Mariela Cordero, Transfigurer est un pays que tu aimes

Par |2022-09-06T09:05:38+02:00 26 août 2022|Catégories : Mariela Cordero, Poèmes|

Mourir est un pays que tu aimais.
Yves Bon­nefoy

Tu trafiques avec des noms,

les pactes et les ombres

couds et découds

                l’anatomie frag­ile

maquilles la voix et l’accent,

incar­nes le repos et la rafale

laves la déso­la­tion prédestinée

et  l’ha­billes de joie

qui erre dans la nuit,

tu dimin­ues le som­meil jusqu’à l’éveil,

unis la brume et la lumière

dans la com­mu­nion d’un ciel de plomb,

humid­i­fies la peau

pour mas­quer les symp­tômes de la sécheresse,

tu con­gèles et fais bouil­lir le coeur

selon le cli­mat que tu veut posséder.

 

Tu per­ver­tis la dureté

  jusqu’à la blessure

                          ten­dre

qui ouvre ta main.

Trans­fig­ur­er

c’est un pays que tu aimes.

∗∗

Les traits pressentis

 

Tous les vis­ages sont perdus

  dans le voyage,

la mémoire affamée

  aspire à les retenir

mais les traces

et les signes

sont dilués dans la marée

de  l’in­cer­ti­tude.

 

Au milieu de la foule

fleu­rit comme un coup

un aspect unique

                   incon­nu

qui devient puissant

et ça te dérange

jusqu’à être percé

pour le bon­heur fulminant

 qui crie:

 la recherche est terminée.

 

  Le vis­age aimé

rassem­ble

tous le traits pressentis.

 

∗∗

Tu aimais transfigurer.

tu étais la pluie qui a précédé la semaille

la dévas­ta­tion qui a miné les récoltes.

 

un corps fleuve, un gron­de­ment de sève et de lumières

 un cadavre enrac­iné dans la terre noire

 le feu agité dans la paume de mes mains

 la vir­u­lence hiver­nale qui m’a abrité quelques nuits

tu n’avais pas de nom, ou de sol

ni état terrestre.

Tu étais

 un coup de pinceau né d’un autre,

tu n’as aimé que transfigurer.

∗∗

L’autre moitié des flammes.

 

Tu rêves d’extraire

rien de plus

que la chaleur de la combustion

et aspires à conserver

unique­ment

la brûlure embellie

qui  fait plaisir à l’oeil.

Tu ne voulais pas pas posséder

l’autre moitié des flammes.

Tu  fuis du feu total

qui dévaste et transforme

tout mou­ve­ment en pierre moulue

tout l’amour en amnésie

tout coeur

                 en cen­dres.

∗∗

Ce qui ne t’a pas percé.

 

Tu cherch­es en moi ce qui n’a pas été annoncé

 et ton oeil exhale une prière circulaire.

  Le brouil­lard per­sis­tant ce qui ne t’a pas percé

                             cor­rompre ton certitude.

Tu cherch­es en moi ce qui blesse.

un trait fauve

l’in­com­mu­ni­ca­ble, qui subsiste

                                         anesthésié

pour la belle enveloppe et les étoiles plastiques.

 

Tu  cherch­es l’an­ti-matière palpitante

                                     insai­siss­able,

 et en sueur

 sec­oué par le chaos

  te ren­des

 à celui qui n’a pas de nom.

 

Présentation de l’auteur

Mariela Cordero

Mariela Cordero (Venezuela, 1985) est avo­cate, poète, écrivain, tra­duc­trice et artiste visuelle. Sa poésie a été pub­liée dans plusieurs antholo­gies inter­na­tionales et elle a reçu quelques dis­tinc­tions par­mi lesquelles:Troisième prix de poésie Ale­jan­dra Pizarnik Argen­tine (2014). Pre­mier prix du IIe con­cours ibéro-améri­­cain de poésie Euler Gran­da, Équa­teur (2015). Deux­ième prix de poésie Con­cor­so Let­ter­ario Inter­nazionale Bil­ingüe Trac­ceper­lameta Edi­zioni, Ital­ie (2015) Prix Microp­oèmes en espag­nol du IIIe con­cours TRANSPalabr@RTE 2015.Première place au con­cours inter­na­tion­al de poésie #Aniver­sar­i­oPo­et­asHis­panos men­tion qual­ité littéraire,Espagne (2016). Il a pub­lié des livres de poésie : El cuer­po de la duda Edi­to­r­i­al Pub­li­carte, Caracas,Venezuela(2013) et Trans­fig­u­rar es un país que amas (Edi­to­r­i­al Dos Islas, Miami,United States (2020)Ses poèmes ont été traduits en hin­di, tchèque, serbe, shona, ouzbek, roumain, macé­donien, hébreu, ben­gali, anglais, arabe, chi­nois, russe, polon­ais. Elle est actuelle­ment respon­s­able des sec­tions #PoesíaVene­zolana et #Poet­as­del­Mun­do de la Revista Abier­ta de Poesía Poé­mame (Espagne).

Autres lec­tures

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.
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