Textes traduits par Marilyne Bertoncini
Déroulement
Voilà ce que je voudrais voir dès le premier
vers : une porte de verre
surmontée de l’invitation
à entrer. En confiance.
Passé le seuil, trotter
à mon rythme, sautant d’une ligne à
une pelote, riant ou tordant le nez entre
pensées parasites et puits noirs.
Puis trouver parmi les pièces tant de chemins
de fuite : une fissure, une lucarne
sur le ciel bleu, un sordide tuyau
d’écoulement. Glisser ou voler
parfois dans une impasse.
Svolgimento
Ecco cosa vorrei vedere al primo
verso : una porta di vetro
con una scritta in alto che invita ad
entrare. Fiducioso.
Passata la soglia trotterellare
col mio ritmo, saltando tra un rigo
ed un gomitolo, ridendo o tirando su col naso, tra
esuli pensieri e pozzi neri.
E poi trovare tra le stanze tante vie di
fuga : una crepa, un abbaino sul cielo
azzurro, un lurido tubo
di scarico. Sgattaiolando o volando, a
volte in un vicolo cieco.
* * *
Devoir à la maison
déchirer la toile avec la langue,
avec le crayon, avec les plumes de la colère
pour passer outre la couverture
du trompe-l’oeil adhésif
nous séparant de la trame criminelle
que le Capital, avec une précision
de fil à plomb, a tendu.
* * *
Compiti a casa
Squarciare la tela con la lingua,
col pennello, con le penne arrabbiate per
andare oltre la coltre del trompe-l’œil
adesivo
che ci separa dalla criminale sinopia che il
capitale, con la precisione del filo a
piombo, ha sotteso.
* * *
À un vieil ami commun
Maintenant que tu es loin j’ai envie de t’écrire
ce qui se passe ici
où nous sommes nés
d’où tu t’es enfui pour te construire un avenir décent. Tu te rappelles
ce champ de bataille où nous jouions aux durs,
plein de déchets de verre brisé et de ce qu’on cachait sous
les bancs renversés. C’était au milieu des maisons HLM
la ligne Milan-Bologne
et le mur gris de l’usine abandonnée, où pour nous la terre
étranglait déjà le ciel.
Dans ce champ avec Gio, Giuseppe et Marta, tu te rappelles
la frisée qui te plaisait,
et les autres “Easy Rider en Garelli”,
Nous avons fertilisé le sol qui – en vérité –
n’était prêt nulle part, arrosé le jardin des complices,
semé des fleurs, planté des arbres fruitiers et des essences
odorantes. Maintenant sur le mur gris de l’usine grimpe
un lierre. Jusqu’au ciel.
J’espère que tu t’en es sorti, nous, on essaie.
On t’attend.
* * *
ad un vecchio amico comune
Oggi che sei lontano mi viene voglia di scriverti [ cosa
sta succedendo qui
dove siamo nati,
da dove sei scappato per costruirti un futuro decente. Ricordi
quel campo di battaglia dove giocavamo a fare [ i duri,
pieno di rifiuti e vetri rotti e la roba nascosta sotto [ le
panchine
divelte. Stava in mezzo tra le case popolari, [ la
linea Milano-Bologna
e il muro grigio della fabbrica abbandonata, dove per noi la terra
già serrava il cielo.
In quel campo con Gió, Giuseppe, la Marta, ti ricordi
[ qu
ella riccia che ti piaceva,
e gli altri “Easy Rider in Garelli”
abbiamo ammendato il terreno, che – in realtà –
[ in nessun luogo
si trova già pronto, annaffiato l’orto dei complici,
seminato fiori, piantato alberi da frutto ed essenze
odorose. Ora sul muro grigio della fabbrica s’arrampica
un’edera. In cielo.
Spero che tu ce l’abbia fatta, noi ci stiamo provando.
Ti aspettiamo.
* * *
Golfe de Baratti
(look-see méditerranéen)
Si tu voyages lentement, poussé par le vent, au
plus près, à l’horizon t’éblouit, dans le grande
puzzle des cheminées d’usine, des puanteurs et du
ciment,
un dessin muséal incongru.
Artistiquement insérés des fragments anciens répertoriés, crèches
vivantes inscrites dans des catalogues patinés,
quelques grammes du poids du monde. D’autrefois.
* * *
Golfo di Baratti
(Mediterranean look-see)
Se viaggi lento, sospinto dal vento, di
bolina, all’orizzonte ti balena, nel grande
puzzle delle ciminiere, delle puzze e del
cemento,
un incongruo disegno museale.
Ad arte inseriti tasselli repertati, presepi
viventi elencati in cataloghi patinati,
grammi pesati di mondo. Com’era.
* * *
Le Cirque magique
La frontière entre la sainteté et la maladie
mentale est extrêmement floue.
Mes complices et moi connaissons quelqu’un qui
parle avec les mégots et les cendriers, pour lui ils
sont vivants, mais les médecins, méfiants et endoctrinés,
pensent que ces objets ne l’écoutent
pas.
Un soir, on était là, à la Fattoria,
on l’a entendu proposer avec passion
à une cigarette EMMESSE sans filtre, écrasée
dans le cendrier, de nommer Président toute
la famille Orfei, au complet,
avec plumes et sequins, eux qui parlent tous les jours
aux bêtes féroces du haut élyséen des trapèzes.
* * *
Il circo magico
Il limes fra la santità e la malattia
mentale è estremamente labile.
I miei complici ed io conosciamo uno che
parla con le cicche e i posacenere, che per lui
sono vivi, ma i medici, cauti e indottrinati,
presuppongono che quegli oggetti no lo
ascoltino.
Una sera, eravamo lì alla Fattoria,
l’abbiamo udito proporre infervorato
ad una EMMESSE senza filtro, schiacciata nel
portacicche, di elevare a Presidente tutta
la famiglia Orfei, al completodi piume e lustrini, che giornalmente parli
alle belve feroci dal colle dei trapezi.
* * *
Epopée du lait versé
(Vermeer)
Je voudrais vivre immergé dans le calme de
cette cuisine pleine de lumière, dans l’éternel
geste de verser
le lait changeant, la chaleur des mains
bronzées et silencieuses de la servante. La voix
des pigments chante le passage du
quotidien sur le mur immuable du temps.
* * *
epica del latte versato
(Vermeer)
Vorrei vivere immerso nella calma di
quella cucina colma di luce, nell’etern
gesto del versare
il latte cangiante, nel calore delle mani
abbronzate e silenti della servetta. La voce
dei pigmenti canta lo scorrere del
quotidiano sul muro immoto del tempo.
Présentation de l’auteur

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