Jean-Albert Guénégan, Poétique de la terre à la mer

Par |2018-01-29T12:47:50+01:00 15 septembre 2015|Catégories : Jean-Albert Guénégan|

A con­sid­ér­er l’univers séman­tique pro­posé par le titre du recueil, Poé­tique de la terre à la mer, Jean-Albert Guéné­gan nous invite à un voy­age, mais pas n’importe lequel.

C’est dans le trem­ble­ment du lan­gage que va se pro­duire le déplace­ment. Et dès l’ouverture du recueil les spé­ci­ficités struc­turelles con­fir­ment l’horizon d’attente : sur les pages des pre­mières par­ties s’enchaine un ensem­ble parci­monieux de mots for­mant para­graphes dépourvus d’encadrement para­textuel. L’aire scrip­to-visuelle ain­si exploitée dis­tribue des poèmes qui pro­posent au lecteur de suiv­re le par­cours de l’auteur, par­cours topographique et chem­ine­ment per­son­nel qui le mèn­era à l’écriture. Les titres de chapitres sont en ce point évo­ca­teurs de ce tracé : « Jour de tro Ménez Arrée », « Une ville (Mor­laix) par ses toits », « Sous mon toit…L’écriture », « Sous mon toit…Le tra­vail », « Balade mor­laisi­enne », « Balade libre­ment imag­inée avec Tris­tan Cor­bière », « De la ville à la mer ». Paysages naturels et urbains, présence de l’être aimé, autant de per­cep­tions qui pré­par­ent et motivent l’entrée en écri­t­ure, ain­si que le con­fie l’auteur dans ces vers liminaires :

De ma bouche
les déchirures de la vie
ont fait jaillir
le tonnerre.
Elles m’ont dit que chaque jour,
je n’aurai plus vingt ans.

 

Jean-Albert Guénégan, Poétique de la terre à la mer, Editinter, 127 pages, 16 euros.

Jean-Albert Guéné­gan, Poé­tique de la terre à la mer, Edit­in­ter, 127 pages, 16 euros.

Ain­si l’expérience comme ter­reau fer­tile et prémices de l’aventure d’écrire ten­tée par Jean-Albert Guégégan :

A mes let­tres d’amour
lues et relues, je souris.
Dans le dic­tio­n­naire, je dialogue
avec l’érudition
et m’élève vers le savoir,
en pen­sant que je mûris
mais c’est toujours
sur l’échelle des mots de Richter,

Que je subis
Le séisme le plus fort.

De Brahms à Rimbaud
De Van Gogh à Brancusi
ça com­pose ça poétise
ça magnifie.
Tout est création
élévation
allégresse.
Sous le toit de mon âme apaisée,

ça ver­tige.

Cette « poé­tique » annon­cée dans le titre du recueil n’est autre que celle qui est motivée par les élé­ments du vécu, par ce socle com­mun à chaque être qui n’est autre que sa sen­si­bil­ité toute par­ti­c­ulière mais non moins créa­trice. Et si le lex­ique n’est pas plus bous­culé que la syn­taxe, offrant un emploi récur­rent de la fonc­tion référen­tielle, c’est qu’il est ques­tion de décrire ce par­cours qui a mené le locu­teur à la Lit­téra­ture. Mais il s’agit d’une lit­téra­ture dont le car­ac­tère sacré réside en ce qu’elle est l’émanation des indi­vid­u­al­ités plutôt qu’un espace restreint et réservé à quelques uns. Ain­si le sub­stan­tif présent dans le titre revêt à la lec­ture des pages de Poé­tique de la terre à la mer une accep­tion toute par­ti­c­ulière. Loin de toute théorie préex­is­tante et n’ayant pas pour ambi­tion de men­er une étude réflex­ive ce n’est qu’au fil de la con­ver­sa­tion fic­tive que le poète entre­tient avec Tris­tan Cor­bière, pro­posée dans le six­ième chapitre, que se fait jour cette pen­sée sur l’écriture, emprunte d’intelligence et d’humanisme.

Présentation de l’auteur

Jean-Albert Guénégan

Jean-Albert Guéné­gan, poète né à Mor­laix, a publié :
  • Sans adresse, l’au­tomne en 2012
  • Trois espaces de lib­erté en 2011
  • Con­ver­sa­tions à voux rompues avec Jean-Claude Tardif, édités par Editinter.

Auteur égale­ment de livres d’artiste, Matins en 2012 avec Michel Remaud et des réc­its auto­bi­ographiques comme Dim­itri et les livres en 2008. Ani­me des soirées poésie notam­ment en médiathèques et cen­tres culturels.

Jean-Albert Guénégan

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.
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