“Der­viche tourneur 1 est une revue pro­téi­forme en devenir qui s’intéresse à la pen­sée plutôt qu’aux idées, aime les cita­tions plutôt que les répéti­tions ; si elle tourne, c’est seule­ment une manière de rétablir le mouvement.”

Au titre intriguant, au pro­jet annon­cé sur le site asso­cié, répond le for­mat de cette revue de quelques feuil­lets couleur ivoire pliés comme des origamis, et reçus  par la poste —  en fait, une pro­duc­tion bien sin­gulière. On trou­ve en ouvrant l’enveloppe :

  • Un pre­mier feuil­let long, plié en 3 au for­mat A5, con­tient la carte de vis­ite de la revue « pro­téi­forme » avec l’adresse mail et le site.
  • Une page 30x42 cm pliée lon­gi­tu­di­nale­ment puis en 3,
  • Un deux­ième feuil­let long plié en 3 également.

Au plaisir enfan­tin de la décou­verte de ce que cachent les plis se mêle le plaisir de décou­vrir les textes, dans un désor­dre relatif, où par­ticipent les noms de Guil­laume Bor­dier, Fan­ny Garin, Anne Duc­los, Jean Gilbert-Capi­et­to, Julien Bou­ton­nier et Clé­ment Birouste.

Au revers de la « une », Une « fil­mo­gra­phie »  (liste dans laque­lle on retrou­ve bien des titres de notre pan­théon per­son­nel) com­plétée de plusieurs « Rêves ciné­ma ». Par­mi les autres titres des feuil­lets suiv­ants, « Rêve avéré n°1 », « Défense de pau­vreté », « Objets » et « Fragments ».

Le feuil­let le plus grand pro­pose une « intro­duc­tion à l’ostéonirismologie », où je relève cette réflex­ion qui m’en­chante  comme le poème d’Hen­ry Michaux , désir­ant la car­avelle qui l’emporte “Dans les cor­ri­dors des os longs et des articulations”.

 

 Il y a des os. Les os rêvent. Les rêves des os pro­duisent le réel.

Tout ce qui existe est créé par cet onirisme des os. 

.

Anne Duc­los, inter­rogée, a bien voulu nous don­ner quelques infor­ma­tions sur cet étrange objet revuis­tique, à com­mencer par le choix du titre : 

Le nom de la revue vient surtout de raisons pure­ment con­tin­gentes et biographiques ; mais la notion de tourn­er ren­voie bien, pour moi, à une fonc­tion essen­tielle des revues, qui est à la fois de cir­culer et de mélanger, de don­ner une forme par le mou­ve­ment. C’est en tout cas ain­si qu’on peut l’en­ten­dre, et non bien sûr de façon thématique.

En l’absence d’indication sur la revue, pou­vez-vous nous indi­quer la façon dont vous fonc­tion­nez (rythme de paru­tion, choix des textes, équipe…) ?

Pour répon­dre à vos ques­tions, le plus sim­ple est de com­mencer par dire qu’il n’y a pas de fonc­tion­nement ni de régu­lar­ité. Pas exacte­ment d’im­pro­vi­sa­tion non plus, mais plutôt un suite de pro­jets. Le rythme, si on peut encore le dire ain­si, est très lent : en moyenne un numéro par an. Mais on réus­sira peut-être à accélér­er le proces­sus. La dif­fu­sion se fait prin­ci­pale­ment par abon­nement actuelle­ment, mais ça chang­era peut-être aus­si. Il n’y a pas d’ap­pel à texte pour le moment. Nous sol­lici­tons les auteurs avec lesquels on veut travailler.

Jusqu’à présent, il y a eu trois numéros, cha­cun de for­mat et de nature dif­férentes. J’aimerais beau­coup que ça con­tin­ue ain­si, c’est en tout cas l’idée de départ. Le numéro deux est con­sti­tué de deux affich­es par exem­ple. Mais le numéro trois reprend cette idée : il peut se lire comme un cahi­er, mais aus­si comme trois affichettes indépen­dantes (d’où le sys­tème un peu com­pliqué des pliages). La dimen­sion matérielle est donc très impor­tante, on essaie à chaque fois de réfléchir à la créa­tion d’un objet, mais d’un objet pau­vre mal­gré tout, et en par­tie arti­sanal.  Je ne sais pas si on peut par­ler de typographe, bien que le terme soit très flat­teur, mais c’est moi qui ai fait la mise en page de ce numéro. Les numéros deux et trois ont été imprimés en riso­gra­phie.  C’ est une tech­nique de repro­duc­tion qui utilise des pochoirs, comme la séri­gra­phie, mais per­met plus facile­ment que cette dernière d’im­primer en plus grande quan­tité. On peut ensuite jouer sur dif­férentes opac­ités pour créer un effet de trame, ain­si que super­pos­er les couleurs (l’im­pres­sion étant mono­chrome : il faut un pas­sage dif­férent pour chaque couleur). Cela dit je n’y con­nais pas grand chose, je fais faire les tirages par un imprimeur.

Je crois moi aus­si que cette notion d’ob­jet pau­vre a un sens !

Nous sommes deux à porter ce pro­jet, Christophe Daud­er et moi-même. Christophe tra­vaille prin­ci­pale­ment dans le domaine du ciné­ma, surtout doc­u­men­taire. Quant à moi, on peut m’é­couter plus que me lire, mais ça n’a (pour le moment ?) pas de lien avec la revue. J’ai encore du mal à décloi­son­ner et rassem­bler mes dif­férentes activ­ités, même si je pense que les revues, de manière générales, peu­vent juste­ment être un dis­posi­tif le per­me­t­tant. C’est par­ti­c­ulière­ment vis­i­ble pour les revues en ligne il me sem­ble. En un sens, on pour­rait tout à fait ren­vers­er le rap­port ini­tial et voir dans les revues papi­er des “objets pau­vres” par rap­port aux revues numériques !

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Notes : 

1 — (Der­viche tourneur, numéro 3, 2018, revuedervichetourneur.wordpress.com — On peut s’abon­ner ou acheter à l’u­nité les numéros sur le site de la revue (https://revuedervichetourneur.wordpress.com/

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Marilyne Bertoncini

Biogra­phie Enseignante, poète et tra­duc­trice (français, ital­ien), codi­rec­trice de la revue numérique Recours au Poème, à laque­lle elle par­ticipe depuis 2012, mem­bre du comité de rédac­tion de la revue Phoenix, col­lab­o­ra­trice des revues Poésie/Première et la revue ital­i­enne Le Ortiche, où elle tient une rubrique, “Musarder“, con­sacrée aux femmes invis­i­bil­isées de la lit­téra­ture, elle, ani­me à Nice des ren­con­tres lit­téraires men­su­elles con­sacrées à la poésie, Les Jeud­is des mots dont elle tient le site jeudidesmots.com. Tit­u­laire d’un doc­tor­at sur l’oeu­vre de Jean Giono, autrice d’une thèse, La Ruse d’I­sis, de la Femme dans l’oeu­vre de Jean Giono, a été mem­bre du comité de rédac­tion de la revue lit­téraire RSH “Revue des Sci­ences Humaines”, Uni­ver­sité de Lille III, et pub­lié de nom­breux essais et arti­cles dans divers­es revues uni­ver­si­taires et lit­téraires français­es et inter­na­tionales : Amer­i­can Book Review, (New-York), Lit­téra­tures (Uni­ver­sité de Toulouse), Bul­letin Jean Giono, Recherch­es, Cahiers Péd­a­gogiques… mais aus­si Europe, Arpa, La Cause Lit­téraire… Un temps vice-prési­dente de l’association I Fioret­ti, chargée de la pro­mo­tion des man­i­fes­ta­tions cul­turelles de la Rési­dence d’écrivains du Monastère de Saorge, (Alpes-Mar­itimes), a mon­té des spec­ta­cles poé­tiques avec la classe de jazz du con­ser­va­toire et la mairie de Men­ton dans le cadre du Print­emps des Poètes, invité dans ses class­es de nom­breux auteurs et édi­teurs (Bar­ry Wal­len­stein, Michael Glück…), organ­isé des ate­liers de cal­ligra­phie et d’écriture (travaux pub­liés dans Poet­ry in Per­for­mance NYC Uni­ver­si­ty) , Ses poèmes (dont cer­tains ont été traduits et pub­liés dans une dizaine de langues) en recueils ou dans des antholo­gies se trou­vent aus­si en ligne et dans divers­es revues, et elle a elle-même traduit et présen­té des auteurs du monde entier. Par­al­lèle­ment à l’écri­t­ure, elle s’in­téresse à la pho­togra­phie, et col­la­bore avec des artistes, plas­ti­ciens et musi­ciens. Site : Minotaur/A, http://minotaura.unblog.fr * pub­li­ca­tions récentes : Son Corps d’om­bre, avec des col­lages de Ghis­laine Lejard, éd. Zin­zo­line, mai 2021 La Noyée d’On­a­gawa, éd. Jacques André, févri­er 2020 (1er prix Quai en poésie, 2021) Sable, pho­tos et gravures de Wan­da Mihuleac, éd. Bilingue français-alle­mand par Eva-Maria Berg, éd. Tran­signum, mars 2019 (NISIP, édi­tion bilingue français-roumain, tra­duc­tion de Sonia Elvire­anu, éd. Ars Lon­ga, 2019) Memo­ria viva delle pieghe, ed. bilingue, trad. de l’autrice, ed. PVST. Mars 2019 (pre­mio A.S.A.S 2021 — asso­ci­azione sicil­iana arte e scien­za) Mémoire vive des replis, texte et pho­tos de l’auteure, éd. Pourquoi viens-tu si tard – novem­bre 2018 L’Anneau de Chill­i­da, Ate­lier du Grand Tétras, mars 2018 (man­u­scrit lau­réat du Prix Lit­téraire Naji Naa­man 2017) Le Silence tinte comme l’angélus d’un vil­lage englouti, éd. Imprévues, mars 2017 La Dernière Oeu­vre de Phidias, suivi de L’In­ven­tion de l’ab­sence, Jacques André édi­teur, mars 2017. Aeonde, éd. La Porte, mars 2017 La dernière œuvre de Phidias – 453ème Encres vives, avril 2016 Labyrinthe des Nuits, suite poé­tique – Recours au Poème édi­teurs, mars 2015 Ouvrages col­lec­tifs — Antolo­gia Par­ma, Omag­gio in ver­si, Bertoni ed. 2021 — Mains, avec Chris­tine Durif-Bruck­ert, Daniel Rég­nier-Roux et les pho­tos de Pas­cal Durif, éd. du Petit Véhicule, juin 2021 — “Re-Cer­vo”, in Trans­es, ouvrage col­lec­tif sous la direc­tion de Chris­tine Durif-Bruck­ert, éd. Clas­siques Gar­nier, 2021 -Je dis désirS, textes rassem­blés par Mar­i­lyne Bertonci­ni et Franck Berthoux, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? Mars 2021 — Voix de femmes, éd. Pli­may, 2020 — Le Courage des vivants, antholo­gie, Jacques André édi­teur, mars 2020 — Sidér­er le silence, antholo­gie sur l’exil – édi­tions Hen­ry, 5 novem­bre 2018 — L’Esprit des arbres, édi­tions « Pourquoi viens-tu si tard » — à paraître, novem­bre 2018 — L’eau entre nos doigts, Antholo­gie sur l’eau, édi­tions Hen­ry, mai 2018 — Trans-Tzara-Dada – L’Homme Approx­i­matif , 2016 — Antholo­gie du haiku en France, sous la direc­tion de Jean Antoni­ni, édi­tions Aleas, Lyon, 2003 Tra­duc­tions de recueils de poésie — Aujour­d’hui j’embrasse un arbre, de Gio­van­na Iorio, éd. Imprévues, juil­let 2021 — Soleil hési­tant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André , avril 2021 — Un Instant d’é­ter­nité, Nel­lo Spazio d’un istante, Anne-Marie Zuc­chel­li (tra­duc­tion en ital­ien) éd ; PVST, octo­bre 2020 — Labir­in­to delle Not­ti (ined­i­to — nom­iné au Con­cor­so Nazionale Luciano Ser­ra, Ital­ie, sep­tem­bre 2019) — Tony’s blues, de Bar­ry Wal­len­stein, avec des gravures d’Hélène Baut­tista, éd. Pourquoi viens-tu si tard ?, mars 2020 — Instan­ta­nés, d‘Eva-Maria Berg, traduit avec l’auteure, édi­tions Imprévues, 2018 — Ennu­age-moi, a bilin­gual col­lec­tion , de Car­ol Jenk­ins, tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertonci­ni, Riv­er road Poet­ry Series, 2016 — Ear­ly in the Morn­ing, Tôt le matin, de Peter Boyle, Mar­i­lyne Bertonci­ni & alii. Recours au Poème édi­tions, 2015 — Livre des sept vies, Ming Di, Recours au Poème édi­tions, 2015 — His­toire de Famille, Ming Di, édi­tions Tran­signum, avec des illus­tra­tions de Wan­da Mihuleac, juin 2015 — Rain­bow Snake, Ser­pent Arc-en-ciel, de Mar­tin Har­ri­son Recours au Poème édi­tions, 2015 — Secan­je Svile, Mémoire de Soie, de Tan­ja Kragu­je­vic, édi­tion trilingue, Beograd 2015 — Tony’s Blues de Bar­ry Wal­len­stein, Recours au Poème édi­tions, 2014 Livres d’artistes (extraits) La Petite Rose de rien, avec les pein­tures d’Isol­de Wavrin, « Bande d’artiste », Ger­main Roesch ed. Aeonde, livre unique de Mari­no Ros­set­ti, 2018 Æncre de Chine, in col­lec­tion Livres Ardois­es de Wan­da Mihuleac, 2016 Pen­sées d’Eury­dice, avec les dessins de Pierre Rosin : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-pierre-rosin/ Île, livre pau­vre avec un col­lage de Ghis­laine Lejard (2016) Pae­sine, poème , sur un col­lage de Ghis­laine Lejard (2016) Villes en chantier, Livre unique par Anne Poupard (2015) A Fleur d’é­tang, livre-objet avec Brigitte Marcer­ou (2015) Genèse du lan­gage, livre unique, avec Brigitte Marcer­ou (2015) Dae­mon Fail­ure deliv­ery, Livre d’artiste, avec les burins de Dominique Crog­nier, artiste graveuse d’Amiens – 2013. Col­lab­o­ra­tions artis­tiques visuelles ou sonores (extraits) — Damna­tion Memo­ri­ae, la Damna­tion de l’ou­bli, lec­ture-per­for­mance mise en musique par Damien Char­ron, présen­tée pour la pre­mière fois le 6 mars 2020 avec le sax­o­phon­iste David di Bet­ta, à l’am­bas­sade de Roumanie, à Paris. — Sable, per­for­mance, avec Wan­da Mihuleac, 2019 Galerie Racine, Paris et galerie Depar­dieu, Nice. — L’En­vers de la Riv­iera mis en musique par le com­pos­i­teur Man­soor Mani Hos­sei­ni, pour FESTRAD, fes­ti­val Fran­co-anglais de poésie juin 2016 : « The Far Side of the Riv­er » — Per­for­mance chan­tée et dan­sée Sodade au print­emps des poètes Vil­la 111 à Ivry : sur un poème de Mar­i­lyne Bertonci­ni, « L’homme approx­i­matif », décor voile peint et dess­iné, 6 x3 m par Emi­ly Wal­ck­er : L’Envers de la Riv­iera mis en image par la vidéaste Clé­mence Pogu – Festrad juin 2016 sous le titre « Proche Ban­lieue» Là où trem­blent encore des ombres d’un vert ten­dre – Toile sonore de Sophie Bras­sard : http://www.toilesonore.com/#!marilyne-bertoncini/uknyf La Rouille du temps, poèmes et tableaux tex­tiles de Bérénice Mollet(2015) – en par­tie pub­liés sur la revue Ce qui reste : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-berenice-mollet/ Pré­faces Appel du large par Rome Deguer­gue, chez Alcy­one – 2016 Erra­tiques, d’ Angèle Casano­va, éd. Pourquoi viens-tu si tard, sep­tem­bre 2018 L’esprit des arbres, antholo­gie, éd. Pourquoi viens-tu si tard, novem­bre 2018 Chant de plein ciel, antholo­gie de poésie québé­coise, PVST et Recours au Poème, 2019 Une brèche dans l’eau, d’E­va-Maria Berg, éd. PVST, 2020 Soleil hési­tant, de Gili Haimovich, ed Jacques André, 2021 Un Souf­fle de vie, de Clau­dine Ross, ed. Pro­lé­gomènes, 2021