Patmos au temps du Covid 19

Par |2020-12-17T07:33:29+01:00 6 mai 2020|Catégories : Focus, Lorand Gaspar|

médi­ta­tion sur la per­cep­tion de la cat­a­stro­phe,  en lisant l’œu­vre de Lorand Gaspar 

Print­emps 2020 – Les mar­tinets rasent le bal­con où s’épanche le par­fum des vio­lettes. Le ciel d’un bleu pur ourle la fronde du pla­tane d’un vert phos­pho­res­cent. Tout est calme – sere­in – mais je suis con­finée. Comme tout un pays, comme le monde entier – recluse. La planète frap­pée d’un Léviathan micro­scopique dont la venue mes­sian­ique était annon­cée depuis des décen­nies… Covid 19 – le Coro­na virus…

Encore que nul n’y crût vrai­ment – après nous le déluge, mal­gré de nom­breuses alertes — l’annonce de l’épidémie, dev­enue pandémie, remonte à jan­vi­er – j’écris ceci aux alen­tours de Pâques. Pen­dant des jours, des nuits, un sen­ti­ment archaïque a han­té mes pen­sées, en sour­dine, une sorte de peur, – et pour­tant ce n’était pas cela, le mot pré­cis me manque… Une sidéra­tion, plutôt : la paralysante incré­dulité face à un événe­ment qui dépasse le quo­ti­di­en dans lequel je suis plongée et dont je ne vois rien ; annon­cée par les médias, l’attente du prochain coup, frap­pé comme par la queue d’un invis­i­ble drag­on qui se débat et fauche sans dis­crim­i­na­tion. Juste, en ouvrant la radio, la con­fir­ma­tion autant crainte que prévue du nom­bre des vic­times tou­jours plus impres­sion­nant à tra­vers le monde stupé­fait, et désarmé.

Oui, sidéra­tion, voilà le mot pré­cis, face à cette men­ace sub­tile, cette faucheuse qui plane dans l’air ; je suis – j’é­tais — dans la stupé­fac­tion de cet inter­minable présent qui vous pétri­fie, comme la femme de Loth dev­enue bloc de sel, face à l’avenir même le plus proche qu’on peine à imag­in­er et dont on com­prend, atter­ré, que nul ne sait encore com­ment le gérer…

C’est dans ces cir­con­stances que j’ai repris le Car­net de Pat­mos  de Lorand Gas­par, livre sor­ti de ma bib­lio­thèque à l’an­nonce de la dis­pari­tion du poète, le 9 octo­bre 2019, et qui m’at­tendait dans un pile où je viens de le saisir, pour le lire dans la tiédeur de ce matin de safre et de jacinthe.

Médecin ET poète — human­iste engagé dans la recherche (en neu­ro­sciences notam­ment) comme sur le ter­rain (il était en effet chirurgien à l’hôpital français de Jérusalem puis au CHU de Tunis) : com­ment Lorand Gas­par aurait-il réa­gi, s’il avait vécu la crise qui nous acca­ble et nous amèn­era peut-être à revoir nos modes de vie con­vul­sifs, et pré­da­teurs pour la planète ? Men­acé de dépor­ta­tion du tra­vail dans son pays au cours de la 2ème Guerre mon­di­ale, et réfugié en France, Lorand Gas­par était aus­si un his­to­rien, pho­tographe et tra­duc­teur français. Médecin, tou­jours : j’imagine que dans les cir­con­stances actuelles, il ne se serait pas retiré dans une thébaïde, fût-elle l’île de Pat­mos qu’évoque ses car­nets, mais qu’il aurait affron­té — avec des mots autant qu’avec des actions — l’adversaire insi­dieux qui nous cloître, tan­dis que je lis chaque jour des nou­velles effarantes et que je pense à ceux que j’ai con­nus et qui risquent de dis­paraître, frap­pés par cet enne­mi infinitési­mal et infin­i­ment terrible.

Temps d’inquiétude et de médi­ta­tion… voici venu le temps où j’ouvre Le car­net de Pat­mos 164 pages, aux édi­tions Le Temps qu’il fait, 1991

Car­net de Pat­mos, Textes & Pho­togra­phies de Lorand Gas­par, aux édi­tions Le Temps qu’il fait, 1991

C’est un exem­plaire usé que je tiens en main : tatoué par une bib­lio­thèque qui l’a voué au pilon, ain­si que l’indique une anno­ta­tion en page de garde – avant d’annuler sa déci­sion et de le pro­pos­er à quelque bouquin­iste… Je l’ai trou­vé « en ligne », attirée par le titre (j’aime autant les réc­its de voy­age que les îles grec­ques – d’ailleurs, j’y avais imag­iné Phidias 2La Dernière Oeu­vre de Phidias, Jacques André édi­teur, 2017, créant sa dernière œuvre,) – et sans doute aus­si par les pho­tos en noir et blanc qui le com­posent. Et com­ment, au moment où j’écris ceci, ne pas me rap­pel­er que Pat­mos est le lieu où vécut en exil, dans une grotte désor­mais trans­for­mée en chapelle, le prophète de l’Apoc­a­lypse, Jean de Pat­mos, dont la parole fig­ure en épigraphe d’un autre texte relié à cette île et que je reçois comme un mes­sage per­son­nel : 3le « Jour­nal de Pat­mos » Poésie-Gal­li­mard, p. 86 :

 Va, prends le livre ouvert dans la main de l’ange debout sur la mer et sur la terre… Prends-le et mange-le, il sera amer à ton ven­tre, mais dans ta bouche il sera comme du miel. , (Apoc­a­lypse, X ‑8)

Oui, je ferai mon miel de ce texte que je lis dans des cir­con­stances que j’imag­ine sim­i­laires à celles qui inspirèrent le voy­ant — le poète n’a-t-il pas mis­sion de lire les oracles ?

Et je me sens bien proche du poète pour lequel  toute la Méditer­ranée – Mare Nos­trum, creuset de nos cul­tures — est le sub­strat d’où nais­sent ses écrits. Pat­mos revient à trois repris­es dans le titre des livres dont je dis­pose dans mon con­fine­ment : out­re ces car­nets, deux vol­umes de ses œuvres, dans la petite col­lec­tion « Poésie-Gal­li­mard » : Pat­mos et autres poèmes, ain­si que Egée, Judée, dont la pre­mière par­tie con­tient un « Jour­nal de Pat­mos ». Repris, retra­vail­lés, réécrits, les textes sur cette île se répon­dent d’un livre à l’autre. Un pas­sion­nant arti­cle de Véronique Mon­té­mont , acces­si­ble en ligne 4Lorand Gas­par : genèse des Car­nets de Pat­mos –  http://www.item.ens.fr/articles-en-ligne/lorand-gaspar-genese-des-carnets-de-patmos/ m’apprend toute­fois que la recherche géné­tique ne me per­me­t­tra pas – comme j’en avais eu l’espoir – de remon­ter d’un texte à l’autre  vers le « degré zéro » de « Pat­mos » comme on remonte à la source de l’in­spi­ra­tion, pour suiv­re le cours d’une pen­sée, des notes prélim­i­naires dans des car­nets bien tenus au fil des séjours dans l’île, vers le poème final qui serait comme la quin­tes­sence imag­i­nale et lex­i­cale du projet…

En réal­ité,  les notes sont pris­es sur des papiers divers — cahiers, feuil­lets et pages arrachées à dif­férents moments de dif­férents sup­ports aléa­toires (témoignant par cette dis­per­sion de la sit­u­a­tion de l’écrivain/écrivant au cours d’une vie où il se sera rarement posé au bureau pour écrire, mais plutôt prof­i­tant des moin­dres inter­stices de sa vie pro­fes­sion­nelle pour not­er sur ce dont il dis­po­sait) : tout con­tribue à ren­dre con­fuse la genèse des textes et leur chronologie .

 

Com­ment, sans avoir la foi mil­lé­nar­iste qui l’a sans doute inspiré, com­pren­dre l’al­lé­gorie de l’Apocalypse ? Com­ment faire usage du mythe pour com­pren­dre – et agir. Il s’ag­it d’un sus­pens – un ins-tant, celui de la « Révéla­tion » de la fin des temps dans ce texte religieux. Le sus­pens entre la vie échue du monde et le Juge­ment dernier, juste avant que tout bas­cule – de l’i­nachevé de nos œuvres et vies à l’achève­ment final et son apothéose. J’en retiens pour ma part l’instant de sidéra­tion où tout s’arrête dans l’attente du spec­ta­cle qui va se dérouler et qu’on n’at­tendait pas mais qui nous fait vivre sus­pendus aux lèvres du prophète qui développe l’at­tente – attente des visions qui appa­rais­sent aux yeux enfin dessil­lés, attente des infor­ma­tions assénées par les médias, attente dans un temps immo­bil­isé qui m’amène, par analo­gie aux images fixées dans la cham­bre noire du pho­tographe, appa­rais­sant sous l’effet du révéla­teur chim­ique, dans les bacs où se fix­ent les sels d’argent… Il s’ag­it de la même fas­ci­na­tion du spec­ta­teur – comme figé sous l’effet du regard d’une mod­erne Gor­gone – et son regard aveu­gle fixe la lumière qui va tout bal­ay­er mais sem­ble encore immo­bile dans l’instant menaçant. L’Apocalypse est ce temps de lumière – empris­on­née comme un éclair hors de la durée — dont l’explosion aveuglante révèle le gouf­fre inver­sé (ra)menant vers un pos­si­ble nou­veau monde, de nou­veaux cieux, une « nou­velle Jérusalem » (21–22 – 55) ou un change­ment rad­i­cal de par­a­digme civilisationnel…

Les dacty­lo­grammes mêmes témoignent d’une inces­sante reprise syn­tax­ique ou lex­i­cale, dif­fi­cile à organ­is­er tem­porelle­ment . A ce prob­lème s’ajoutent les pub­li­ca­tions anticipées de divers­es « pièces » de ces œuvres dans des revues, à dif­férentes dates. Ain­si les Car­nets de Pat­mos qui inspirent ma quête font l’ob­jet d’un groupe­ment déjà pub­lié dans la revue SUD, en 1986 : mais il s’ag­it du pre­mier chapitre – « Alle­gro ma non trop­po » –avec le sur­titre « Pat­mos, 1960–1985 » . On trou­ve à la NRF, en décem­bre 1988, sous le titre « Jour­nal de Pat­mos » le 3ème chapitre unique­ment, finale­ment inti­t­ulé « J’attends l’aube ». Ces textes alors pub­liés sans pho­tos, sont repris sans mod­i­fi­ca­tion ultérieure pour leur inser­tion dans le livre des édi­tions Le Temps qu’il fait – comme s’il s’agis­sait de par­cours par­al­lèles, des mots et du regard. Pour­tant, la chercheuse souligne le soin (et le mot a toute son impor­tance pour Lorand Gas­par – poète-chirurgien (dont le « Clin­ique » inclus dans Egée, Judée me stupé­fie en le décou­vrant dans la péri­ode d’épidémie où je le lis) apporté par le poète au « corps » de son texte, ce « matéri­au vivant qu’il faut sans cesse tra­vailler, éla­guer, émon­der, pour le men­er à matu­rité » 5ibid. Et com­bi­en ceci me sem­ble évi­dent à la lec­ture des textes que j’ai sous les yeux ! Véronique Mon­té­mont souligne enfin l’importance et le nom­bre des ratures, ajouts, retraits… mar­quant les dacty­lo­grammes qu’elle étudie, comme si, écrit-elle, « reprenant les ter­mes de Freud, (on pou­vait) dire que l’écriture gas­pari­enne opère prin­ci­pale­ment par « con­den­sa­tion et déplace­ment » 6ibid .

C’est cette piste du déplace­ment que je décide de suiv­re autour du thème qui résonne pour moi, dans la sit­u­a­tion actuelle,  dans l’ilôt clos de l’ap­parte­ment où je suis con­finée, comme au sein sacré de l’île – à l’aveugle de ce qui se passe réelle­ment dehors, et dont témoignent d’infidèles écrans où se pressent les images. Je suis à peine remise de la sidéra­tion qui m’avait saisie au début de la cat­a­stro­phe, à tel point qu’écrire même me sem­blait impos­si­ble. Et le mot cat­a­stro­phe prend tous son sens philosophique (qui est égale­ment son sens formel en math­é­ma­tiques) de rad­i­cale dis­con­ti­nu­ité : καταστροφή, katas­trophế , l’am­bigu ren­verse­ment qui est autant clô­ture que con­fig­u­ra­tion nou­velle – comme d’un jeu de cartes jetées à terre, d’où peu­vent sur­gir de neuves com­bi­naisons 7 Comme le souligne Krzysztof Pomi­an, « la cat­a­stro­phe est ce change­ment négatif qui provoque ou risque de provo­quer une solu­tion de con­ti­nu­ité. La cat­a­stro­phe brise le temps humain, ouvre un gouf­fre entre le passé et le futur, men­ace de rompre le lien entre les généra­tions »  in Quenet Gré­go­ry, « La cat­a­stro­phe, un objet his­torique ? », Hypothès­es, 2000/1 (3), p. 11–20. DOI : 10.3917/hyp.991.0011. URL : https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2000–1‑page-11.htm – cet ins-table/ins-tant brisé où le réel, retourné, change de direc­tion, et dont la ver­sion ultime et sub­limée pour­rait être la révéla­tion escha­tologique de l’Apocalypse.… dont nous par­le Jean de Patmos.

Le mince vol­ume que je tiens en main ne par­le pour­tant pas d’Apocalypse… Le car­net est divisé en deux « chapitres » : « alle­gro ma non trop­po » et « la Gor­gone » — le pre­mier évoque les muta­tions subies par « l’île splen­dide de la fille de Leto » depuis le pre­mier séjour qu’y fit Lorand Gas­par : il y évoque l’arrivée du monde mod­erne, et « l’Hydre de la bous­cu­lade, de la fébril­ité et du vacarme » qui en trou­blent désor­mais la paix. Il décrit ses voisins, et leurs activ­ités de « gens pais­i­bles, pêcheurs, maçons et un cor­don­nier boi­teux » — sans oubli­er toute­fois – dans un chapitre séparé — La Gor­gone. Et ce nom me ramène aux impres­sions pre­mières éprou­vées dans ce paysage solaire/­sous-marin aux dimen­sions des tragédies d’Eschyle, tel qu’il appa­raît dans l’oeu­vre du poète, aus­si bien dans les textes de Pat­mos — dont l’in­cip­it con­jure les sil­hou­ettes noires d’un « choeur antique » qui évoque le Erinyes — que dans « Iles » où s’entrevoient

Récifs de vil­lages, épaves, gorgones,

la lueur de sang dans l’embrasure –

un très vieil homme translu­cide dans les pierres –

Il n’est point de remède à ma parole.

L’auteur rap­porte des légen­des recueil­lies auprès des pêcheurs – ain­si celle de Théok­tis­tos, « maçon­né par dieu » – avec un intérêt d’ethnographe, tout comme il racon­te en his­to­rien le passé de l’île. Et le réc­it se peu­ple d’êtres vivants, auquel il donne la parole, dans le texte qui se fau­file dans les inter­stices des images muettes, en con­tre­point. Les con­sid­éra­tions sur Pat­mos ne se lim­i­tent pas à l’île mais ouvrent aus­si sur les frères Kara­ma­zov ou Wang Fu et sa pein­ture… cul­ture ori­en­tale d’une « Chine de l’âme inou­bliée » qu’on retrou­ve dans le poème Pat­mos : l’humanisme de Lorand Gas­par dépasse les rivages égéens, son œuvre brasse les cul­tures dans un vaste mou­ve­ment de syn­thèse géo-décen­trée. 8géosophique, ain­si que l’analyse Sar­ra Lad­ji­mi Mal­ouche, « « Géoso­phie et lieux poé­tiques dans l’oeu­vre de Lorand Gas­par, Nunc, 17, novem­bre 2008, pp. 84–91 . Son regard sci­en­tifique aus­si transparaît dans les con­sid­éra­tions (que je cite in exten­so pour une dou­ble rai­son ) sur les liens ici entre appétit et cul­ture, dans la mésaven­ture de l’odeur innom­ma­ble que seul le gar­di­en du cimetière pour­ra chas­s­er 9p.41–42 :

Nous avons ten­dance à croire – comme ce serait sim­ple – que nos goûts reposent sur une con­struc­tion solide, à la fois biologique et intel­lectuelle, sur la con­nais­sance plus ou moins approchée de nous-mêmes, de notre com­po­si­tion. Or  même nos appétits les plus plate­ment liés à notre fonc­tion­nement biologique sont facile­ment défor­més, déviés, inver­sés par la séduc­tion qu’ex­erce sur notre imag­i­na­tion le « plat » du voisin . Il faut dire que dans ce per­pétuel mas­sage d’im­ages qui veu­lent nous per­suad­er qu’elles savent mieux que nous mêmes quels sont nos vrais désirs, nos vrais besoins, nous ne sommes pas sor­tis de l’auberge. Et dire que les rats de lab­o­ra­toire qui se pré­cip­i­tent sur la pédale dont les effets les grat­i­fient sur le champ nous font rire.» 10ibid.

Il me plaît d’une part de trou­ver évo­qué dans ce pas­sage le proces­sus de trans­for­ma­tion par déplacement/déformation car­ac­téris­tique du tra­vail sur les textes de Lorand Gas­par relevé par Mon­tai­mont dans l’ar­ti­cle cité 11supra — preuve que cette activ­ité men­tale n’é­tait pas incon­sciente loin de là – et de retrou­ver d’autre part beau­coup d’é­chos de la sit­u­a­tion actuelle dans cette cri­tique de l’aveu­gle­ment qui pousse nos con­tem­po­rains à se croire maîtres de leurs affects et réac­tions et à sou­veraine­ment pré­ten­dre impos­er leur sys­tème de vie et de pen­sée à courte-vue à l’ensem­ble de l’humanité…

La fusion du poète et du prati­cien est encore per­cep­ti­ble dans un autre pas­sage con­cer­nant les change­ments du paysage et de l’ac­tiv­ité humaine observés au cours de vingt années de fréquen­ta­tion de Pat­mos, qu’on peut éten­dre au monde entier, en dépit des avis éclairés que ceux-ci pour­raient apporter, grâce à leurs obser­va­tions et leur imagination :

La pro­liféra­tion anar­chique des cel­lules de l’architecture et de la mécan­i­sa­tion la plus bruyante ne sem­blant pas être une men­ace immé­di­ate pour la vie, on ne sol­licite guère l’avis, ni les inter­ven­tions des chirurgiens ou des médecins, pour ne rien dire des poètes, que l’on exclut avec la meilleure con­science du monde de notre vécu quo­ti­di­en. (…) 12p.48

Nulle trace appar­ente d’Apoc­a­lypse avec ce qu’elle con­tient de la cat­a­stro­phe ultime de ce monde, dans ces textes du car­net… Encore que je m’interroge sur l’autre par­cours vers lequel le recueil nous invite à nous déplac­er… Le livre ouvre en vérité sur une énig­ma­tique et « silen­cieuse » pho­to pleine page, en fron­tispice : des sur­faces blanch­es trouées de rec­tan­gles d’un noir dense dans lesquelles on lit des façades de mai­son, qui toute­fois sem­blent flot­ter dans l’espace, dessi­nant un chem­ine­ment en per­spec­tive — invi­ta­tion à entr­er dans le livre — vers une ouver­ture sur un fond de gris et blancs qu’on inter­prète comme un ciel nuageux. Il s’ag­it d’une image ab-straite – géométrique et immo­bile – presque tirée hors du réel. Et une phrase de l’Apocalypse sem­ble par­faite­ment répon­dre en écho à cette image… -

Après cela, je regar­dai, et voici, une porte était ouverte dans le ciel  (4 4.1)

En cou­ver­ture déjà, un pan de mur dans des nuances de gris emplit tout le cadre hormis une mince ligne d’un blanc crayeux, sur­mon­tée de rec­tan­gles plus clairs troués de noir. On dirait presque une nature morte de Gior­gio Moran­di – toute en à‑plats et en gri­sailles. Une longue ligne courbe et som­bre ( le pense au plis­sé immense d’un linge – qu’on imag­ine peut-être rouge  dans la réal­ité? — comme ceux qu’on tend dans les églis­es les jours de fête) tra­verse la sur­face comme une cal­ligra­phie… sans ombre – dans la pleine lumière du midi. Midi, heure fatidique évo­quée aus­si dans le JdP (90 ‑91), dans une nota­tion où s’op­pose, en cet instant, ombre et lumière, ciel et gouf­fre, dans un mou­ve­ment amorcé/figé qui n’est pas sans rap­pel­er la cir­cu­la­tion du yin et du yang :

Comme elle nous soulève la lumière ! Flamme blanche tout en haut dans la rouille des falais­es : une chapelle ou une mou­ette. Midi. En bas la mer, étince­lante et som­bre à force de lumière. Gouf­fre patient. 

Je me dis que, sans doute, un poète-pho­tographe peut penser au dévoile­ment sur­na­turel de l’Apocalypse lorsqu’il développe ses pho­tos dans l’obscurité du lab­o­ra­toire. Ici, douze pho­tos en tout – qua­tre seule­ment « ani­mées » d’une présence humaine qui n’est guère plus à chaque fois qu’une sil­hou­ette  : un enfant de pro­fil, dans l’encadrement noir du seuil d’une porte, tan­dis qu’un autre s’adosse – en tri­an­gle — sur l’écran de craie d’un mur au sec­ond plan (aucun des deux ne nous regarde mais tous deux sem­blent atten­dre un événe­ment hors-champ) ; tournée vers l’ar­rière-plan, une sil­hou­ette noire à la barbe blanche dans l’angle gauche d’une image où la blancheur abstraite et ver­ti­cale des murs et du chemin s’accole à une paroi de roches rugueuses et grisâtres ; tournée vers l’ob­jec­tif, une vieille femme en noir, assise dans la pénom­bre d’un auvent, bran­dit fer­me­ment, d’un geste menaçant de pythie, une canne de sa main droite ; un pope, vis­age vers le ciel, se dresse tout en haut d’un escalier où l’om­bre d’une rampe des­sine un mys­térieux ora­cle en car­ac­tères soufiques…  Tous sont immo­biles, bien au-delà de la pho­to qui fixe un instant depuis la « cham­bre noire » 13citée par l’auteur p. 37 : ils sem­blent épinglés — hors du mou­ve­ment du temps.

pho­to tirée de Car­net de Pat­mos, (fron­tispice)

.

.

Gior­gio Moran­di — Nature Morte, 1947 — Rendez-vous.

Et voici aus­si le paysage minéral tel que le décrit l’auteur dans le texte dont je perçois des bribes tan­dis que je feuil­lette en quête des images  :

 A soix­ante-dix mètres au-dessus de la baie, Kho­ra, le haut vil­lage, d’une blancheur neigeuse et cubiste, d’où le monastère émerge tel un bloc de gran­it dénudé par les vents »14p.19 .

C’est un paysage d’ascèse, pesant de cette « matièreté » de la matière, de ce blanc qui avait attiré mon regard – comme un poids de lumière pétri­fi­ant le temps, à la façon dont procéderait une Gor­gone cos­mique – et la sub­tile déli­catesse des gris quand la lumière décline ou que s’annonce l’aube :

l’éveil d’une ruche immense, la cohérence veloutée s’effrite, les ailes fris­son­nent. Sen­ti­ment que la clarté qui point est dans cet ébroue­ment de choses minus­cules, dans le déploiement en elles de l’espace. 15 p. 37

Less cita­tions de l’Apocalypse parais­sent à plusieurs repris­es dans les textes évo­quant Pat­mos  : en épigraphe des poèmes de « Chœurs » d’abord, puis, et en italiques, dans le cours du texte même d’ « Iles » — qui reprend les mots inscrits ici dans la présen­ta­tion de Patmos :

 Mais c’est le matin, un soleil très rouge fend les eaux – “et le tiers de la mer devint du sang” 

On reléverait encore dans le poème « Pat­mos », au fil des images, toutes les évo­ca­tions de démesure, ou bien, écho du texte biblique

la lumière des étoiles déjà mortes. Quelqu’un te prend la bouche pour parler 

ou encore, suiv­ant une image de la Genèse — « le souf­fle de Dieu sur les eaux », cette stro­phe pro­pre­ment apocalyptique :

Les yeux de nuit un instant grand ouverts

regar­dent chaque son ou bat­te­ment brûler

d’un insouten­able qu’il faut soutenir 16souligné par moi

 

Présence récur­rente, et donc bien prég­nante, mal­gré tout le pos­i­tivisme de Lorand Gas­par, médecin et chercheur, mal­gré la con­fi­ance mainte fois exprimée et lis­i­ble dans l’ab­solue imma­nence dans laque­lle il veut baign­er, cette Apoc­a­lypse dont j’aurais aimé suiv­re le développe­ment… et qui m’ appa­raît dans toute sa splen­deur finale­ment sere­ine – la cat­a­stro­phe maîtrisée par les mots, ren­due à sa puis­sance de méta­mor­phose du réel, à tra­vers cette image du poète face à la mer, comme con­fron­té à l’im­mi­nence d’une « révéla­tion »  — prêt à tran­scrire sa vision dans le dessin des mots – révéla­tion que seule peut per­me­t­tre l’é­coute atten­tive et patiente de ce qui bruit en soi et que l’on va éten­dre, comme le linge, lim­i­naire du car­net, signe noir sur la blancheur du mur comme une page :

Assis sans rien faire au bord d’une mer immo­bile. Je retiens ma res­pi­ra­tion pour essay­er de percevoir la sienne. Il y a ce pli mince, trans­par­ent, infin­i­ment sou­ple et frag­ile, avançant et rec­u­lant sur le sable ; un débris de coquil­lage suf­fit à le rompre, mais non, à la res­pi­ra­tion suiv­ante il est là, intact dans sa mobil­ité lumineuse, prêt à être mod­i­fié une fois de plus par le prochain cail­lou ou souf­fle d’air, sans per­dre le fil du mou­ve­ment pro­fond, encore et encore redé­plié dans la clarté.

On peut rêver ain­si d’un trait de dessin ou d’un poème qui serait le déroule­ment de l’acte con­tinu de sa source, sans cesse rompu, tou­jours ressur­gis­sant, ténac­ité claire, claire même dans la nuit à l’oreille.

Etrange manie d’assembler des mots, de les ser­rer, essor­er et éten­dre comme un linge tiré de son corps bruis­sant dans le noir. » 17pp.48–49

 

Mar­i­lyne Bertonci­ni — avril 2020

Présentation de l’auteur

Lorand Gaspar

Loránd Gáspár, né à Târ­gu Mureș en Tran­syl­vanie ori­en­tale le 28 févri­er 1925 et mort le 9 octo­bre 2019, est un poète, médecin, his­to­rien, pho­tographe et tra­duc­teur français d’origine hongroise.

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

Deux entretiens avec Lorand gaspar

Ce pre­mier entre­tien fut accordé par Lorand Gas­par à Alain Freixe. Il est paru dans l’Hu­man­ité du 2 décem­bre 2004.    Lorand Gas­par, « un immense désir de lumière partageable » […]

Gaspar (Lorand)

Décou­vert dans une antholo­gie de poésie, alors que j’étais étu­di­ante, puis appro­fon­di dans ses recueils de poèmes Égée Judée et Sol absolu, Car­nets de Jérusalem, Feuilles d’observation, Pat­mos et autres poèmes et Arabie […]

Patmos au temps du Covid 19

médi­ta­tion sur la per­cep­tion de la cat­a­stro­phe,  en lisant l’œu­vre de Lorand Gas­par Print­emps 2020 – Les mar­tinets rasent le bal­con où s’épanche le par­fum des vio­lettes. Le ciel d’un bleu pur […]

image_pdfimage_print
mm

Marilyne Bertoncini

Biogra­phie Enseignante, poète et tra­duc­trice (français, ital­ien), codi­rec­trice de la revue numérique Recours au Poème, à laque­lle elle par­ticipe depuis 2012, mem­bre du comité de rédac­tion de la revue Phoenix, col­lab­o­ra­trice des revues Poésie/Première et la revue ital­i­enne Le Ortiche, où elle tient une rubrique, “Musarder“, con­sacrée aux femmes invis­i­bil­isées de la lit­téra­ture, elle, ani­me à Nice des ren­con­tres lit­téraires men­su­elles con­sacrées à la poésie, Les Jeud­is des mots dont elle tient le site jeudidesmots.com. Tit­u­laire d’un doc­tor­at sur l’oeu­vre de Jean Giono, autrice d’une thèse, La Ruse d’I­sis, de la Femme dans l’oeu­vre de Jean Giono, a été mem­bre du comité de rédac­tion de la revue lit­téraire RSH “Revue des Sci­ences Humaines”, Uni­ver­sité de Lille III, et pub­lié de nom­breux essais et arti­cles dans divers­es revues uni­ver­si­taires et lit­téraires français­es et inter­na­tionales : Amer­i­can Book Review, (New-York), Lit­téra­tures (Uni­ver­sité de Toulouse), Bul­letin Jean Giono, Recherch­es, Cahiers Péd­a­gogiques… mais aus­si Europe, Arpa, La Cause Lit­téraire… Un temps vice-prési­dente de l’association I Fioret­ti, chargée de la pro­mo­tion des man­i­fes­ta­tions cul­turelles de la Rési­dence d’écrivains du Monastère de Saorge, (Alpes-Mar­itimes), a mon­té des spec­ta­cles poé­tiques avec la classe de jazz du con­ser­va­toire et la mairie de Men­ton dans le cadre du Print­emps des Poètes, invité dans ses class­es de nom­breux auteurs et édi­teurs (Bar­ry Wal­len­stein, Michael Glück…), organ­isé des ate­liers de cal­ligra­phie et d’écriture (travaux pub­liés dans Poet­ry in Per­for­mance NYC Uni­ver­si­ty) , Ses poèmes (dont cer­tains ont été traduits et pub­liés dans une dizaine de langues) en recueils ou dans des antholo­gies se trou­vent aus­si en ligne et dans divers­es revues, et elle a elle-même traduit et présen­té des auteurs du monde entier. Par­al­lèle­ment à l’écri­t­ure, elle s’in­téresse à la pho­togra­phie, et col­la­bore avec des artistes, plas­ti­ciens et musi­ciens. Site : Minotaur/A, http://minotaura.unblog.fr * pub­li­ca­tions récentes : Son Corps d’om­bre, avec des col­lages de Ghis­laine Lejard, éd. Zin­zo­line, mai 2021 La Noyée d’On­a­gawa, éd. Jacques André, févri­er 2020 (1er prix Quai en poésie, 2021) Sable, pho­tos et gravures de Wan­da Mihuleac, éd. Bilingue français-alle­mand par Eva-Maria Berg, éd. Tran­signum, mars 2019 (NISIP, édi­tion bilingue français-roumain, tra­duc­tion de Sonia Elvire­anu, éd. Ars Lon­ga, 2019) Memo­ria viva delle pieghe, ed. bilingue, trad. de l’autrice, ed. PVST. Mars 2019 (pre­mio A.S.A.S 2021 — asso­ci­azione sicil­iana arte e scien­za) Mémoire vive des replis, texte et pho­tos de l’auteure, éd. Pourquoi viens-tu si tard – novem­bre 2018 L’Anneau de Chill­i­da, Ate­lier du Grand Tétras, mars 2018 (man­u­scrit lau­réat du Prix Lit­téraire Naji Naa­man 2017) Le Silence tinte comme l’angélus d’un vil­lage englouti, éd. Imprévues, mars 2017 La Dernière Oeu­vre de Phidias, suivi de L’In­ven­tion de l’ab­sence, Jacques André édi­teur, mars 2017. Aeonde, éd. La Porte, mars 2017 La dernière œuvre de Phidias – 453ème Encres vives, avril 2016 Labyrinthe des Nuits, suite poé­tique – Recours au Poème édi­teurs, mars 2015 Ouvrages col­lec­tifs — Antolo­gia Par­ma, Omag­gio in ver­si, Bertoni ed. 2021 — Mains, avec Chris­tine Durif-Bruck­ert, Daniel Rég­nier-Roux et les pho­tos de Pas­cal Durif, éd. du Petit Véhicule, juin 2021 — “Re-Cer­vo”, in Trans­es, ouvrage col­lec­tif sous la direc­tion de Chris­tine Durif-Bruck­ert, éd. Clas­siques Gar­nier, 2021 -Je dis désirS, textes rassem­blés par Mar­i­lyne Bertonci­ni et Franck Berthoux, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? Mars 2021 — Voix de femmes, éd. Pli­may, 2020 — Le Courage des vivants, antholo­gie, Jacques André édi­teur, mars 2020 — Sidér­er le silence, antholo­gie sur l’exil – édi­tions Hen­ry, 5 novem­bre 2018 — L’Esprit des arbres, édi­tions « Pourquoi viens-tu si tard » — à paraître, novem­bre 2018 — L’eau entre nos doigts, Antholo­gie sur l’eau, édi­tions Hen­ry, mai 2018 — Trans-Tzara-Dada – L’Homme Approx­i­matif , 2016 — Antholo­gie du haiku en France, sous la direc­tion de Jean Antoni­ni, édi­tions Aleas, Lyon, 2003 Tra­duc­tions de recueils de poésie — Aujour­d’hui j’embrasse un arbre, de Gio­van­na Iorio, éd. Imprévues, juil­let 2021 — Soleil hési­tant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André , avril 2021 — Un Instant d’é­ter­nité, Nel­lo Spazio d’un istante, Anne-Marie Zuc­chel­li (tra­duc­tion en ital­ien) éd ; PVST, octo­bre 2020 — Labir­in­to delle Not­ti (ined­i­to — nom­iné au Con­cor­so Nazionale Luciano Ser­ra, Ital­ie, sep­tem­bre 2019) — Tony’s blues, de Bar­ry Wal­len­stein, avec des gravures d’Hélène Baut­tista, éd. Pourquoi viens-tu si tard ?, mars 2020 — Instan­ta­nés, d‘Eva-Maria Berg, traduit avec l’auteure, édi­tions Imprévues, 2018 — Ennu­age-moi, a bilin­gual col­lec­tion , de Car­ol Jenk­ins, tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertonci­ni, Riv­er road Poet­ry Series, 2016 — Ear­ly in the Morn­ing, Tôt le matin, de Peter Boyle, Mar­i­lyne Bertonci­ni & alii. Recours au Poème édi­tions, 2015 — Livre des sept vies, Ming Di, Recours au Poème édi­tions, 2015 — His­toire de Famille, Ming Di, édi­tions Tran­signum, avec des illus­tra­tions de Wan­da Mihuleac, juin 2015 — Rain­bow Snake, Ser­pent Arc-en-ciel, de Mar­tin Har­ri­son Recours au Poème édi­tions, 2015 — Secan­je Svile, Mémoire de Soie, de Tan­ja Kragu­je­vic, édi­tion trilingue, Beograd 2015 — Tony’s Blues de Bar­ry Wal­len­stein, Recours au Poème édi­tions, 2014 Livres d’artistes (extraits) La Petite Rose de rien, avec les pein­tures d’Isol­de Wavrin, « Bande d’artiste », Ger­main Roesch ed. Aeonde, livre unique de Mari­no Ros­set­ti, 2018 Æncre de Chine, in col­lec­tion Livres Ardois­es de Wan­da Mihuleac, 2016 Pen­sées d’Eury­dice, avec les dessins de Pierre Rosin : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-pierre-rosin/ Île, livre pau­vre avec un col­lage de Ghis­laine Lejard (2016) Pae­sine, poème , sur un col­lage de Ghis­laine Lejard (2016) Villes en chantier, Livre unique par Anne Poupard (2015) A Fleur d’é­tang, livre-objet avec Brigitte Marcer­ou (2015) Genèse du lan­gage, livre unique, avec Brigitte Marcer­ou (2015) Dae­mon Fail­ure deliv­ery, Livre d’artiste, avec les burins de Dominique Crog­nier, artiste graveuse d’Amiens – 2013. Col­lab­o­ra­tions artis­tiques visuelles ou sonores (extraits) — Damna­tion Memo­ri­ae, la Damna­tion de l’ou­bli, lec­ture-per­for­mance mise en musique par Damien Char­ron, présen­tée pour la pre­mière fois le 6 mars 2020 avec le sax­o­phon­iste David di Bet­ta, à l’am­bas­sade de Roumanie, à Paris. — Sable, per­for­mance, avec Wan­da Mihuleac, 2019 Galerie Racine, Paris et galerie Depar­dieu, Nice. — L’En­vers de la Riv­iera mis en musique par le com­pos­i­teur Man­soor Mani Hos­sei­ni, pour FESTRAD, fes­ti­val Fran­co-anglais de poésie juin 2016 : « The Far Side of the Riv­er » — Per­for­mance chan­tée et dan­sée Sodade au print­emps des poètes Vil­la 111 à Ivry : sur un poème de Mar­i­lyne Bertonci­ni, « L’homme approx­i­matif », décor voile peint et dess­iné, 6 x3 m par Emi­ly Wal­ck­er : L’Envers de la Riv­iera mis en image par la vidéaste Clé­mence Pogu – Festrad juin 2016 sous le titre « Proche Ban­lieue» Là où trem­blent encore des ombres d’un vert ten­dre – Toile sonore de Sophie Bras­sard : http://www.toilesonore.com/#!marilyne-bertoncini/uknyf La Rouille du temps, poèmes et tableaux tex­tiles de Bérénice Mollet(2015) – en par­tie pub­liés sur la revue Ce qui reste : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-berenice-mollet/ Pré­faces Appel du large par Rome Deguer­gue, chez Alcy­one – 2016 Erra­tiques, d’ Angèle Casano­va, éd. Pourquoi viens-tu si tard, sep­tem­bre 2018 L’esprit des arbres, antholo­gie, éd. Pourquoi viens-tu si tard, novem­bre 2018 Chant de plein ciel, antholo­gie de poésie québé­coise, PVST et Recours au Poème, 2019 Une brèche dans l’eau, d’E­va-Maria Berg, éd. PVST, 2020 Soleil hési­tant, de Gili Haimovich, ed Jacques André, 2021 Un Souf­fle de vie, de Clau­dine Ross, ed. Pro­lé­gomènes, 2021

Notes[+]

Aller en haut