, dans le cat­a­logue Trav­es­a­men­ti d’I­ta­lo Lan­fre­di­ni, qui présente l’ex­po­si­tion de la vil­la Médicis. 

Cat­a­logue de  l’ex­po­si­tion Tra­ver­sa­men­ti,  d’I­ta­lo Lan­fre­di­ni, pub­lié par la vil­la Médicis.

A propos d’Italo Lanfredini

Ita­lo Lan­fre­di­ni est né à Sab­bione­ta en 1948. Après une for­ma­tion ini­tiale à l’In­sti­tut d’art Giulio Romano de Man­toue, sous la direc­tion d’Al­bano Seguri et d’Al­do Bergonzoni — avec qui il partagera plus tard un ate­lier — il s’in­scrit à l’Ac­cad­e­mia di Belle Arti de Flo­rence, qu’il quitte après la pre­mière année pour pass­er à l’Ac­cad­e­mia di Brera de Milan. Il suit le cours de sculp­ture de Luciano Min­guzzi et les leçons de l’his­to­rien de l’art Gui­do Ballo.

Il ren­con­tre le sculp­teur Francesco Somai­ni, qui s’in­téresse immé­di­ate­ment à son tra­vail et l’in­vite à tra­vailler dans son ate­lier. Cepen­dant, Ita­lo Lan­fre­di­ni a rapi­de­ment quit­té l’ate­lier du maître, craig­nant d’être trop influ­encé par la per­son­nal­ité du sculp­teur à suc­cès. Au début des années 70, il s’in­stalle à Man­toue. Il com­mence à enseign­er l’é­d­u­ca­tion plas­tique et visuelle à l’é­cole d’art Giulio Romano. La série d’œu­vres inti­t­ulée Incon­tri (Ren­con­tres) et Fonte di vita (Source de vie) remonte à ces années-là, suiv­ie de Dei (Dieux), Veneri (Vénus) et Colonne squar­ci­ate (Colonnes déchirées).

À par­tir du milieu des années soix­ante-dix, la sculp­ture de Lan­fre­di­ni acquiert une dimen­sion plus large, il ne s’ag­it plus d’œu­vres objec­tives, mais d’œu­vres qui dia­loguent avec le lieu et son aura. Des œuvres à tra­vers­er, à habiter, à vivre : les Seuils, les Labyrinthes, les Jardins. En 1987, le labyrinthe d’Ar­i­anne rem­porte le con­cours inter­na­tion­al de sculp­ture organ­isé par Anto­nio Presti — le créa­teur de Fiu­mara d’Arte — et l’œu­vre est achevée en 1988–89 sur le haut promon­toire des Mon­ti Nebro­di à Cas­tel di Lucio (Mes­sine). En 1996–97, il a créé le Jardin des forces régénéra­tri­ces à Pradel­lo di Vil­limpen­ta. Dans les mêmes années, il ouvre la mai­son-ate­lier La Silen­ziosa, une sorte de musée per­ma­nent, où sont instal­lées des œuvres comme Il Grande Ray, Ter­ra del­la Ter­ra o gia­rdi­no del­l’an­i­ma, Orig­ine, I nidi, Grem­bo del Seme et bien d’autres. La Silen­ziosa veut aus­si être un lieu ouvert d’échange, de ren­con­tre et d’interaction.

Ita­lo Lan­fre­di­ni — Espaces libres — 2015.

Ita­lo Lan­fre­di­ni — Places — 2008.

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.